Les quatre policiers mis en cause pour le tabassage de Michel Zecler à Paris ont été mis en examen dans la nuit de dimanche à lundi et deux d'entre eux ont été écroués, a appris l'AFP de source judiciaire.
Parmi ces quatre policiers mis en examen par un juge d'instruction, trois l'ont été pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique (PDAP)" et "faux en écriture publique", conformément aux réquisitions du parquet de Paris annoncées par le procureur de la République Rémy Heitz dimanche après-midi. Ce sont les trois policiers au coeur de la vidéo de Loopsider dévoilée jeudi qui a fait scandale et a conduit le chef de l'Etat Emmanuel Macron à dénoncer une "honte". Le policier soupçonné d'avoir jeté la grenade lacrymogène dans le studio de musique du 17e arrondissement où s'est produite l'agression a lui été mis en examen principalement pour des "violences volontaires" par PDAP sur Michel Zecler et sur les neuf jeunes qui se trouvaient dans le sous-sol du studio.
Le parquet avait requis la détention provisoire pour les trois premiers et un contrôle judiciaire pour le quatrième, mais le juge des libertés et de la détention en a écroué deux, le brigadier et le gardien de la paix, et laissé deux autres sous contrôle judiciaire. Les avocats du groupe des trois, Me Anne-Laure Compoint qui en défend deux et Me Jean-Christophe Ramadier qui en défend un, n'ont pas souhaité commenté ces mises en cause à l'issue de l'audience du juge des libertés et de la détention, vers 04H30 du matin.
Les policiers contestent toute dimension raciste
La diffusion jeudi par le site Loopsider de la vidéo de Michel Zecler a créé le scandale. On y voit le producteur de musique tabassé pendant plusieurs minutes dans son studio de musique samedi 21 novembre à Paris par trois policiers, avant qu'un quatrième ne vienne jeter depuis l'extérieur une grenade lacrymogène à l'intérieur du local.
Dans une seconde vidéo publiée vendredi, on voit M. Zecler être de nouveau frappé dans la rue, une fois extrait du studio, et alors qu'il est entouré par de nombreux autres fonctionnaires de police qui ne semblent pas empêcher ces nouveaux coups. M. Zecler a affirmé avoir été insulté à plusieurs reprises de "sale nègre".
Selon le journal 'Le Parisien', les fonctionnaires de police ont contesté en garde à vue toute dimension raciste à leur attitude. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé jeudi "la révocation" des policiers mis en cause, "dès que les faits seront établis par la justice". Il les a accusés d'avoir "sali l'uniforme de la République".
Des manifestations pour dénoncer le texte de loi "sécurité globale" et les violences policières
La conférence de presse de M. Heitz intervient au lendemain d'une forte mobilisation dans une centaine de villes de France contre le texte de loi "sécurité globale" et les violences policières. Plus de 130.000 personnes ont manifesté, selon le ministère de l'Intérieur, 500.000 selon les organisateurs, dans une ambiance globalement bon enfant.
Des affrontements parfois violents ont toutefois émaillé certaines manifestations, notamment à Paris. Selon un bilan du ministère de l'Intérieur, une soixantaine de policiers et gendarmes ont été blessés et 81 personnes ont été interpellées. A Paris, un photographe syrien indépendant, collaborateur de l'AFP, a été blessé au visage.
Deux manifestants, qui ont fait un signalement auprès de l'IGPN, ont été blessés en province, selon la police. Plusieurs vidéos diffusées sur les réseaux sociaux ont montré des policiers tabassés par des manifestants, des "violences inacceptables" selon Gérald Darmanin. L e parquet de Paris a indiqué dimanche que 29 personnes avaient été placées en garde à vue dans son ressort.
En une semaine, la controverse autour de la proposition de loi sécurité globale, vivement dénoncée par les journalistes et les défenseurs des libertés publiques, s'est encore renforcée.
L'évacuation brutale d'un camp de migrants à Paris lundi soir et la révélation jeudi du passage à tabac de M. Zecler ont suscité l'indignation et électrisé le débat.
Ces scènes ont été révélées par des vidéos de journalistes dans un premier cas, et principalement par des images de vidéosurveillance dans le second cas. Elles ont été visionnées des millions de fois sur les réseaux sociaux.
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