BlackBerry arrête la fabrication de ses téléphones et, à l'instar d'Apple, va sous-traiter toute sa production pour se recentrer sur ses activités de services aux entreprises dans une nouvelle tentative pour sortir de l'ornière.
Pionnière des smartphones avec un premier téléphone connecté à internet lancé en 2000, la société établie au sud de Toronto cherche, en vain depuis bientôt quatre ans, à faire briller à nouveau son étoile.
Confronté à une érosion ininterrompue du nombre d'utilisateurs, divisés par quatre depuis l'apogée de l'entreprise fin 2012 (80 millions), BlackBerry souhaite se concentrer sur le service aux sociétés.
Mais là aussi, cette clientèle fond comme neige au soleil: entre le premier trimestre fiscal et le deuxième qui vient de s'achever le 31 août, 300 entreprises ont tourné le dos à la société canadienne, soit une baisse de 10%.
La part de marché de BlackBerry dans les smartphones est tombée sous 1%, selon le cabinet spécialisé IDC.
Cela s'est traduit par des résultats en chute libre, avec une perte de 372 millions de dollars américains au deuxième trimestre, contre un gain de 51 millions à la même période un an plus tôt. Son chiffre d'affaires s'est effondré de 32% à 334 millions de dollars.
La direction a tranché: "la société projette de mettre fin à tout le développement de matériel en interne et va sous-traiter cette tâche à des partenaires", a annoncé dans un communiqué le PDG, John Chen.
"Cela va nous permettre de réduire nos besoins en capital et d'améliorer le retour sur le capital investi", a-t-il relevé, estimant que l'entreprise avait atteint "un point d’inflexion".
Cette mesure a été immédiatement saluée par les marchés. L'action BlackBerry gagnait 4,31%, à 8,22 dollars, vers 15h00 GMT, à New York, après avoir bondi de 7% à l'ouverture.
- 'Distraction' -
"Le commerce des téléphones a été une distraction pour BlackBerry et les investisseurs depuis maintenant plusieurs années", a observé John Jackson, analyste chez IDC.
"Cette décision devrait aider les investisseurs, les consommateurs et la compagnie elle-même à se concentrer seulement sur le commerce de services et de logiciels, qui est confronté à une compétition féroce, mais qui est aussi le secteur dans lequel BlackBerry évolue depuis le début", a souligné M. Jackson dans un commentaire à l'AFP.
BlackBerry a ainsi conclu un accord de coentreprise avec PT Tiphone Mobile Indonesia pour créer PT BB Merah Putih, pour fabriquer les appareils BlackBerry en Indonésie.
"BlackBerry n'est plus seulement une marque de smartphone", a fait valoir M. Chen, disant vouloir s'atteler au développement de logiciels des plus performants.
"Cette coentreprise n'est qu'une des nombreuses étapes attendues pour permettre la réussite de notre stratégie de mise sous licence de nos logiciels", a-t-il noté.
BlackBerry avait annoncé il y a un an le lancement d'un premier smartphone fonctionnant sous son propre système d'exploitation, BB 10, mais aussi sous celui de Google, Android.
"BB Merah Putih va fabriquer, distribuer et faire la promotion des appareils BlackBerry qui utilisent les logiciels et applications BlackBerry", a souligné l'entreprise canadienne.
Cet accord avec une filiale du leader indonésien du marché PT Telekomunikasi s'inscrit dans un programme du gouvernement indonésien visant à développer la fabrication locale de smartphones.
Ce n'est pas la première fois que BlackBerry s'associe à un prestataire externe pour la production de ses téléphones. En décembre 2013, l'entreprise canadienne avait annoncé un partenariat avec le fabricant taïwanais Foxconn, sous-traitant historique d'Apple, pour la production du modèle Z3, une version à bas coûts du modèle Z10 destiné aux marchés émergents tels que l'Indonésie ou l'Inde.
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