Trois mois après la disparition de la petite Maëlys en Isère, l'homme suspecté de l'avoir enlevée était longuement interrogé jeudi par les juges d'instruction, après avoir obtenu l'annulation de ses premières déclarations en garde à vue.
Entamée après son arrivée au palais de justice vers 09H30, et interrompue durant une heure à la mi-journée, l'audition de Nordahl Lelandais, un ex-militaire de 34 ans, était sur le point de s'achever vers 17H30, selon le parquet de Grenoble.
Le procureur de la République, Jean-Yves Coquillat, doit tenir une conférence de presse à 18H00.
Le suspect n'avait pas été ré-interrogé par les juges d'instruction depuis sa mise en examen et son incarcération le 3 septembre.
Cette longue audition est intervenue après qu'en début de matinée, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Grenoble eut donné gain de cause à la défense en annulant quatre procès-verbaux remontant au début de l'affaire.
Interrogé une première fois en garde à vue le 31 août par les gendarmes, Nordahl Lelandais n'avait pas été filmé en raison d'une erreur de procédure, alors que le code pénal l'exige en matière criminelle.
Par ricochet, la cour d'appel a également effacé du dossier une partie des déclarations du suspect lors de son interrogatoire de première comparution devant les juges, au moment de sa mise en examen, car il avait alors répondu à des questions directement liées aux auditions annulées.
Ce revers est relatif pour l'accusation qui redoutait surtout que l'annulation ne s'étende à la seconde garde à vue de l'ex-militaire de 34 ans. Elle avait débouché sur sa mise en cause pour enlèvement, après la découverte d'une trace ADN de la fillette dans sa voiture.
Mais il constitue "une épreuve de plus" pour les parents de l'enfant, selon leur avocat, Me Fabien Rajon. "Ils ont toujours une forme d'espoir, a ajouté le conseil au micro de BFMTV. L'espoir que cet individu s'exprime (...) sur ce qu'il a pu constater ou faire" dans la nuit du 26 au 27 août, quand Maëlys a disparu d'une soirée de mariage dans la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin.
- Une "forme blanche" -
Dans la journée, rien n'a filtré de ce long interrogatoire du suspect.
Son avocat, Me Alain Jakubowicz, n'a rien dit quand il est sorti du tribunal à la pause de la mi-journée - il s'est d'ailleurs abstenu de tout commentaire depuis qu'il est chargé de la défense de Nordahl Lelandais en septembre.
Les magistrats - deux femmes et un homme - avaient de nombreuses questions à poser car "l'enquête a avancé même si cela ne dit pas où est l'enfant", estimait récemment une source proche du dossier.
Au cœur des investigations figurent les enregistrements de caméras de vidéosurveillance ayant filmé le passage d'une voiture à Pont-de-Beauvoisin la nuit de la disparition, à deux moments différents, selon une source proche du dossier.
Des images considérées comme non probantes dans un premier temps mais dont une expertise poussée a permis depuis d'identifier le véhicule du mis en cause avec, sur le siège passager, une "forme banche" - la couleur de la robe que Maëlys portait ce soir-là - qui suscite d'autant plus d'interrogations que cette "forme" n'est plus visible dans un second temps.
L'enquête avait déjà mis au jour plusieurs éléments troublants, comme les allers-retours du suspect durant la soirée du mariage, dont un pour changer son bermuda taché de vin selon lui, et le nettoyage minutieux de sa voiture le lendemain.
Pour expliquer la présence d'une trace ADN de la fillette à l'intérieur, il a affirmé qu'elle était brièvement montée dedans au cours de la soirée, sur le parking de la salle des fêtes, accompagné d'un petit garçon qui n'a jamais été identifié.
Mais il n'a jamais dit avoir transporté quelqu'un durant la nuit.
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