Des centaines de jeunes délégués de cinq continents ont participé samedi à un sommet sur le climat à l'ONU à New York, où une soixantaine de dirigeants mondiaux sont attendus lundi pour redonner de la vie à l'accord de Paris de 2015.
Ces deux rendez-vous climat de samedi et lundi se tiennent dans l'ombre des manifestations massives de vendredi dans plus de 160 pays, pour une grève de l'école coordonnée mondialement et qui a rassemble peut-être quatre millions de personnes dans les rues, un chiffre difficile à confirmer - une première dans l'histoire du militantisme écologique. Une autre grève mondiale géante est organisée vendredi prochain.
Les quelque 500 jeunes participants du sommet de samedi étaient des directeurs d'associations, des leaders étudiants, des journalistes citoyens ou des créateurs d'entreprises vertes. En costumes, en habits traditionnels ou en vêtements de tous les jours, ils ont toute la journée répété la même antienne à l'adresse des dirigeants mondiaux: agissez car nous sommes les plus menacés.
"Le climat et la crise écologique sont la crise politique de notre époque", a lancé Bruno Rodriguez, éloquent leader étudiant argentin, dans un furieux discours en ouverture.
"On entend souvent que notre génération devra résoudre les problèmes créés par les dirigeants actuels, mais nous n'attendrons pas passivement de devenir cet avenir", a-t-il dit, dans un anglais impeccable. "Le temps est venu que nous soyons leaders".
"Les jeunes ne pourront pas être arrêtés", a dit la Suédoise Greta Thunberg, 16 ans, idole de ce mouvement sans chefs des "Fridays for Future".
Les plus grandes manifestations de vendredi ont été en Australie, à Berlin, Londres, New York et San Francisco, mais sur tous les continents, des lycéens et des enfants ont marché, pancartes à la main, alternant comme à chacune de ces grèves entre humour noir et colère.
Les grèves font passer le mouvement climatique dans "une nouvelle ère", a jugé l'Américaine Katie Eder en conclusion de la journée, dont le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, avait promis qu'elle serait dominée par la parole des jeunes.
- Tous les leaders fautifs -
L'obsession des délégués, dont certains avaient déjà participé à des réunions de l'ONU, était de transformer en propositions concrètes les slogans scandés dans toutes les langues les vendredis.
"On est là pour les représenter", dit le Français Sacha Ghnassia, 18 ans, en terminale à Tel Aviv, où il anime une association écologiste.
Son billet d'avion et son hôtel ont été payés comme des centaines d'autres par l'ONU. Vendredi soir, ils se sont couchés tard, après de longues discussions entre participants à leur hôtel, dans Manhattan.
"Pour moi la prochaine étape c'est de taxer la viande", dit-il par exemple. Il est végan depuis quatre ans.
Comme beaucoup, il met tous les dirigeants passés et actuels dans le même sac. "C'est facile de dire que le problème c'est Macron, Bolsonaro ou Trump, ça fait vingt ans que tous les présidents étaient au courant et n'ont rien fait".
Il arpentait samedi en fin de journée les couloirs de l'ONU avec Maria Barcasnegras, 20 ans, étudiante colombienne qui blogue sur la pollution du fleuve de sa ville, Baranquilla.
Elle est plus virulente contre son président, Ivan Duque, qui participera lundi à une réunion spéciale Amazonie avec Emmanuel Macron.
"Il se fiche de l'Amazonie", lâche Maria, d'un ton sans appel.
Les échanges, dans la salle du sommet, sont restés polis, à l'exception d'une brève question par une jeune femme reprochant à un représentant de Microsoft ses partenariats avec des entreprises du secteur pétrolier.
Le bilan de la journée était difficile à établir. Beaucoup semblaient simplement satisfaits d'être dans un lieu si prestigieux.
"C'est un peu surréaliste d'être ici, car on le voit toujours dans les films!" a confié à l'AFP Penny Tovar, 24 ans, influenceuse sur YouTube et Instagram où elle recommande des produits de beauté éco-responsables et éthiques, comme des marques de maquillage qui ont des programmes de recyclage.
Elle était venue animer une session avec Yusuf Omar, "mojo" ou journaliste mobile, 30 ans, originaire du Royaume-Uni mais "nomade". Il dit avoir voyagé dans 140 pays ces dernières années pour apprendre aux jeunes à raconter leurs histoires avec leurs téléphones portables.
"Nous les jeunes avons été ignorés trop longtemps. Quand on se balade dans ce bâtiment, on voit beaucoup de gens vieux et surtout des hommes en costume-cravate. Ils sont détachés de la réalité", dit Yusuf Omar. "C'est formidable d'être invités et d'aider les décideurs".
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