Incendies, agriculture intensive, extraction minière et pétrolière, occupations illégales de territoires: la pandémie de Covid-19 est venue aggraver tous les maux que subit l'Amazonie, fragilisant ses premiers défenseurs, les indigènes, et détournant l'attention mondiale pendant que les feux reprennent de plus belle.
Espace crucial pour la santé de la planète, le bassin amazonien, qui abrite la plus grande forêt tropicale du monde, s'étend sur 7,4 millions de kilomètres carrés et occupe près de 40% de la superficie de l'Amérique du Sud, courant sur neuf pays: le Brésil, la Bolivie, le Pérou, l'Equateur, la Colombie, le Venezuela, le Guyana, le Surinam et la Guyane (France).
Pendant que le monde est focalisé sur la pandémie, les incendies criminels sévissent de plus belle, après une année 2019 où ils avaient horrifié la planète. L'objectif des personnes qui mettent le feu est d'accélérer la déforestation pour laisser la place à la culture du soja (destiné à nourrir le bétail) ou à l'élevage de bovins, des exportations-clés du Brésil.
Les derniers chiffres confirment les pires craintes : la déforestation de l'Amazonie s'est accélérée de 25% au premier semestre par rapport à la même période de 2019, où elles avaient déjà atteint un record, selon l'Institut National brésilien des recherches spatiales. Au total, 2.248 départs de feu ont été enregistrés dans la forêt amazonienne en juin 2020, contre 1.180 en 2019. En juillet 2020, ce chiffre est monté à 6.803, contre 5.318 en 2019. Et les spécialistes craignent un mois d'août particulièrement dévastateur, déjà marqué par des incendies ravageurs au Pantanal brésilien.
Malheureusement, ces incendies ravageurs passent au second plan avec la pandémie de coronavirus. En effet, lorsqu'elles n'en sont pas les complices, les autorités voient leurs capacités à combattre la déforestation plus limitée durant la période actuelle. D'autant pour que pour le président brésilien Jair Bolsonaro, ces chiffres sont faux. "Parce que c'est une forêt tropicale, comme la plupart d'entre vous le savent, elle ne peut pas prendre feu, a-t-il expliqué à l'AFP. Donc cette histoire selon laquelle l'Amazonie brûle est un mensonge, et nous devons nous battre avec des chiffres réels, et c'est ce que nous faisons ici au Brésil."
Le président brésilien a été plus loin, expliquant que les incendies avaient même… diminué. "Sur la période entre juillet de l'an dernier et juillet de cette année, nous avons constaté une diminution de 28 % de la déforestation ou des incendies dans la région. Mais même avec ces chiffres, nous sommes critiqués. Le Brésil est une puissance agricole, des menaces pèsent sur nous, tout le temps, et malheureusement quelques Brésiliens œuvrent contre nous sur cette question."
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