Des "kamikazes" au Stade de France, des terrasses de bars et la salle du Bataclan mitraillées: six ans après les attentats jihadistes du 13-Novembre, la justice replonge à partir du 8 septembre et pour près de neuf mois dans l'horreur de ces crimes de masse.
Le soir du 13 novembre 2015, Claude Fontaine est dans son bureau. Celui qui occupe le poste de directeur judiciaire de la police fédérale lit ses derniers mails. C'est par la presse qu'il apprend ce qui se passe en plein Paris. "C'est de l'effroi car on sait que des personnes innocentes vont perdre la vie. On est touchés. Mais on n'est pas surpris à 100%. On travaille tous les jours dans la matière à ce moment-là", confie-t-il.
Les autorités redoutent des répercussions en Belgique. Une réunion du centre de crise est convoquée. Autour de table, les mines sont graves. "On est tous marqués par l'émotion. On sait que des personnes innocentes qui se livrent à des activités banales (aller à un concert, aller voir une manifestation sportive, prendre un verre à une terrasse) n'existent plus. Elles n'existent plus qu'à l'état de victime", souffle l'ex directeur.
Un regret mais aussi une détermination
Au-delà de l'émotion, Claude Fontaine sait qu'il faut agir vite. "C'est la guerre. L'Etat islamique nous prouve, une nouvelle fois, qu'ils sont en temps de guerre. Ce n'est pas la notion de l'Etat de guerre mais le temps de guerre, des faits de guerre. On doit être sur la brèche dans le cadre de nos responsabilités. C'est tout à fait essentiel", explique-t-il.
Les enquêteurs de l'antiterrorisme sont également mobilisés et déterminés. "Ce qui m'a marqué visuellement, c'est l'effroi de mes collègues enquêteurs. J'ai vu des gens qui avaient dans le regard le regret mais aussi une détermination, en disant 'Chef, on a déjà la seconde (vitesse ndlr). On va passer la 3e, la 4e et la 5e si il faut. Mais on va faire le travail qu'il faut faire pour aider les Français", se rappelle Claude Fontaine.
Je n'ai jamais eu à rougir
Rapidement, une voiture louée en Belgique par Salah Abdeslam est retrouvée. Il est connu de la police. L'implication d'auteurs venus de notre territoire ne fait plus de doutes. "On sait que ce sera difficile et que ça va durer", concède-t-il.
Dans les jours qui suivront, la police belge sera très critiquée. Claude Fontaine, lui, fera front. "Je n'ai jamais eu à rougir de ce que les enquêteurs ont fait. Je leur ai toujours dit 'Soyons fiers de ce que nous faisons et de la manière dont nous le faisons. On a un regret, c'est certain. Si on avait pu empêcher ça...", souligne le directeur.
Aujourd'hui, l'ancien directeur judiciaire et ses hommes attendent beaucoup du procès. "Peu importe la sanction. Ce qui nous importe, c'est d'avoir permis la vérité judiciaire, d'avoir contribué à son avènement", assure-t-il. Plusieurs enquêteurs belges iront témoigner devant la Cour d'assises.
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