"Ça m'a glacé le sang. Voir les talibans dans Kaboul, pour les copains qui sont tombés, ça fait mal", a confié à l'AFP un ancien soldat français, dont le régiment a payé un lourd tribut en Afghanistan.
Antoine Daoust a servi 15 ans dans l'armée française, notamment au sein du 8e RPIMa de Castres. Il était basé dans la vallée de la Kapisa toute proche, quand ses frères d'armes et de régiment sont morts dans une embuscade à Uzbeen en 2008. Sur les 10 soldats français tués, huit faisaient partie du 8eRPIMa.
"Le fait de voir les talibans reprendre le terrain, j'en avais les larmes aux yeux", dit-il avant de marquer une pause, la voix étranglée par l'émotion. "Toutes ces images remontent, ces moments tragiques, on était dévastés, assommés, frustrés de n'avoir rien pu faire", se souvient Antoine Daoust.
Je suis inquiet pour les Afghans qui ont travaillé avec nous
Désormais, poursuit-il, "je suis inquiet pour les Afghans qui ont travaillé avec nous, on peut redouter une chasse à l'homme dans les jours qui viennent, ils oeuvraient pour nous aider à mettre fin au règne taliban. Les talibans savent qui a collaboré avec les armées étrangères".
L'ancien militaire ne remet pas pour autant en cause la participation de la France à la coalition internationale menée par les Etats-Unis, qui a pris le contrôle de l'Afghanistan en novembre 2001, deux mois après les attentats du 11-Septembre.
"Je refuse de dire que ces (militaires) sont morts pour rien. L'échec aurait été ne pas essayer. L'intervention et la sécurisation ont réussi, mais la troisième phase, celle de la normalisation, a clairement échoué", estime-t-il.
Malgré les drames vécus, Antoine Daoust se remémore "des bons souvenirs de camaraderie, de rencontres avec des Afghans, des gens d'une générosité incroyable".
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