Le géant Apple s'est dit prêt lundi à soutenir la création d'un groupe d'experts pour évoquer le cryptage de ses appareils mobiles si les autorités américaines mettent fin à leurs efforts pour le forcer à débloquer l'iPhone d'un auteur de l'attentat de San Bernardino.
Dans un communiqué publié sur son site internet, le leader technologique a réitéré son opposition aux requêtes des autorités et de la justice lui demandant de fournir une assistance technique à la police fédérale (FBI) dans l'enquête sur la fusillade mortelle de 14 personnes en décembre dernier dans cette ville de Californie, tout en ouvrant la voie à ce compromis.
Les enquêteurs veulent pouvoir accéder au contenu de l'iPhone 5c de Sayed Farook, un Américain auteur avec sa femme Tashfeen Malik de cette tuerie de San Bernardino.
Selon un sondage Pew publié lundi, une majorité d'Américains penchent en faveur du FBI dans ce cas et appuient la demande de déblocage du téléphone.
"La meilleure option pour le gouvernement serait de retirer ses demandes formulées en vertu du +All Writs Act+ et de constituer, comme l'ont proposé certains au Congrès, une commission ou un panel d'experts sur le renseignement, les technologies et les libertés civiles pour discuter des implications (de cette mesure, Ndlr) pour les forces de l'ordre, la sécurité nationale, la vie privée et les libertés individuelles", a indiqué le groupe. "Apple participerait volontiers à cet effort", a assuré la société.
Datant de 1789 et amendé à plusieurs reprises depuis, le "All Writs Act", ou loi sur les mandats, autorise la justice à émettre une injonction "nécessaire ou appropriée" pour aider par exemple des enquêteurs en cas de force majeure et lorsqu'aucun autre outil juridique n'est disponible.
Le bras de fer entre Apple et la justice américaine suscite la colère des défenseurs des libertés civiles, qui y voient le risque de déclencher une surveillance débridée aux Etats-Unis, - déjà secoués ces dernières années par le scandale de l'espionnage de l'Agence américaine de renseignement NSA -, ou ailleurs. Mais d'autres accusent à l'inverse Apple d'entraver une enquête vitale en terme de sécurité.
Le sondage Pew, réalisé entre jeudi et dimanche avec une marge d'erreur de 3,7 points de pourcentage, reflète ces disparités. Quelque 51% des Américains sont favorables au déblocage du téléphone contre 38% qui s'y opposent, arguant d'un risque pour la sécurité des propriétaires d'iPhones.
Les propriétaires de téléphones Apple sont d'ailleurs moins nombreux (47%) que la population globale à appuyer la marque à la pomme dans cette affaire. A l'inverse, les personnes âgées de 65 ans et plus sont la tranche d'âge la plus encline (avec 54%) à soutenir le FBI dans sa requête.
Céder aux demandes de la justice "créerait un précédent juridique ayant pour conséquence d'étendre les pouvoirs de gouvernement et nous ne savons pas où cela va nous mener", a assuré Apple, affirmant par ailleurs que les enquêteurs avaient commis une erreur de manipulation compliquant désormais l'accès aux données de l'iPhone de Sayed Farook.
"Nous avons appris que lorsque l'iPhone de l'assaillant était entre les mains du FBI, le mot de passe associé au téléphone a été changé. Changer le mot de passe implique que le téléphone ne pouvait plus accéder au service du iCloud", le "nuage" numérique où sont stockées les données des appareils, a souligné Apple.
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