"Profonde peine" et "déchirement": en la cathédrale Notre-Dame de Reims, des fidèles catholiques venus vendredi soir assister à la messe "pour la France, en hommage aux victimes de l'attentat de Nice", essaient de surmonter la tristesse et la colère.
"On est tous très émus, très inquiets, très angoissés", rappelle Hélène, 77 ans. "Je suis en colère, mais j'essaie de me calmer. On se sent dépassés par ce qui se passe".
Après qu'un Tunisien de 21 ans a tué jeudi trois personnes dans la basilique Notre-Dame de l'Assomption à Nice, l'archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, Éric de Moulins-Beaufort, a souhaité consacrer une messe en hommage aux victimes, retransmise sur la chaîne de TV KTO et l'antenne locale de la radio RCF.
"Pourquoi eux ? et non pas moi, et non pas vous ? et non pas n'importe qui d'autre, qui entre dans une église un matin?", a lancé le prélat à l'assistance, saluant notamment le travail des policiers et policières qui sont intervenus.
"Notre pays est atteint dans sa chair", a-t-il déclaré, en évoquant également à l'assassinat du professeur Samuel Paty.
Toutes masquées, plusieurs centaines de personnes ont tenu à être présentes à cette célébration: pour chercher du "réconfort" pour les uns, pour "montrer qu'il y a toujours du monde qui fréquente les églises" pour d'autres, ou encore parce que "c'est la dernière avant plusieurs semaines" - à cause du nouveau confinement.
- "Déchiré le coeur" -
"C'est un déchirement", répète Marie-Hélène Gérard, encore sous le choc de l'assassinat des victimes de Nice, deux femmes, Simone Barreto Silva et une dont l'identité n'a pas été révélée et le sacristain Vincent Loquès. "Je me pose des questions: pourquoi on réagit par la violence comme ça ?".
Même "profonde peine" pour Bertrand Fisson, accompagné de sa compagne et de ses deux enfants en bas âge. "Ca m'a déchiré le coeur".
"Ca m'a fait beaucoup de bien de lire le communiqué de la mosquée de Reims. Il ne faut pas amalgamer, se rabaisser", ajoute-t-il.
Invité à la messe, le président régional du culte musulman Anouar Alami a lu en préambule un texte condamnant avec "force et fermeté" cet "abject et odieux attentat qui nous plonge dans l'effroi et la sidération."
"Le terrorisme et le fanatisme n’arriveront pas à détruire nos liens précieux (...) Ne laissons pas les terroristes semer la haine", a-t-il conclu, sous les applaudissements de l'assistance.
Les représentants des autres religions monothéistes avaient également été invités. Des élus locaux, des parlementaires et des représentants de la préfecture de la Marne étaient présents.
"On vient prier. On est très touché par ce qui arrive", témoigne Monique Stoury, 85 ans. Tout en prévenant: "si on se met en colère, on n'en sort pas".
Des policiers, en civil et en uniforme, et un agent d'une société de sécurité privée, s'étaient positionnés sur le parvis et à l'entrée de l'immense cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique où furent longtemps sacrés les rois de France.
De son côté Michèle, qui n'a pas souhaité donner son nom, insiste: "il ne faut pas céder à la panique, et il faut qu'on reste unis".
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