"Je n’ai pas envie d’y croire mais aujourd'hui on ne doit plus être étonné de rien...": le judo nordiste, confronté à des affaires de violences sexuelles présumées, oscillait vendredi entre stupeur et émotion.
"Lutte contre les violences, comment réagir ?": ce flyer sur la marche à suivre pour les victimes ou les témoins de "violences sexuelles, harcèlement, discrimination" posté vendredi sur la page Facebook du Judo club de Fleurbaix (Pas-de-Calais) donne le ton.
Ce club, ainsi que ceux Faches-Thumesnil (Nord), Bois-Grenier (Nord) et Laventie (Pas-de-Calais), se retrouvent sur le devant de la scène après les accusations portées contre un entraîneur.
Jeudi, le parquet de Lille a ouvert une enquête préliminaire pour des faits d'agressions sexuelles présumées à l'encontre de trois victimes contre un ancien cadre de la Fédération française de judo, qui a été suspendu par l'instance pour ces soupçons. Interrogé par l'AFP, il a confirmé sa suspension, imputant les accusations le visant à "des désaccords entre des personnes dans un club".
L'homme d'une soixantaine d'années a également été l'entraîneur d'un professeur quadragénaire mis en examen dans le cadre d'une information judiciaire ouverte avant l'été. Cette mise en examen, remontant au 29 septembre, porte sur des faits présumés de "viols commis sur une mineure par une personne ayant autorité sur la victime", a précisé le parquet.
- "C'est le choc" -
"Ça bouge ça bouge ...les langues se délient enfin mais pas encore assez. Il ne faut plus avoir peur, il ne faut plus démissionner, abandonner mais plutôt dénoncer... L’élève est tombé, à quand le maître ?", avait écrit la présidente du club de Fleurbaix, Sandrine Lampaert, sur sa page Facebook le 5 novembre dernier, trois jours après un communiqué de la Fédération condamnant "toute violence et notamment les violences sexuelles envers les jeunes". Contactée par l'AFP vendredi, elle n'a pu être jointe.
"Je me concentre sur mes licenciés et la survie de mon club en cette période difficile", a pour sa part indiqué à l'AFP Mylène Dubus, présidente de Bois-Grenier.
Dans les autres clubs concernés, c'est la stupeur car l'entraîneur était très connu et apprécié là où il officiait.
"C'est le choc, la stupéfaction et l'incrédulité. Je n’ai pas envie d’y croire... L’avenir nous en dira plus", a expliqué à l'AFP le président du club de Fâches-Thumesnil (Nord), Fabrice Descendre, qui connait l'ex-cadre de la Fédération depuis plus de 30 ans et a été son élève.
"Le club a une image et le judo c’est un code moral qu'on doit respecter. C'est un énorme choc, encore plus du côté des parents car il était très aimé. Ces faits anciens, tout le monde en a entendu parler mais il n’y a jamais eu de dépôt de plainte. Moi je n'ai jamais rien vu. Des langues se délient, mais il y a peut-être des règlements de compte", a poursuivi le dirigeant.
- "Le mal est fait" -
Même son de cloche au club de Laventie.
"Je suis très surpris, personne ne savait rien au club. C’est une situation très délicate à gérer, il faut respecter la présomption d’innocence. Les choses ne sont pas prouvées, mais si c’est vrai, c’est très très grave. Mon objectif est de préserver mes licenciés, mon club et la ville", a souligné à l'AFP le président David Houzé.
"Le mal est fait, le club risque de subir certaines conséquences. J’ai des parents qui m’appellent mais je n’ai eu aucun retour quant à d’éventuels comportements de ce type au club", a-t-il ajouté.
"Je le connais bien depuis 40 ans, je n’ai jamais vu ou entendu des choses qui m’ont choqué, il faut attendre que la justice fasse son travail", a abondé auprès de l'AFP Gérard Guilbaut, président de l’ACAMA, un club intercommunal du Pas-de-calais, et président du comité départemental du Pas-de-Calais de 2005 à 2016
"La problématique des violences sexuelles est très rare dans le judo car nous avons un code moral, ce n’est pas bon pour notre image, a-t-il déploré. Mais tout le monde du sport est actuellement touché par ces enquêtes."
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