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Elections en Bolivie : le président Morales compare la grève générale à un "coup d'Etat"

 

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La Bolivie connaissait mercredi une grève générale, émaillée de nouveaux incidents, pour contester le dépouillement de la présidentielle de dimanche donnant quasiment vainqueur le président sortant Evo Morales, lequel a dénoncé un "coup d'Etat" à son encontre.

"Un processus de coup d'Etat est en cours (...) la droite s'est préparée, avec le soutien international, à un coup d'Etat", a martelé mercredi devant la presse le dirigeant socialiste de 59 ans.

M. Morales s'est aussi dit "quasi sur et certain" de pouvoir être réélu sans avoir recours à un second tour, face à son principal rival, le centriste Carlos Mesa, "avec les votes des régions rurales".

La mission d'observation électorale de l'Organisation des Etats américains (OEA) en Bolivie a pour sa part estimé mercredi que la "meilleure solution" serait de déclarer un ballotage entre les deux candidats.

"Etant donné le contexte et les problèmes que rencontre ce processus électoral, la meilleure solution reste d'organiser un second tour", a estimé un de ses hauts responsables Gerardo Icaza, à l'occasion d'une réunion d'urgence de l'OEA à Washington. Cet organisme accepté de procéder à un audit du processus de dépouillement à la demande du gouvernement.

Le président du Venezuela Nicolas Maduro a apporté mercredi son soutien à Evo Morales, dénonçant lui aussi un "coup d'Etat annoncé".

Carlos Mesa, 66 ans, a de son côté appelé mercredi ses partisans à la "mobilisation permanente (..) pour défendre le vote".

- "Mesa, pas pour nous" -

De nouveaux affrontements avec les forces de l'ordre ont eu lieu dans la soirée à La Paz et ailleurs en Bolivie et le feu a été mis au tribunal électoral départemental à Santa Cruz (est), principale ville, locomotive économique du pays et bastion de l'opposition au gouvernement, et à Beni (nord). Trois autres instances locales électorales ont été incendiées depuis dimanche.

"La Bolivie, ce n'est pas le Venezuela", pouvait-on lire sur un graffiti à Santa Cruz, d'où est parti mardi soir la grève générale. Des affrontements entre manifestants des deux camps y ont éclaté dans la matinée, faisant deux blessés, a constaté l'AFP.

"Je veux appeler le peuple bolivien à se mobiliser de manière pacifique et dans le cadre de la Constitution, pour défendre la démocratie", a encore dit Evo Morales, qui a décrété "un état d'urgence".

En réponse, plusieurs milliers de mineurs, indiens et travailleurs, se sont réunis mercredi à la mi-journée sur la place San Francisco, avec l'église coloniale du même nom et les montagnes en toile de fond.

Au milieu des pétards et des discours, ils ont agité des wiphalas multicolore, le drapeau des ethnies des Andes, et des banderoles où l'on pouvait lire "Evo 2020-2025", les dates de son éventuel quatrième mandat.

L'opposant Carlos "Mesa n'est pas pour nous (les indigènes). Nous n'allons pas laisser cela arriver, nous sommes la majorité (...) Ils parlent de fraude, mais ils sont racistes et nous discriminent. Avant, les soeurs (indigènes) ne pouvaient pas entrer dans les bureaux, aujourd'hui ce n'est plus le cas. On ne veut pas revenir au passé", confie Justina Loza, 43 ans, femme portant chapeau melon et "pollera", une lourde robe traditionnelle.

- "Autocratie" -

Le lent comptage officiel des votes se poursuivait mercredi. Pour éviter un second tour, le candidat en tête doit obtenir la majorité absolue ou au moins 40% des suffrages et 10 points de pourcentage d'écart sur le deuxième.

Or, selon les derniers résultats officiels du dépouillement, avec moins de 3% seulement des bulletins restant à recenser, M. Morales était crédité à 17H000 (21H00 GMT) de 46,22% des voix contre 37,2% pour Carlos Mesa, soit une avance proche des 10 points de pourcentage nécessaires.

Après de premiers chiffres partiels, dimanche soir, laissant entrevoir un second tour inédit, de nouveaux résultats diffusés lundi par l'autorité électorale avaient pratiquement donné la victoire au chef de l'Etat sortant, suscitant de la part de l'opposition et des observateurs internationaux des soupçons de fraude.

Une partie des Boliviens, qui dénonce une "autocratie", n'a pas digéré la décision de M. Morales de briguer un quatrième mandat, alors que les électeurs s'étaient prononcés contre à l'occasion d'un référendum en 2016.

Le coup d'envoi de la grève nationale a été donné mardi soir dans l'est de la Bolivie par Luis Fernando Camacho, le président de l'influent Comité Pro-Santa Cruz, une organisation de la société civile conservatrice qui regroupe représentants des quartiers, des commerces, des transports et des chefs d'entreprise. D'autres organisations équivalentes existent ailleurs en Bolivie où la grève est plus ou moins suivie.

Signe du malaise entourant le dépouillement, le vice-président du Tribunal suprême électoral bolivien (TSE), Antonio Costas, a claqué la porte de cette institution, critiquant le système de comptage.


 

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