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Canada: l'auteur d'une attaque meurtrière au camion-bélier reconnu coupable

 
 

L'auteur d'une attaque au camion-bélier qui avait fait 10 morts et 16 blessés en avril 2018 au centre de Toronto, a été déclaré coupable de ses actes mercredi et devrait passer au moins 25 ans derrière les barreaux.

Dans un verdict lu en direct sur YouTube, la magistrate Anne Molloy a rejeté les arguments de l'avocat d'Alek Minassian, 28 ans, qui avait plaidé l'irresponsabilité pénale de son client, atteint d'autisme et déficient mental.

Ce verdict de culpabilité pour 10 assassinats et 16 tentatives, entraîne automatiquement une peine de prison à vie, assortie d'une peine de sûreté d'au moins 25 ans. La sentence sera formellement déterminée lors d'une audience ultérieure mi-mars.

Minassian, qui souffre du trouble du spectre de l'autisme (TSA) depuis son enfance, a reconnu les faits et l'enjeu du verdict était de déterminer s'il avait conscience de ses actes au moment où ils ont eu lieu.

Rappelant que l'accusé avait soigneusement prémédité son acte pendant plusieurs semaines, la juge Molloy a estimé qu'il avait "librement choisi l'option qui était moralement mauvaise, en ayant conscience des conséquences qu'elle aurait pour lui-même" et ses victimes.

Cette attaque "était l'acte d'un esprit rationnel, malgré sa nature horrible et le fait qu'il n'a montré ni remords ni empathie pour ses victimes", a souligné la magistrate.

A la sortie du tribunal, le verdict a été salué par plusieurs victimes de l'attaque, la pire qu'ait connue la métropole canadienne.

"Je suis heureuse qu'il aille en prison pour très longtemps et qu'on n'ait plus à s'inquiéter de ce qui va lui arriver", a déclaré à l'AFP Catherine Riddell, blessée lors de l'attaque. "Je ne suis pas d'humeur à faire la fête, ce n'est pas une célébration. Personne ne sort vainqueur dans cette affaire mais c'est ce qu'il fallait faire."

La juge Molloy a refusé de nommer l'accusé par son nom, soulignant qu'il avait lui-même indiqué avoir lancé cette attaque "horrible", qui visait à "tuer le plus de monde possible", pour obtenir une notoriété planétaire. Il avait ensuite tenté de se faire abattre par un policier, qui l'avait finalement arrêté sans violence.

L'avocat de M. Minassian, Boris Bytensky, s'appuyant sur des expertises psychiatriques, avait plaidé que l'état mental de son client, dénué d'empathie et incapable de discerner le bien du mal selon lui, le rendait incapable de faire des choix rationnels.

C'est la première fois au Canada que l'autisme était invoqué pour tenter d'obtenir un verdict de non-responsabilité criminelle, selon plusieurs juristes.

La Coalition des autistes de l'Ontario a salué le verdict, qui constitue à ses yeux un "rejet ferme" de l'utilisation de l'autisme comme argument de défense.

"Les comportements violents n'ont pas de lien avec l'autisme, en fait les personnes atteintes d'un syndrome autiste sont bien plus susceptibles d'être victimes qu'auteurs de violences", a réagi l'association dans un communiqué.

- Quête de notoriété -

Alek Minassian a reconnu avoir loué une camionnette le 23 avril 2018 et avoir tué huit femmes et deux hommes, âgés de 22 à 94 ans, et blessé 16 autres personnes dans sa course meurtrière près de l'une des artères les plus fréquentées de Toronto.

Au volant d'une camionnette blanche de location, l'accusé avait roulé à vive allure entre les voies de circulation et les trottoirs, visant les passants sur environ deux kilomètres.

Avant de passer à l'acte, il avait publié sur Facebook un message à caractère misogyne dans lequel il assurait: "La rébellion +Incel+ a déjà commencé!".

Abréviation anglophone pour "involontairement célibataire", la mouvance "Incel" regroupe des hommes exprimant, notamment sur des forums en ligne, leur mépris des femmes, responsables selon eux de leur insatisfaction sexuelle.

Alek Minassian a ensuite indiqué à plusieurs experts lors de l'enquête que sa motivation principale était la quête de notoriété et qu'invoquer le mouvement Incel était avant tout un moyen de faire parler de lui.

Il a donné à différents experts des motivations divergentes pour justifier son acte, allant d'une anxiété avant de commencer un nouvel emploi à la volonté de devenir l'un des plus grands tueurs de masse de l'histoire.


 

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