L'assaut contre un appartement de Saint-Denis, aux portes de Paris, est terminé. Deux personnes retranchées dans cet appartement sont mortes, dont une femme kamikaze qui s'est fait exploser. Sept personnes ont aussi été interpellées: trois exfiltrées par la police de l'appartement visé, deux dans des appartements voisins, et deux autres à proximité. L'opération ciblait Abdelhamid Abaaoud, organisateur présumé des attentats qui ont fait 129 morts vendredi. L'opération antiterroriste de Saint-Denis nous confirme que "nous sommes dans la guerre", a déclaré le président François Hollande.
L'assaut est terminé et tous les terroristes sont neutralisés, a annoncé le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll à la mi-journée. Des examens menés par la police scientifique doivent encore avoir lieu. Une opération des unités spéciales de police impliquant plus de 100 hommes a débuté vers 4h20 du matin à Saint-Denis, dans le nord de Paris, en France. Un commando terroriste, établi dans l'appartement d'un immeuble à l'angle de la rue du Corbillon et de la rue de la République, était visé. L'opération ciblait en particulier Abdelhamid Abaaoud, commanditaire présumé des attentats qui ont fait 129 morts (tous ont désormais été identifiés) vendredi. Le procureur de la République de Paris François Molins a expliqué que l'opération déclenchée durant la nuit avait été décidée à la suite de l'enquête de téléphonie et d'une surveillance "laissant à penser qu'Abdelhamid Abaaoud se trouvait dans un appartement conspiratif" à Saint-Denis.
D'après France tv info, le groupe de terroristes ciblé à Saint-Denis s'apprêtait à commettre des attentats à l’aéroport de Roissy-Charles-De-Gaulle et au centre commercial de La Défense, le quartier des affaires situé dans les Hauts-de-Seine, à l'ouest de Paris.
Dans un discours prononcé en début d'après-midi, le président français François Hollande a estimé que les opérations de ce matin confirmait que le pays était en guerre. Face à celle-ci, il a déclaré qu'il 'y avait "plus de clivage partisan qui tienne".
Le chef de l'Etat s'est montré déterminé à passer à l'action tout de suite. À l'extérieur, il l'a déjà montré en ordonnant des frappes aériennes sur des positions de l'Etat islamique en Syrie. À l'intérieur du pays, outre l'instauration de l'état d'urgence et la multiplication des perquisitions au cours des derniers jours, François Hollande a déclaré que la dissolution des lieux et groupes faisant "l'apologie du terrorisme" se ferait "immédiatement".
Chronologie des faits: 3 terroristes arrêtés puis une femme kamikaze déclenche sa ceinture d'explosifs
Dans l'appartement pris d'assaut à l'aube dans le coeur de Saint-Denis, commune du nord de Paris à forte population immigrée, se trouvaient donc plusieurs djihadistes présumés. Trois d'entre eux ont d'abord été extraits vivants par les agents du Raid. Après quoi, une femme kamikaze, qui se trouvait aussi dans l'appartement, s'est fait exploser (témoignage d'un riverain qui a entendu la police parler à la kamikaze). Un autre terroriste a également été tué.
Après ces faits, deux autres suspects ont encore été interpellés. Ils étaient cachés à l'intérieur de l'immeuble dans les gravats provoqués au cours de l'opération. Un voisin a témoigné les avoir vus sortir menottés, emmenés par le Raid, le premier sans pantalon, le second en tee-shirt blanc.
Plusieurs policiers ont été blessés au cours de l'opération et un chien Malinois, peut-être utilisé pour flairer les explosifs, a été tué. Arrivé sur place à la mi-journée, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve qui a salué le travail des policiers du Raid et de la Brigade de recherche et d'intervention (BRI), "110 en tout", "qui sont intervenus de façon extrêmement courageuse (...) essuyant le feu pendant de nombreuses heures". Il a aussi souligné "le sang-froid des habitants de Saint-Denis".
Un homme (celui qui a prêté le logement aux terroristes, en savoir plus avec son interview avant son interpellation) et une connaissance à lui (une femme) ont aussi été interpellés et placés en garde à vue. Ces personnes se trouvaient à proximité immédiate de l’immeuble.
Les sept personnes interpellées, dont on ne connait pas l'identité, ont été emmenées à la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) pour être entendues. Le procureur de la République, François Molins, tiendra une conférence de presse à 19h00 mercredi, indique le parquet de Paris dans un communiqué. Il devrait donner des précisions quant à l'opération menée mercredi dans un appartement à Saint-Denis. L'identité des deux terroristes décédés, dont une femme kamikaze, et des sept personnes interpellées, n'a pour l'instant pas été confirmée.
VIDEO AMATEUR DES PREMIERS COUPS DE FEU: À VOIR AU BAS DE L'ARTICLE
Où est Abdelhamid Abaaoud?
Le cerveau présumé des attentats de Paris, le Belge Abdelhamid Abaaoud (Qui est-il?, lisez son portrait) constituait la cible de l'opération. On a cru un moment qu'il avait été capturé vivant puis cette hypothèse a été écartée. On ne sait donc pas s'il se trouvait dans cet appartement. À 10h, certaines sources indiquaient qu'il ne figurait en tout cas pas parmi les individus arrêtés.
Les djihadistes présumés projetaient un attentat dans le quartier d'affaires de La Défense, selon une source proche de l'enquête. "Les forces de l'ordre recherchaient des terroristes qui préparaient un acte prochain sur la base d'informations de la SDAT (les services antiterroristes, ndlr) et de l'étranger", a déclaré cette source à l'agence de presse Reuters. "C'est une nouvelle équipe qui projetait un attentat à La Défense". Des sources proches du dossier soulignent toutefois que la cible de l'assaut était bien Abdelhamid Abaaoud.
Un homme leur a prêté son appartement, qualifié de "squat"
L'immeuble où est situé l'appartement est qualifié de "squat". Selon le journal Le Monde, il est situé dans un quartier en pleine réhabilitation où sévit depuis des années un trafic de drogue. Le quartier est situé au coeur de Saint-Denis, commune à forte population immigrée où se croisent plus d'une centaine de nationalités différentes.
Un homme qui dit avoir hébergé deux personnes "qui venaient de Belgique" dans cet appartement visé par l'assaut antiterroriste, a été interpellé par les policiers. "Un ami m'a demandé d'héberger deux de ses potes pour quelques jours", a raconté cet homme d'une trentaine d'années, qui a expliqué avoir mis à leur disposition un appartement situé 8, rue du Corbillon (en savoir plus). Il a été interpellé par la police immédiatement après s'être exprimé devant les médias (vidéo).
Cinquante militaires déployés: la population doit éviter le centre-ville
Une cinquantaine de militaires ont été déployés à Saint-Denis, ont rapporté des journalistes de l'AFP. Ils se sont postés à l'entrée du périmètre de sécurité le long des vitrines des magasins, fusils d'assaut à la main, portant gilets pare-balles et casques. De fortes détonations ont été entendues à de nombreuses reprises durant les quatre dernières heures après le début de l'opération, ponctuées d'intenses échanges de tirs.
Les établissements scolaires, écoles et collèges, n'ouvriront pas mercredi dans le centre-ville de Saint-Denis, ont annoncé les autorités locales. Il est demandé "à la population d'éviter absolument la zone du centre-ville", selon les mêmes sources. Tous les métros, bus et tramways desservant Saint-Denis étaient à l'arrêt en raison de l'intervention policière antiterroriste en cours, selon la régie des transports RATP.
La cible: le belge Abdelhamid Abaaoud
Selon une source policière, la cible de l'assaut est Abdelhamid Abaaoud, "cerveau" présumé des attentats de vendredi. Membre de l'organisation Etat islamique (EI), qui a revendiqué les attentats, ce jihadiste belge de 28 ans, surnommé Abou Omar Soussi ou Abou Omar al-Baljiki, est recherché depuis janvier, soupçonné d'avoir également projeté des attentats en Belgique. (Qui est-il?, lisez son portrait)
Le SMS envoyé sur le téléphone portable disait simplement "On y va"
Selon Francetv info, un téléphone portable abandonné vendredi soir, tout près du Bataclan a permis à l'enquête d'avancer. Ce portable contenait un plan détaillé du Bataclan et un SMS envoyé qui disait "On y va". C'est à partir de ce SMS que la police aurait déclenché l'opération de cette nuit (En savoir plus)
Les riverains entendent des "boum"
Alexia, qui se trouvait à sa fenêtre, a entendu "des tirs a partir de 04H25, des 'boum' comme des grenades puis des rafales intermittentes", a-t-elle raconté à l'AFP. Le maire Didier Paillard a fait état de "fusillades". "Les forces de l'ordre sont très tendues, sur le qui-vive", "un hélicoptère est au-dessus de la ville, les transports en commun, le métro, le tramway, sont arrêtés", a-t-il décrit.
Salah Abdeslam toujours recherché
Salah Abdeslam, 26 ans, soupçonné d'avoir été l'un des tireurs qui ont mitraillé vendredi soir les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser, est toujours activement recherché, notamment en Belgique, où les attaques ont été organisées selon les autorités.
Les enquêteurs disposent par ailleurs d'une vidéo accréditant l'existence d'un autre assaillant dans leur commando qui circulait à bord d'une Seat noire. Il pourrait être lui aussi en fuite à moins qu'il s'agisse d'un des deux complices présumés arrêtés samedi dans le quartier bruxellois de Molenbeek, plaque tournante du jihadisme, et inculpés par la justice belge pour "attentat terroriste". Ces deux hommes, Mohammed Amri, 27 ans, et Hamza Attou, 20 ans, sont aussi soupçonnés d'avoir exfiltré Salah Abdeslam en Belgique après les tueries.
Les trois équipes de terroristes seraient donc composées de neuf hommes au total
Les trois équipes coordonnées de jihadistes, qui ont fait 129 morts (dont 117 ont été identifiés) et 352 blessés (221 encore hospitalisés dont 57 en réanimation), auraient ainsi été composées de neuf hommes: trois kamikazes aux abords du Stade de France à Saint-Denis, trois autres dans la salle de spectacles du Bataclan et trois assaillants pour les terrasses de bars et restaurants à Paris.
Plusieurs kamikazes ont déjà été identifiés, tous français: Samy Amimour (28 ans), Omar Ismaïl Mostefaï (29 ans), Bilal Hadfi (20 ans) et Brahim Abdeslam (31 ans).
Mostefaï, Amimour et Hadfi se sont rendus en Syrie. C'est probablement le cas aussi des deux frères Abdeslam.
Les policiers sont aussi à la recherche d'informations sur un des kamikazes du Stade de France, dont ils ont diffusé mardi soir la photo dans le cadre d'un appel à témoins. Cet homme est passé par la Grèce cet automne et on a retrouvé près de son cadavre un passeport syrien dont l'identité correspond à celle d'un soldat de Bachar al-Assad tué il y a plusieurs mois.
En Belgique, où le niveau d'alerte a été relevé, un autre frère Abdeslam, Mohamed, a conseillé à Salah "de se rendre".
Coalition avec Washington et Moscou
Le gouvernement français présente ses premières mesures d'exception contre le terrorisme décidées après le carnage sans précédent. Le Conseil des ministres doit examiner mercredi le projet de loi sur la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois, qui doit être voté jeudi par l'Assemblée nationale et vendredi par le Sénat. Un état d'urgence jusqu'alors confiné à la métropole, qui sera étendu à l'outre-mer.
Pour organiser la riposte militaire, François Hollande rencontrera Barack Obama à Washington le mardi 24 novembre et Vladimir Poutine à Moscou le jeudi 26, dans l'espoir d'une coalition unique visant à "détruire" l'EI. Le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné à sa marine de "coopérer" avec la France.
Paris a réclamé mardi l'assistance militaire des pays de l'Union européenne (UE), après une nouvelle nuit de bombardements français à Raqa, fief de l'EI, qui ont repris dans la soirée pour le troisième jour consécutif. L'UE a fait part de son soutien "unanime".
Des dizaines de personnes continuent de se recueillir chaque jour devant les lieux des attentats, dans une ambiance pesante.
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