Un policier tué de plusieurs coups de couteau, sa compagne retrouvée morte: Larossi Abballa, un homme de 25 ans se réclamant du groupe Etat islamique et déjà condamné pour participation à une filière djihadiste, a frappé lundi soir dans une commune près de Paris, en plein Euro de football et sept mois après les attentats de novembre.
L'assaillant a tué le policier de 42 ans habillé en civil, devant chez lui, avant de se retrancher au domicile de sa victime à Magnanville (Yvelines, près de Paris) et d'être abattu lors d'un assaut du Raid. Dans la maison, les policiers ont découvert le corps inanimé de sa compagne de 36 ans, présentant "une plaie au cou", et retrouvé le fils du couple, âgé de trois ans, "choqué et indemne".
L'EI revendique l'attaque
A peine quelques heures après, l'agence Amaq liée au groupe jihadiste a affirmé qu'un "combattant de l'Etat islamique" (EI) avait tué le couple près de Paris, selon le centre américain de surveillance de sites djihadistes SITE. Selon des sources policières, l'homme "s'est revendiqué du groupe djihadiste" durant les négociations avec le Raid. Des témoins ont rapporté aux enquêteurs qu'il aurait crié "Allah akbar" en attaquant le policier.
Le parquet antiterroriste s'est saisi de l'enquête.
Récit de la prise d'otage
Vers 21H00, Larossi Abballa a attaqué le commandant de police de 42 ans, en poste aux Mureaux, dans un quartier pavillonnaire de Magnanville, dans les Yvelines (ouest de Paris). Peu après, tous les habitants du quartier autour de la maison ont été évacués, avant qu'un dispositif policier conséquent n'empêche toutes les allées et venues, a constaté un journaliste de l'AFP. Puis les policiers de l'unité d'élite du Raid "sont rapidement arrivés sur les lieux. Des négociations étaient entamées et un plan d'assaut a été mis au point", a expliqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur Pierre-Henry Brandet. Après l'assaut du Raid, un hélicoptère de la sécurité civile s'est posé à quelques centaines de mètres, alors que plusieurs camions de pompiers et du Samu sortaient du périmètre de sécurité. "Les négociations ne pouvant aboutir, il a été décidé de donner l'assaut", a ajouté le porte-parole. De fortes détonations ont retenti vers minuit dans ce quartier résidentiel.
"En y entrant les forces de l'ordre qui agissaient avec l'autorisation de légitime défense d'autrui ont trouvé le corps d'une femme" et "l'assaillant a été abattu", a rapporté le procureur de Versailles. Cette femme, la compagne du commandant tué, était secrétaire administrative au commissariat de Mantes-la-Jolie, a-t-on appris de source policière. Puis les policiers du Raid ont "sauvé" un petit garçon de trois ans "choqué mais indemne", qui a été pris en charge par les équipes médicales, selon le procureur.
Condamné à 3 ans en prison en 2013
Larossi Abballa a été condamné en 2013 pour participation à une filière djihadiste entre la France et le Pakistan, a-t-on appris mardi de sources concordantes.
Jugé avec sept autres prévenus, il avait été condamné à trois ans de prison, dont six mois avec sursis, pour "association de malfaiteurs en vue de préparer des actes terroristes", selon une source proche du dossier. Il était originaire de Mantes-la-Jolie, là où travaillait la compagne du policier, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Paris.
La France, cible n°1 des islamistes
Ce drame intervient moins de deux jours après la tuerie d'Orlando (Etats-Unis) qui a fait 49 morts et 53 blessés dans un club gay, un acte perpétré par un Américain d'origine afghane qui s'est réclamé de l'EI. C'est aussi l'agence Amaq qui avait attribué le massacre d'Orlando à "un combattant de l'EI".
Depuis les attentats parisiens du 13 novembre, qui ont fait 130 morts, la France vit plus que jamais sous menace terroriste. C'est dans ce lourd climat, et avec un dispositif de sécurité massif, que la France accueille depuis le 10 juin l'Euro de football.
"La France est aujourd'hui, clairement, le pays le plus menacé", avait estimé en mai le patron du renseignement intérieur, Patrick Calvar. Le 24 novembre 2015, le service de presse de l'Etat islamique dans la province d'Al-Raqqa avait diffusé une vidéo, dans laquelle des combattants francophones de l'EI menaçaient les Français de nouvelles attaques contre leurs "maisons".
Vos commentaires