"Personne n'échappe au 7-Octobre": l'émotion était vive lundi soir au rassemblement organisé à Paris par le Crif en mémoire des victimes, mais où l'évocation de LFI - et celle du chef de l'Etat - ont provoqué des huées.
Près de 4.000 personnes avaient répondu à l'appel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) pour cette cérémonie d'hommage organisée dans la salle du Dôme (15e) un an après l'attaque du Hamas contre Israël.
La soirée a débuté sur un ton grave, avec la projection de vidéos sur la fondation et l'histoire d'Israël jusqu'au festival Nova du 7 octobre, suivies de captures d'écrans et de messages vocaux envoyés par les participants au moment de l'attaque: "ils sont partout", "ils enlèvent des gens"...
Une minute de silence a ensuite été observée par la salle debout, lors de cette cérémonie mêlant discours et évocation grave des victimes au son du violoncelle.
Venu avec de nombreux ministres, le Premier ministre Michel Barnier a prononcé un discours qui a suscité des huées dans quelques rangs à l'évocation du chef de l'Etat - même si la quasi-totalité de la salle s'est levée à l'issue de son discours.
Quelques cris "des armes, des armes" avaient aussi retenti pendant son allocution, allusion directe aux propos d'Emmanuel Macron en faveur de l'arrêt des livraisons à Israël d'armes pouvant servir dans la guerre à Gaza.
Avant lui, le président du Crif Yonathan Arfi l'avait martelé: "Rien ni personne n'échappe au 7-Octobre" car "cette journée reste pour toujours entachée par le sang des victimes".
Dans ce discours, il a repris sa charge contre LFI qu'il a renvoyé au "camp du déshonneur", alors que la salle huait copieusement le mouvement de Jean-Luc Mélenchon.
"LFI choisit d'hystériser notre débat public, en cultivant le clientélisme et les assignations identitaires. Alors je le dis ce soir, avec gravité, que LFI trouve encore des alliés au sein de la gauche républicaine est un outrage, une trahison", a-t-il lancé, la voix couverte par les lazzis.
L'ancien président François Hollande a aussi essuyé quelques sifflets lorsque Yonathan Arfi l'a remercié de sa présence.
De nombreuses personnalités avaient fait le déplacement: outre les membres du gouvernement, on comptait aux premiers rangs les présidents de région Valérie Pécresse et Xavier Bertrand, le très applaudi Nicolas Sarkozy, l'écrivain Bernard-Henri Lévy, l'actrice Sandrine Kiberlain, le dessinateur Joann Sfar...
Les chanteurs Patrick Bruel et Amir ont chanté sur scène, et les acteurs Charlotte Gainsbourg et Yvan Attal ont lu un long texte d'hommage aux victimes.
- Ruban jaune -
Dans le public, les propos du chef de l'Etat en faveur de l'arrêt des livraisons d'armes à Israël étaient largement déplorés, comme la veille lors du rassemblement organisé par le Fonds national juif (KKL) en soutien à Israël et aux victimes du 7-Octobre.
"C'est aberrant, une honte", a affirmé à l'AFP Edmond Sinelnikoff, 75 ans, dans la file d'attente du Dôme où il est arrivé très en avance.
Quant à l'engagement du président français de tout mettre en oeuvre pour la libération des otages, "il a fallu un an!", s'exclame près de lui Benjamin Amar-Rozowykwiat, 25 ans, un ruban jaune au poignet en solidarité avec les otages.
Ces otages, "on a l'impression qu'ils ont été oubliés", affirme-t-il, en assurant qu'après le 7 octobre "n'importe quel Juif s'est senti profondément attaqué, et ça a rappelé des souvenirs enfouis".
Venue en "solidarité" même si elle n'est pas juive elle-même, Louise, 28 ans, estime que "tout le monde devrait être là". "J'aimerais voir des gens non concernés se révolter", ajoute-t-elle, en "regrettant" le silence de certaines féministes, comme si "parce que les victimes sont juives c'est moins important".
L'attaque sans précédent du Hamas, le 7 octobre en Israël, a entraîné la mort de 1.205 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les chiffres officiels israéliens, incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes enlevées alors, 97 sont toujours otages à Gaza, dont 34 considérées comme mortes.
Plus de 41.870 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
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