Le ministre brésilien de la Transparence, Fabiano Silveira, a démissionné lundi après la divulgation d'un enregistrement où on l'entend critiquer l'enquête en cours sur l'énorme scandale de corruption Petrobras, selon des sources officielles.
En une semaine, M. Silveira est le deuxième ministre à devoir quitter le gouvernement du président par intérim du Brésil, Michel Temer, en liaison avec l'opération anticorruption qui secoue depuis des mois les élites politiques et économiques du pays.
Le 23 mai, le ministre de la Planification, Romero Juca, s'était mis "en réserve" du gouvernement, entré en fonctions seulement onze jour plus tôt, après la révélation d'une conversation dans laquelle il se prononçait pour la fin de l'enquête sur le scandale Petrobras, dans lequel il est lui-même mis en cause. On avait appris le lendemain qu'il avait été limogé.
M. Juca suggérait dans cette conversation que si la destitution de la présidente Dilma Rousseff était finalement prononcée, cela permettrait d'arrêter les investigations sur le scandale.
Après avoir été pendant cinq ans vice-président, Michel Temer, du parti centriste PMDB, assure depuis le 12 mai l'intérim de la présidence, après la suspension de Dilma Rousseff, accusée par l'opposition d'avoir maquillé les comptes publics et menacée de destitution.
Mme Rousseff a été mise à l'écart par le Sénat pour un maximum de six mois en attendant le jugement final des sénateurs dans la procédure de destitution engagée contre elle.
Dans un enregistrement rendu public par la télévision Globo dans la nuit de dimanche à lundi, on entend M. Silveira discuter de l'opération anticorruption qui a mis au jour le vaste scandale de corruption lié au groupe pétrolier public Petrobras.
Ses interlocuteurs sont Renan Calheiros, président du Sénat, et Sergio Machado, ex-président de Transpetro, une filiale de Petrobras. Ces deux hommes sont l'objet d'investigations dans le cadre du scandale Petrobras.
La conversation date du mois de mars, à un moment où M. Silveira était membre du Conseil national de la justice. On entend notamment M. Silveira déclarer que le Parquet est "perdu" dans l'affaire Petrobras et conseiller M. Machado pour faire face à sa procédure.
Dans sa lettre de démission, M. Silveira déclare n'avoir jamais imaginé "faire l'objet de spéculations si insolites".
Les propos tenus "étaient des commentaires d'ordre général et de simples opinions, amplifiés par le climat d'exaspération politique que nous constatons tous", assure M. Silveira dans sa lettre, dont un extrait a été publié dans la presse brésilienne.
Lundi, des fonctionnaires du ministère de la Transparence, créé par le président par intérim Temer pour lutter contre la corruption, ont réclamé le départ de M. Silveira. Ils ont été soutenus par l'ONG Transparency International.
M. Machado a signé un accord de coopération avec les autorités et serait en mesure de compromettre des membres du grand parti centriste PMDB de M. Temer.
L'affaire Petrobras, le plus grand scandale de corruption de l'histoire du Brésil, a largement déstabilisé la scène politique brésilienne, impliquant des dizaines de responsables en exercice et envoyant derrière les barreaux des personnalités du Parti des travailleurs (PT), la formation de gauche de Mme Rousseff et de son mentor et prédécesseur Luiz Inacio Lula da Silva, ainsi que des hommes d'affaires en vue.
On estime que les fraudes ont coûté au groupe pétrolier brésilien environ 2 milliards de dollars en une décennie.
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