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Assassinat du demi-frère de Kim Jong Un: libération surprise de l'une des deux accusées

Assassinat du demi-frère de Kim Jong Un: libération surprise de l'une des deux accusées
L'Indonésienne Siti Aisyah (C) libérée par la justice malaisienne quitte la Haute cour de Shah Alam en Malaisie, le 11 mars 2019MOHD RASFAN
 
 

Une Indonésienne accusée d'avoir participé à l'assassinat du demi-frère du dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a été libérée lundi par la justice malaisienne, un retournement inattendu dans cette affaire aux relents de Guerre froide.

Le parquet a renoncé à poursuivre Siti Aisyah pour meurtre un an et demi après le début de son procès et l'a libérée dans la foulée.

Originaire d'Indonésie, elle était accusée au côté de la Vietnamienne Doan Thi Huong d'avoir tué Kim Jong Nam en lui jetant au visage un agent neurotoxique, considéré comme une arme de destruction massive, à l'aéroport de la capitale malaisienne Kuala Lumpur en février 2017.

Siti Aisyah est apparue souriante à côté d'un groupe de journalistes avant de s'engouffrer dans une voiture devant le tribunal qui l'a conduite à l'ambassade indonésienne.

"Je suis heureuse. Je ne savais pas que ça se passerait comme ça. Je ne m'y attendais pas", a expliqué Siti Asyah la tête recouverte d'un foulard.

Le procureur Muhammad Iskandar Ahmad avait requis l'abandon des poursuites contre la jeune femme sans motiver sa demande.

La Haute cour de Shah Alam a approuvé ces réquisitions dans une décision qui a surpris les observateurs et a libéré l'accusée sans apporter plus d'explication.

A cette annonce, la jeune Indonésienne a enlacé sa co-accusée Doan Thi Huong, qui s'est mise à pleurer.

- Décision surprise -

L'ambassadeur d'Indonésie en Malaisie, Rusdi Kirana, s'est réjoui de la décision de la Haute cour. "Nous sommes heureux. Nous allons tenter de lui faire prendre l'avion pour l'Indonésie dans la journée ou dès que possible".

Cette libération fait suite à une série d'interventions des autorités indonésiennes auprès de Kuala Lumpur. L'Indonésie a fait du soutien à ses ressortissants emprisonnés à l'étranger une priorité.

Kim Jong Nam avait été attaqué alors qu'il attendait un avion pour Macao, l'ancien comptoir portugais devenu le paradis des casinos dans le sud de la Chine, et avait succombé au bout d'une vingtaine de minutes d'agonie.

La Corée du Sud a accusé le Nord d'avoir orchestré l'assassinat, ce que Pyongyang a toujours démenti. Kim Jong Nam était un détracteur du régime nord-coréen et vivait en exil.

Les deux femmes âgées d'une vingtaine d'années rejetaient les accusations pesant contre elles, assurant qu'elles avaient été piégées par des agents nord-coréens et qu'elles pensaient participer à une farce pour un jeu télévisé.

Au cours du procès, leurs avocats les ont présentées comme des boucs émissaires, arguant que les autorités n'avaient pas réussi à arrêter les véritables meurtriers.

Quatre Nord-Coréens, qui avaient été accusés du meurtre au côté des deux femmes, ont réussi à fuir la Malaisie peu après les faits.

La jeune Vietnamienne Doan Thi Huong demeure seule sur le banc des accusés.

"Je ne sais pas ce qui va m'arriver maintenant. Je suis innocente, priez pour vous s'il vous plaît", a plaidé la jeune femme interrogée par des journalistes au tribunal.

Dans la province de Nam Dinh, dans le nord du Vietnam, le père de la jeune femme, Doan Van Thanh, a dit sa détresse de voir sa fille rester derrière les barreaux.

"Pourquoi ont-ils libéré l'Indonésienne sans libérer ma fille?", a-t-il demandé, interrogé par l'AFP.

Le procès des deux femmes s'était ouvert en octobre 2017 et devait initialement reprendre lundi après une interruption de plusieurs mois avec le témoignage de l'accusée vietnamienne.

En août 2018, un juge avait estimé qu'il y avait assez d'éléments pour considérer que les accusées avaient participé "à un complot bien préparé" avec quatre Nord-Coréens et ordonné la poursuite du procès.

Une condamnation pour meurtre correspond à une peine de mort obligatoire en Malaisie. Le gouvernement s'est engagé à abolir la peine capitale mais le Parlement ne s'est pas encore prononcé sur le texte.


 

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