Les Etats-Unis et la Russie ont commencé dimanche à rapprocher leurs positions sur le dossier syrien deux jours après les attentats meurtriers de Paris, et décidé avec leurs partenaires du G20 en Turquie de renforcer leur coopération contre la menace jihadiste.
Au premier jour du sommet des dirigeants des grands pays de la planète à Antalya (sud), les présidents américain Barack Obama et russe Vladimir Poutine ont brisé la glace lors d'un aparté d'une demi-heure largement consacré à la guerre en Syrie, qualifié de "constructif" par la Maison Blanche.
Lors de ce tête-à-tête inattendu surpris en direct par la télévision turque, MM. Obama et Poutine ont apporté leur soutien à une transition politique avec des "négociations sous l'égide de l'ONU entre l'opposition syrienne et le régime et un cessez-le-feu", selon un responsable américain.
Sous la pression des attentats de Paris revendiqués par le groupe Etat Islamique (EI), ce principe a été posé samedi à Vienne lors de pourparlers internationaux sur la Syrie, en même temps que la formation d'un gouvernement provisoire et l'organisation d'élections d'ici dix-huit mois.
Aucun commentaire n'a toutefois été fait dans les deux camps sur la principale source de divergences entre les deux pays, le sort à réserver au président syrien Bachar al-Assad.
La Russie, qui intervient militairement à côté de ses troupes depuis fin septembre, et l'Iran continuent à soutenir fidèlement le maître de Damas alors que les Etats-Unis, les Européens et les pays arabes exigent son départ immédiat.
Depuis plus de quatre ans, la guerre en Syrie a déjà fait plus de 250.000 morts et constitue le terreau des groupes jihadistes comme l'EI qui contrôle de larges territoires en Syrie et en Irak.
"Nous avons des objectifs stratégiques liés à la lutte contre l'EI, et ceux-ci sont proches l'un de l'autre, mais il reste toujours des divergences sur la tactique", a commenté un conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov.
Malgré ces différences, la Russie, les Etats-Unis et les chefs d'Etat et de gouvernement réunis sur les bords de la Méditerranée ont affiché leur volonté de frapper "très fort" contre le groupe jihadiste, après les attentats qui ont fait 129 morts à Paris vendredi.
- Coopération renforcée -
Selon un projet de texte obtenu par l'AFP, ils devraient s'engager lundi à renforcer leur coopération, notamment pour limiter "la circulation croissante des terroristes étrangers".
Entre autres mesures, ils ont promis un meilleur partage des renseignements, "une gestion des frontières pour détecter des déplacements", ainsi que l'étude de nouvelles mesures "pour renforcer la sécurité aérienne internationale".
L'hôte du sommet, le président turc Recep Tayyip Erdogan, a promis une réponse "très dure" et M. Obama de "redoubler d'efforts" contre l'EI. Quant au Premier ministre britannique David Cameron, il s'est engagé à "détruire ces adorateurs de la mort une bonne fois pour toutes".
A l'ouverture de la première session de travail, M. Erdogan et ses invités ont observé une minute de silence à la mémoire des victimes des attentats de Paris et d'Ankara, également attribués à l'organisation extrémiste, qui ont fait 102 morts le 10 octobre.
La Turquie a affirmé dimanche avoir déjoué une attaque jihadiste à Istanbul le jour-même de celles de Paris.
La police turque a interpellé vendredi à Istanbul cinq personnes, dont un citoyen britannique. "Les premiers résultats de nos investigations suggèrent que nous avons déjoué une attaque majeure", a indiqué sous couvert de l'anonyment à l'AFP un responsable gouvernemental turc.
Directement liée à la Syrie, la crise des migrants a également occupé dimanche les dirigeants du G20.
Depuis les attentats de Paris, la politique européenne d'accueil des réfugiés a fait l'objet de critiques, alors qu'un de ses auteurs présumés était porteur d'un passeport syrien et était entré en Europe via la Grèce au milieu du flot des réfugiés.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a vivement réagi. Les auteurs des attentats "sont exactement ceux que les réfugiés fuient, et non pas l'inverse, et par conséquent il n'y a pas lieu de revoir dans son ensemble la politique européenne en matière de réfugiés".
Confrontée depuis le printemps à un afflux de migrants, majoritairement syriens, l'Union européenne (UE) tente de convaincre la Turquie, qui en accueille 2,2 millions, et les autres pays limitrophes de les retenir, en échange d'une aide financière.
A deux semaines de la conférence de Paris sur le climat (COP21), la France a également profité du G20 pour demander dimanche à ses partenaires de muscler leurs engagements en vue d'un accord pour la réduction des gaz à effet de serre et son financement.
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