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Procès des attentats de Paris JOUR 2: "Ils sont en prison et n'ont rien fait", Salah Abdeslam fait un nouvel esclandre

Procès des attentats de Paris JOUR 2: "Ils sont en prison et n'ont rien fait", Salah Abdeslam fait un nouvel esclandre
© Image Belga
 
Procès des attentats de Paris
 

Le comportement du principal accusé, très vindicatif mercredi, était suivi avec attention ce jeudi devant la cour d'assises spéciale de Paris, dans le cadre de la deuxième journée du procès des attentats du 13-Novembre. Il parle, mais désormais un peu trop.

Salah Abdeslam, seul membre encore en vie des commandos ayant frappé la France le 13 novembre 2015, a de nouveau intempestivement pris la parole pour dédouaner trois de ses coaccusés, au début du deuxième jour du procès à Paris de ces attentats. "Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout" au sujet des attentats du 13-Novembre, a clamé Salah Abdeslam. "Ils sont en prison et n'ont rien fait", a-t-il ajouté, avant que son micro ne soit coupé par le président de la cour d'assises spéciale, qui a ensuite suspendu l'audience.

ANALYSE - Selon notre journaliste sur place Dominique Demoulin, Salah Abdeslam veut innocenter ses amis de Molenbeek : Mohammed Amri, Hamza Attou et Ali Oulkadi, qui l’ont ramené à Bruxelles le 14 novembre. "À Molenbeek, il y a beaucoup de générosité", dit-il. "Ils m’ont rendu service alors qu’ils n’étaient au courant de rien." En réalité, , Attou et Oulkadi sont libres. C’est comme ça qu’ils comparaissent au procès. Amri est toujours détenu mais en plus de ramener Salah Abdeslam la nuit des attentats, il a aussi accompagné Salah ou Brahim Abdeslam a plusieurs reprises pour louer des voitures qui ont servi aux attentats ou à ramener en Belgique des terroristes de retour de Syrie.

Que s'est-il passé aujourd'hui ?

Déjà très vindicatif la veille, le seul survivant des commandos qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés à Paris et Saint-Denis en 2015, s'est également invité dans les débats qui venaient à peine de reprendre sur la recevabilité de certaines parties civiles. "Est-ce que les victimes qu'il y a eu en Syrie et en Irak, est-ce qu'elles pourront prendre la parole ?", a vitupéré Salah Abdeslam, cheveux sombres coiffés en arrière, vêtu d'un pull blanc rayé de couleurs.

"On sort du débat, M. Abdeslam", l'a coupé une première fois le président de la cour, Jean-Louis Périès.

"Ne soyez pas égoïste, Monsieur", a rétorqué l'accusé de 31 ans. "Il y a d'autres personnes ici qui veulent m'écouter", a ajouté Salah Abdeslam, en dédouanant ensuite trois de ses coaccusés, Mohammed Amri, Hamza Attou et Ali Oulkadi.

"Ils m'ont rendu des services alors qu'ils ne savaient rien du tout" de son éventuelle responsabilité dans les attentats, a-t-il clamé. "Ils n'ont rien fait", a-t-il martelé avant que son micro ne soit coupé.

"Choquant"

"Vous avez eu cinq ans pour vous expliquer, vous n'avez pas souhaité faire de déclarations comme c'est votre droit. J'ai compris maintenant que vous vouliez le faire, et c'est très bien, mais ce n'est pas le moment", s'est agacé le président avant de suspendre l'audience.

"Pourquoi voulez-vous qu'il (Abdeslam) se prive de cette tribune ? C'est un combattant de Daech. Mais ça heurte les victimes, c'est choquant l'impact de ces propos sur les victimes", a réagi en marge de l'audience Samia Maktouf, avocate de 40 parties civiles.

La cour a ensuite repris l'appel des personnes souhaitant se constituer parties civiles, et qui ne l'avaient pas fait jusque là, examinant leur validité. Elles pourraient s'ajouter aux près de 1.800 parties civiles déjà enregistrées dans ce dossier titanesque.

La première journée du procès, qui doit durer neuf mois, a déjà été marquée par les vitupérations de Salah Abdeslam. Dans sa première prise de parole mercredi, il a affirmé avoir "délaissé toute profession pour devenir un combattant de l'Etat islamique".

Le Franco-Marocain, qui s'est montré plutôt mutique depuis son arrestation en Belgique en mars 2016, n'a pas hésité à prendre la parole... même quand il n'y était pas invité, donnant lieu à des échanges tendus avec la cour.

Profitant ainsi du bref malaise d'un de ses coaccusés, Salah Abdeslam s'est lancé dans une vindicte à l'encontre de la justice française et a critiqué ses conditions de détention.

"Ici c'est très beau, il y a des écrans plats, de la clim mais là-bas (en prison) on est maltraités", a éructé Abdeslam, accusé de complicité de crimes terroristes et qui encourt la perpétuité.

"Ça fait six ans que je suis traité comme un chien. Je ne me suis jamais plaint parce que je sais qu'après on sera ressuscité et que vous devrez rendre des comptes", a ajouté l'accusé, incarcéré depuis plus de cinq ans à l'isolement total et suivi par vidéosurveillance 24h/24.

"Dignité"

Imperturbable, le président de la cour lui a rétorqué que ce lieu de justice n'était pas "un tribunal ecclésiastique" mais "un tribunal démocratique".

Le procès du 13-Novembre, prévu pour s'achever fin mai 2022, est la plus grande audience criminelle jamais organisée en France.

Les témoignages de rescapés et proches des victimes sont attendus le 28 septembre, pour cinq semaines.

Avant d'ouvrir les débats mercredi, de façon inhabituelle, le président de la cour a solennellement tenu à rappeler les règles d'un procès pénal, et notamment "le respect des droits de chacun, à commencer par les droits de la défense", invitant l'ensemble des parties à "garder à l'esprit cette finalité (...) de façon à maintenir la justice dans sa dignité".

Le vendredi 13 novembre 2015, la nuit de terreur avait débuté après 21h00: trois kamikazes se font exploser autour du Stade de France, pendant une rencontre amicale de football entre la France et l'Allemagne.

Au coeur de Paris, deux commandos de trois hommes mitraillent à l'arme de guerre des terrasses de cafés et de restaurants et tirent sur la foule d'un concert au Bataclan, où l'assaut sera donné peu après minuit.

Six ans après cette nuit de cauchemar, onze accusés sont dans le box et trois comparaissent libres sous contrôle judiciaire.

Six autres accusés sont jugés en leur absence dont le donneur d'ordres et vétéran du jihad Oussama Atar, et les "voix" françaises de la revendication de l'EI, les frères Fabien et Jean-Michel Clain, tous trois présumés morts en Syrie.


 

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