L'ONU entend réduire d'ici 2030 de 30% les décès prématurés dus à des maladies chroniques (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète...), dites maladies non transmissibles, mais plus de la moitié des pays du monde ne sont pas dans les clous pour atteindre cet objectif, s'alarment des chercheurs.
Or les maladies non transmissibles (MNT), qui tuent près de 41 millions de personnes par an, soit sept personnes sur dix dans le monde, sont devenues une menace de grande ampleur pour la santé, loin devant les autres causes de mortalité mondiale comme les maladies infectieuses tels la tuberculose, le sida ou le paludisme.
Les habitants du Royaume-Uni, des États-Unis et de Chine ont un risque plus élevé de mourir prématurément (avant 70 ans) de maladies comme le cancer, les maladies cardiaques et les accidents vasculaires cérébraux (AVC) que ceux d'Italie, de France, de Corée du Sud et d'Australie, estiment les chercheurs dont l'étude est publiée vendredi par la revue médicale The Lancet.
L'étude, sur les décès dus aux maladies dites non transmissibles (MNT) dans 186 pays de 2010 à 2016, paraît en amont de la troisième réunion des Nations unies dédiée à ces pathologies, le 27 septembre à New York.
En 2016, environ 40,5 millions des 56,9 millions de décès dans le monde étaient dus à des maladies non transmissibles, selon l'étude.
Selon cette dernière, 1,7 million (4% des décès dus aux MNT) sont survenus chez les moins de 30 ans, 15,2 millions chez les 30 à 70 ans et 23,6 millions chez les 70 ans et plus.
Selon ces estimations, 32,2 millions de ces décès étaient dus aux cancers, maladies cardiovasculaires (dont AVC), pneumopathies chroniques et diabète, tandis que les 8,3 millions restants sont attribués à d'autres maladies non transmissibles (mentales, neurologiques, rénales).
- Hypertension, alcool, tabac -
La réduction de 30% de la mortalité prématurée due aux quatre principales maladies chroniques ou MNT - cancers, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires chroniques et diabète - d'ici 2030 est un objectif fixé par les Nations unies en 2015.
Selon l'étude, 35 pays sont prêts d'atteindre l'objectif de l'ONU de réduction de cette mortalité prématurée (entre 30 et 70 ans) pour les femmes et 30 pays pour les hommes. Il s'agit pour la plupart de pays riches où cette mortalité est déjà faible.
La France pourrait atteindre cet objectif pour les deux sexes en 2040, selon la revue.
Un pays sur dix a vu ses taux de mortalité stagner ou s’aggraver.
Aux États-Unis par exemple, le taux de MNT chez les femmes a stagné. Près d'une femme de 30 ans sur huit y est décédée avant ses 70 ans de l'une des quatre principales MNT, contre une sur vingt dans le pays le plus performant, la Corée du Sud.
"Trop de gens meurent trop tôt" souligne le Collège impérial de Londres, co-signataire de ce travail, réalisé avec l'OMS et la revue médicale notamment.
Pour le professeur Majid Ezzati, du Collège impérial, qui a supervisé l'étude, "le traitement de l'hypertension et le contrôle de la consommation de tabac et d'alcool, à eux seuls, peuvent prévenir des millions de décès dus au cancer, aux maladies cardiaques, aux accidents vasculaires cérébraux et à d'autres maladies non transmissibles".
"Mais il faut aussi des soins accessibles et de grande qualité pour diagnostiquer et traiter les maladies chroniques le plus tôt possible", ajoute-t-il.
L'OMS, qui avait déjà tiré la sonnette d'alarme en septembre 2017, souligne les effets "dévastateurs" des maladies non transmissibles dans un document de présentation de la réunion à New York . "Au cours des 15 prochaines années, les coûts humains et économique des MNT devraient s’élever, selon les estimations, à plus de 7.000 milliards de dollars dans les seuls pays en développement", note-t-elle.
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