Un homme a foncé vendredi au volant de sa voiture sur quatre soldats en faction devant la grande mosquée de Valence, provoquant une riposte des militaires qui ont blessé le chauffeur, dont les motivations restaient mystérieuses, sur fond de crainte de nouveaux attentats.
L'homme, inconnu des responsables de la mosquée, a dirigé délibérément à deux reprises sa Peugeot 307 sur les militaires de l'opération Sentinelle, qui ont fait usage de leurs armes après sommations.
Le chauffeur a été touché à un bras et à une jambe. "Les militaires ont riposté par des tirs de défense, blessant grièvement le conducteur du véhicule, sans que son pronostic vital ne soit à l’heure actuelle engagé", ont indiqué dans un communiqué commun les ministres de la Défense Jean-Yves Le Drian et de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
Le conducteur a agi seul. "On a vu cette personne, elle est d'origine maghrébine", a dit à l'AFP l'un des imams de la mosquée, Abdallah Dliouah.
Selon les tout premiers éléments de l'enquête rapportés par une source proche, il s'agirait d'un homme de 29 ans, originaire de Bron (banlieue lyonnaise) et inconnu des services de police. Son véhicule, un break rouge, était immatriculé en Savoie.
Selon M. Dliouah, l'agression a eu lieu vers 14H30 sur le parking de la mosquée.
Un des militaires a été touché par le véhicule à un genou et à un tibia. Un fidèle âgé a aussi été légèrement blessé à une jambe par une balle perdue et a été secouru par l’un des soldats.
- Sang-froid des militaires -
La mosquée a accueilli au total quelque 3.000 fidèles. L'incident est intervenu entre deux offices en ce jour de prière pour les musulmans.
Selon le maire de Valence, Nicolas Daragon (Les Républicains), les militaires ont réagi avec un sang-froid "remarquable".
Quand le véhicule a foncé une première fois sur eux, les soldats ont fait les sommations d'usage, avant de faire feu alors que le conducteur repartait de l'avant.
Le fidèle touché a été "hospitalisé et opéré", a déclaré à l'AFP M. Daragon. Le militaire blessé a été "conduit à l’hôpital", ont indiqué MM. Le Drian et Cazeneuve.
En début de soirée, les forces de l'ordre s'apprêtaient à enlever la Peugeot endommagée, jusqu'alors toujours visible devant le parking de la mosquée, à moitié enfoncée dans un fossé. Elle portait de nombreux impacts de balles. Le pare-brise et les vitres latérales, du côté passager comme du côté conducteur, étaient brisées.
- L'antiterrorisme pas saisi -
Selon la préfecture, la grande mosquée de Valence - la seule de la ville - est un lieu très calme, "où le culte se passe de manière apaisée". "C'est une mosquée modérée et calme", a confirmé M. Daragon.
C'est un vaste édifice, peut-être le plus grand de ce type dans la région Rhône-Alpes, situé dans un quartier périphérique de la ville, classé en zone de sécurité prioritaire (ZSP). Mais Valence ne connaît pas de problème majeur d'intégrisme et l'environnement immédiat de la mosquée est très calme, selon M. Daragon.
"La mosquée n'avait jamais reçu de menaces", a assuré M. Dliouah.
Vendredi soir, les motivations du conducteur restaient à déterminer, mais son interrogatoire devrait permettre d'en savoir un peu plus sur les raisons de son geste.
Selon une source proche de l'enquête, un témoin dit l'avoir entendu tenir des propos menaçants à l'encontre des militaires visés, ce que ces derniers ne confirment pas.
À ce stade de l'enquête, le parquet antiterroriste n'avait pas prévu de se saisir de l'affaire qui reste donc du ressort du parquet local.
"Il appartiendra à l’enquête d’établir les motivations précises de l’auteur", ont souligné MM. Le Drian et Cazeneuve, qui ont apporté "leur entier soutien aux militaires visés". Le Premier ministre Manuel Valls a également évoqué vendredi son "soutien aux militaires attaqués".
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a lui aussi condamné "avec la plus grande fermeté cette agression lâche" et réitéré "son appel à la sérénité et à la vigilance".
Le 3 février 2015, à Nice, trois militaires en faction devant un centre communautaire juif avaient été agressés au couteau.
Près de 10.000 militaires sont déployés en France dans le cadre de l'opération Sentinelle de sécurisation des lieux sensibles mise en place après les attentats parisiens de janvier 2015.
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