Avec une délinquance minime et une faible menace terroriste, la bouillonnante mégapole de Tokyo semble le lieu idéal pour des jeux Olympiques réussis. A moins que les éléments naturels ne viennent jouer les trouble-fête.
A l'approche de cet évènement planétaire qui se tiendra du 24 juillet au 9 août 2020, les organisateurs envisagent tous les scénarios catastrophes possibles, surtout dans un pays accablé par la chaleur en été et à la merci d'un méga-séisme à tout moment.
"La sûreté dont jouit Tokyo en temps normal ne peut être tenue pour acquise pendant les JO, au moment où le monde aura les yeux rivés" sur la capitale japonaise, prévient Shiro Kawamoto, expert en matière de lutte anti-terrorisme et professeur de gestion des risques à l'université Nihon.
Le Japon n'a pas connu d'attentats meurtriers depuis celui commis au gaz sarin par la secte Aum en 1995, qui avait fait 13 morts dans le métro de Tokyo.
Mais il n'est pas à l'abri de l'acte soudain d'un fou, comme cet homme qui a foncé dans la foule avec sa voiture lors du dernier réveillon du Nouvel an, dans un quartier branché de la ville. Neuf passants avaient été blessés.
Pour s'y préparer, des exercices sont régulièrement menés, tous les effectifs de police seront mobilisés et les autorités appellent le public à renforcer sa vigilance car, d'ordinaire, les habitants de Tokyo ne prêtent guère attention aux bagages abandonnés par exemple.
"Pour éviter l'explosion soudaine d'un objet suspect dans un train, il faut d'abord que quelqu'un le repère et le signale à la police ou au personnel de la gare", souligne M. Kawamoto.
Les autorités misent aussi sur des outils technologiques, comme la reconnaissance faciale pour les volontaires, afin de repérer d'éventuels intrus malveillants.
La sécurité se jouera par ailleurs sur internet. "Nous partons du principe qu'il y aura une cyberattaque", prévient Kenji Endo, un responsable gouvernemental chargé de Tokyo-2020. L'an dernier, aux jeux d'hiver de Pyeongchang, la cérémonie d'ouverture avait ainsi été marquée par des coupures intempestives du réseau sur plusieurs sites de l'événement.
- Peur du "big one" -
L'autre grande inquiétude, que ne devrait pas connaître Paris quatre ans plus tard, est celle des désastres naturels.
"Le défi le plus important est de se préparer à un puissant tremblement de terre, impossible à prévoir", insiste Akio Sato, représentant de la municipalité de Tokyo.
Le Japon, au confluent de quatre plaques tectoniques, est extrêmement bien préparé, les constructions y étant soumises à de très exigeants critères parasismiques.
Malgré tout, une secousse de magnitude 7,3 serait susceptible de causer la mort de 23.000 personnes (dont 70% dans des incendies) et la destruction de 610.000 bâtiments, selon des simulations officielles.
Le bilan pourrait être plus lourd si elle survenait pendant les JO, avertissent les experts, du fait de la possible panique et du manque de préparation des touristes et sportifs étrangers qui, contrairement aux Japonais, ne sont pas sensibilisés à ce type de risques depuis leur plus jeune âge.
L'office de tourisme prodigue déjà, via une application pour mobiles, toutes sortes de "conseils de sécurité" en cas de catastrophes naturelles, avec la liste de lieux d'évacuation, d'hôpitaux... Les organisateurs, eux, prévoient de fournir aux visiteurs "une aide en plusieurs langues pour permettre une évacuation fluide et rapide".
Outre les séismes, le Japon est balayé chaque été par de nombreux cyclones, apportant dans leur sillage des pluies diluviennes.
Les jeux de 2020 se dérouleront "au beau milieu de la saison des typhons", note Nobuyuki Tsuchiya, à la tête d'une organisation environnementale à Tokyo.
La baie de la capitale, qui hébergera le village olympique et diverses épreuves, serait particulièrement vulnérable à une violente tempête.
- Chaleur potentiellement meurtrière -
Plus largement, le massif réseau de métros et trains pourrait être inondé, tout comme les nombreux centres commerciaux souterrains de la ville, selon M. Tsuchiya. Pour éviter le pire, la compagnie Tokyo Metro a décidé d'installer des portes étanches au niveau de 400 entrées.
Même si aucun de ces désastres ne se produisait, une chose est sûre: il fera chaud, très chaud. L'été à Tokyo, les températures dépassent facilement 30 à 35 degrés à l'ombre, avec une humidité supérieure à 80%.
Le départ du marathon a été avancé à 06h00 au plus tard après les avertissements d'organisations de médecins japonais s'inquiétant de possibles décès.
Les autorités devraient se réserver "la possibilité de suspendre l'événement", estime Toshitaka Katada, professeur de prévention des désastres à l'université de Tokyo.
"Ce type de décision a tendance à prendre du temps" si ce n'est pas discuté en avance: qui a la responsabilité d'annuler et dans quelles circonstances ? questionne-t-il.
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