"Clients pénalisés, putes assassinées", "le travail sexuel est un travail": plusieurs dizaines de prostitués, hommes et femmes, se sont rassemblés vendredi soir à Paris près de la Tour Eiffel pour défendre leurs droits et s'opposer à la pénalisation de leurs clients.
A l'appel du Syndicat du travail sexuel (Strass) et de l'association de prostituées chinoises "Les Roses d'acier", les manifestants sont venus rappeler leur opposition à la proposition de loi qui sera examinée le 12 juin en seconde lecture à l'Assemblée, et devrait valider le principe de sanctionner par une contravention les personnes ayant recours à une prostituée.
Le rassemblement était aussi l'occasion de rappeler le combat menée il y a 40 ans par des prostituées lyonnaises pour défendre leurs droits, a expliqué Thierry Schaffauser, porte-parole du Strass.
Le 2 juin 1975, une centaine de prostituées, emmenées par Ulla et Barbara, avaient occupé l'église Saint-Nizier à Lyon pendant une semaine pour protester contre la répression policière. Cet événement au fort retentissement médiatique avait marqué un tournant dans l'organisation "des travailleuses du sexe".
Quarante ans après, la situation ne s'est pas améliorée, et la pénalisation va encore aggraver la situation, en poussant les travailleurs du sexe vers plus de précarité, a estimé Thierry Schaffauser.
Certaines prostituées étaient venues de pays européens (Suède, Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord, Norvège, Pays-Bas), à l'appel d'un réseau européen de travailleurs du sexe, pour évoquer les difficultés rencontrées dans leur propre pays, aux législations différentes.
En Suède, où la pénalisation des clients est appliquée depuis 1999, les prostituées sont encore plus stigmatisées, a ainsi expliqué Pye Jakobsson, une prostituée suédoise.
A Paris, les prostituées chinoises sont particulièrement vulnérables parce qu'elles ne maîtrisent pas la langue, sont souvent sans papier et victimes de "harcèlement policier", qui les empêche de porter plainte si elles se font agresser par un client, a raconté Aying, présidente des Roses d'acier, cachée derrière un masque en forme de papillon.
Une proposition de loi vise à abroger le délit de racolage instauré par Nicolas Sarkozy en 2003 et d'instaurer en contrepartie la pénalisation des clients. Lors de son passage fin mars au Sénat (majoritairement à droite), les parlementaires ont supprimé la pénalisation du client pour rétablir le délit de racolage.
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