L'information circulait depuis quelques heures dans les médias américains. Elle a été confirmée par Donald Trump ce dimanche à 14h20 lors d'un discours officiel: le chef de l'Etat islamique a été tué.
Donald Trump a officialisé, à sa façon et avec son langage fleuri bien connu, la mort du chef autoproclamé de l'Etat islamique, Abou Bakr al-Baghdadi. "Il était le fondateur et leader de l'Etat islamique. Il a été capturé et tué. Le personnel américain a été extraordinaire et on lui doit beaucoup. Aucune personne n'a été perdue lors de cette opération. Un grand nombre de disciples de Baghdadi a été tué avec lui. Il est mort après avoir été pourchassé dans un tunnel. Il pleurnichait tout le temps. Onze jeunes enfants ont été retirés des lieux et n'ont pas été blessés. al-Baghdadi a emmené avec lui dans le tunnel trois enfants. Nos chiens l'ont chassé jusqu'au bout du tunnel. Il a alors déclenché sa veste explosive, tuant aussi ses trois enfants. Il est mort comme un chien, comme un pleutre, comme un lâche", a déclaré le président américain. "Les tests nous ont donné la certitude absolue que c'était bien lui".
Il n'en restait pas grand-chose vous savez
Selon Donald Trump, une partie du tunnel dans lequel s'est fait explosé al-Baghdadi s'est effondré. Les forces spéciales américaines ont alors écarté des débris pour atteindre les restes du corps du djihadiste. "Il n'en restait pas grand-chose vous savez", a commenté le président américain. Selon son annonce officielle, les militaires ont prélevé des traces d'ADN afin de confirmer l'identité d'al-Baghdadi. Toujours selon le président, il y a eu plus de morts que de prisonniers vivants parmi les combattants de l'Etat islamique.
D'après le milliardaire, la mission a réellement commencé il y a deux semaines, soit à la mi-octobre. Selon son annonce, des commandos ont été envoyés dans le nord-ouest de la Syrie pour mener une attaque de nuit. Leur vol en hélicoptère a duré 1h10 d'après lui. Le président américain a remercié la Turquie, la Russie, l'Irak, l'Union européenne ainsi que les Kurdes et les Syriens dans une certaine mesure. Selon lui, les commandos américains ont dû survoler le territoire russe, raison pour laquelle les autorités de Moscou ont été prévenues.
La mort du dirigeant de Daech avait précédemment fuité dans des médias américains tels que CNN et ABC. Citant des hauts responsables, ces médias avaient d'abord indiqué que des tests étaient en cours ce dimanche matin (durant la nuit aux Etats-Unis) pour confirmer la mort d'Abou Bakr al-Baghdadi. Peu avant son annonce officielle, Donald Trump avait publié un message sybillin sur Twitter. "Quelque chose d'énorme vient de se passer!", avait-il écrit.
Une seule apparition publique à Mossoul
L'opération militaire américaine est la plus importante visant un haut responsable jihadiste depuis la mort, le 2 mai 2011, d'Oussama Ben Laden, le chef d'Al-Qaïda tué par les forces spéciales américaines à Abbottabad au Pakistan. Ce développement intervient dans une période d'intense activité militaire dans le nord de la Syrie.
Le régime syrien et son allié russe ont accéléré le déploiement de leurs troupes à la frontière syro-turque, tandis que les Américains annonçaient l'envoi de renforts militaires dans une zone pétrolière plus à l'est sous contrôle kurde.
Abou Bakr al-Baghdadi n'avait plus donné signe de vie depuis un enregistrement audio diffusé en novembre 2016, après le début de l'offensive irakienne pour reprendre Mossoul dans lequel il exhortait ses hommes à lutter jusqu'au martyre. C'est à Mossoul que le chef de l'EI a fait sa seule apparition publique connue, en juillet 2014, à la mosquée al-Nouri. En turban et habit noirs, barbe grisonnante, il avait alors appelé tous les musulmans à lui prêter allégeance après avoir été désigné à la tête du califat proclamé par son groupe sur les vastes territoires conquis en Irak et en Syrie voisine.
Des milliers de partisans du monde entier
De son vrai nom Ibrahim Awad al-Badri, le chef de l'EI serait né en 1971 dans une famille pauvre de la région de Bagdad. Passionné de football, il a échoué à devenir avocat puis militaire avant d'étudier la théologie. C'est lors de l'invasion américaine de l'Irak en 2003 qu'il créé un groupuscule jihadiste sans grand rayonnement avant d'être arrêté et emprisonné dans la gigantesque prison de Bucca.
Libéré faute de preuves, il rejoint un groupe de guérilla sunnite sous tutelle d'Al-Qaïda et en prend la tête quelques années plus tard. Profitant du chaos de la guerre civile, ses combattants s'installent en Syrie en 2013 avant une offensive fulgurante en Irak. Le groupe, rebaptisé Etat islamique, supplante Al-Qaïda, tandis que ses succès militaires initiaux et sa propagande soigneusement réalisée attirent des milliers de partisans du monde entier.
L'Irak affirme avoir fourni la localisation de Baghdadi
Le commandement militaire irakien a annoncé dimanche avoir fourni la localisation du chef du groupe jihadiste Etat islamique (EI) Abou Bakr al-Baghdadi en Syrie pour le raid américain qui l'a tué. "Une section spécialisée a travaillé pendant un an" et "le renseignement national a pu (...) localiser le repaire" de Baghdadi, et "grâce à cela, l'opération américaine a été menée", indique un communiqué. Peu avant, en annonçant cette mort, le président américain Donald Trump avait remercié l'Irak, parmi d'autres pays.
Les Kurdes s'attendent à des représailles après la mort de Baghdadi
Les forces kurdes en Syrie s'attendent à des représailles du groupe Etat islamique (EI) après l'annonce de la mort du chef de l'organisation Abou Bakr al-Baghdadi dans un raid américain, a indiqué dimanche à l'AFP un commandant des Forces démocratiques syriennes (FDS).
"Les cellules dormantes vont venger Baghdadi. Donc on s'attend à tout, y compris des attaques contre les prisons" gérées par les forces kurdes où sont détenus des milliers de jihadistes, a indiqué à l'AFP Mazloum Abdi, commandant des FDS, partenaires de Washington durant la lutte contre l'EI en Syrie.
La guerre contre l'EI "pas encore terminée", avertit Boris Johnson
La guerre contre le groupe Etat islamique "n'est pas encore terminée", a averti dimanche le Premier ministre britannique Boris Johnson. "La mort de Baghdadi est un moment important dans notre combat contre la terreur mais la bataille contre le fléau de Daech (acronyme arabe de l'EI) n'est pas encore terminée", a tweeté Boris Johnson. "Nous travaillerons avec nos partenaires de la coalition pour mettre un terme aux activités meurtrières, barbares de Daech une bonne fois pour toutes".
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