Le Medef a décroché vendredi un "accord de principe" de la part de trois syndicats pour son projet visant à renflouer les caisses des retraites complémentaires, qui va inciter les salariés à travailler plus longtemps.
"L'échec était annoncé, cela n'est pas le cas", s'est réjoui le négociateur de la CFE-CGC, Serge Lavagna, à l'issue de la journée de négociation entre le patronat (Medef, CGPME, UPA) et les syndicats (CGT, CFDT, CFTC, FO, CFE-CGC) pour trouver un moyen de renflouer les caisses déficitaires de l'Agirc (cadres) et de l'Arrco (tous les salariés du privé).
Il y a "un accord de principe" entre le Medef et la CFE-CGC, la CFDT et la CFTC, a-t-il ajouté. Une réunion "conclusive" est prévue le 30 octobre pour sa finalisation, a précisé Serge Lavagna.
"Accord historique", selon le négociateur du patronat, Claude Tendil, car "pour la première fois, les organisations patronales et salariales admettent que le comportement est un élément qui peut modifier l'équilibre des régimes".
CFDT et CFE-CGC ont "salué un abattement contributif et pas obligatoire" qui ne concernera pas les 33% de retraités les plus modestes exonérés de CSG.
De leur côté, FO et la CGT ont refusé de signer le texte. Qualifiant le projet du Medef d'"inacceptable", le numéro un de la CGT Philippe Martinez a estimé sur BFMTV qu'"une nouvelle fois", les salariés et les retraités "vont devoir payer".
Le patronat est arrivé avec de nouvelles propositions vendredi matin qu'il a ajustées dans l'après-midi.
Le texte prévoit un système de bonus-malus pour les départs à la retraite ne dépendant plus uniquement de l'âge mais aussi de la durée de cotisation.
Objectif: inciter les salariés, à partir de 2019, à travailler une année de plus, une fois qu'ils ont rempli les conditions nécessaires pour partir avec une retraite à taux plein (âge légal de 62 ans et durée de cotisation de 41,5 ans).
Ainsi, un salarié remplissant ces deux conditions qui déciderait de prendre sa retraite à 62 ans verrait sa retraite complémentaire amputée de 10% la première année, 10% la seconde et 10% la troisième, avant de récupérer une retraite à taux plein à 65 ans.
Le troisième abattement applicable à partir de 2021, pourrait être revu en "fonction des comportements", ont précisé les signataires. La précédente mouture proposait 15, 12 et 10%.
En revanche, si le salarié travaille jusqu'à 63 ans (soit 4 trimestres de plus) ce malus serait annulé.
Autre cas de figure, une personne disposant de ses annuités à 64 ans devrait attendre 65 ans pour partir à la retraite sans subir de décote.
Des bonifications de 10, 20 et 30% seraient au contraire appliquées pendant un an pour les salariés restant en activité deux, trois ou quatre ans de plus.
Une baisse de 10% de la pension du régime complémentaire pour un salarié gagnant 1.800 euros et dont la retraite tout régime confondu atteint 1.300 euros, dont 500 euros de complémentaire, aurait "un effort de 50 euros par mois à fournir pendant au minimum deux ans", a détaillé Jean-Louis Malys (CFDT).
Le patronat a accepté aussi l'idée d'une hausse d'un des deux taux de cotisation.
- 'Pressions politiques' -
"Sur un plan d'économies qui nous est présenté de 6 milliards d'euros, le patronat fait un effort de 600 millions" (700 selon le patronat), a déploré de son côté Philippe Pihet (FO). Les efforts sont supportés à "90% par les salariés et à 10% par les entreprises".
"Le projet d'accord acte de fait le report de l'âge de retraite et l'abaissement du niveau des retraites complémentaires", a déploré Eric Aubin (CGT) opposé à tout abattement.
Le représentant de la CGT a dénoncé en outre des "pressions politiques". Une autre source syndicale a confirmé à l'AFP que le Premier ministre Manuel Valls a pris contact avec la CFDT et de la CFTC.
Dans un communiqué, ce dernier s'est "réjoui" de l'accord", précisant que "le gouvernement accompagnera" sa mise en œuvre.
L'Agirc et l'Arrco ont vu leurs déficits cumulés se creuser à plus de 3 milliards d'euros en 2014.
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