Quand la marée haute déborde dans les rues de Venise, les bottes sont partout. En plastique coloré aux tons les plus variés: orange fluo, rose bonbon ou bleu layette. Les centaines de touristes qui parcourent la ville lacustre se les arrachent, soucieux d'éviter de se mouiller les pieds.
La ville a été touchée mardi soir par une marée haute ("acqua alta") qui a grimpé à 1,87 m, soit la deuxième plus forte de l'histoire depuis celle du 4 novembre 1966 avec 1,94 m. Elle a submergé 80% de la Sérénissime, provoqué la mort d'un septuagénaire, renversé gondoles et autobus fluviaux et inondé commerces, musées et hôtels ainsi que la fameuse Basilique Saint-Marc. Un nouveau pic est prévu vendredi matin à 1,45 m à 11H20 (10H20 GMT) avant une décrue les jours suivants.
"La concierge de l'hôtel m'a dit: +vous aurez besoin de ces bottes si vous voulez prendre votre petit-déjeuner demain matin!+", s'amuse au micro de l'AFP TV, John Ward, un touriste américain qui n'avait peut-être pas programmé de vivre une telle expérience à Venise.
Mais au moment où les 50.000 résidents du centre historique, classé au patrimoine de l'Unesco, font le bilan des dégâts, les bottes jetables qui remplissent les poubelles risquent d'ajouter un problème environnemental à cette ville, déjà assiégée par les flots de la Mer Adriatique.
"Je vais les rendre, je ne voulais pas acheter des bottes et les jeter tout de suite, je ne suis là que pour quelques jours", poursuit John Ward.
Vendues entre 6 et 10 euros la paire, ces galoches offrent une protection immédiate contre l'eau, mais ont tendance à s'abîmer après un usage prolongé, déplorent les touristes. Un grand nombre d'entre elles ne servent que pour une visite rapide sur la célèbre Place Saint-Marc, submergée encore jeudi, et sont jetées tout de suite après.
- Problème de recyclage -
"Quand je suis arrivée, j'ai dû m'équiper de bottes parce que je voulais pas avoir les pieds mouillés. Je pense qu'il y a peut-être un souci parce qu'il n'y a que des bottes en plastique, et il n'y a pas de système de recyclage", se plaint Manon Gaudré, touriste française.
Fabriquées en Chine, ces bottes en plastique seraient en théorie complètement recyclables, a expliqué un responsable du bureau du maire à l'AFP. Mais, a-t-il averti, dans le cadre de l'état d'urgence actuel, la ville n'arrive pas à assurer leur recyclage.
Ce sont les bottes des touristes qui sont spécialement fragiles, à la différence des résidents qui sont pour la plupart équipés en hautes cuissardes à l'aspect bien plus robuste.
Pas de risque de rupture de stocks, selon Walter Lucano, un vendeur interrogé par l'AFP, qui est convaincu que les approvisionnements actuels suffiront.
La Cité des Doges reçoit 36 millions de visiteurs par an dont 90% d'étrangers qui effectuent souvent de courts séjours d'un peu plus de deux jours en moyenne.
Stefano Gabbanotto, un autre vendeur, est pour sa part préoccupé par l'impact environnemental de ces bottes omniprésentes: "Cela me fait mal de vendre tout ce plastique, mais que puis-je y faire ?".
Vos commentaires