Coupures d'eau et d'électricité, routes barrées et habitants qui constatent les dégâts : Zhengzhou tente de reprendre jeudi le dessus après les inondations qui ont fait au moins 33 morts dans cette cité du centre de la Chine.
La métropole de plus de 10 millions d'habitants avait subi mardi des inondations dévastatrices, qui ont notamment englouti une rame de métro, après trois jours de pluies torrentielles représentant l'équivalent d'un an de précipitations.
Après les inondations meurtrières en Allemagne, le changement climatique est à nouveau montré du doigt pour expliquer les pires intempéries survenues dans la ville depuis le début des relevés météorologiques il y a 60 ans.
"Ces catastrophes montrent que les événements climatiques extrêmes et leur intensité vont croissants", écrit jeudi le quotidien Global Times dans un éditorial.
Zhengzhou (prononcer: "Djengue-djo"), à environ 700 km au sud de Pékin, reste envahie par les flots dans certains quartiers, alors qu'agents municipaux, dépanneurs et pompiers déblayent les rues et déploient d'immenses pompes.
Le complexe résidentiel Shangdu Jiayuan, avec ses dizaines de tours modernes d'une vingtaine d'étages, a été l'un des plus touchés et plusieurs bâtiments restent cernés par les eaux -- parfois jusqu'à un mètre de hauteur.
"On a encore le gaz, mais plus d'eau et d'électricité, ça a sauté à cause des inondations", explique Wang Chaoyang, un jeune père de famille qui promène son chien sur l'esplanade devant son immeuble.
"Donc, on nous distribue de l'eau et des saucisses", déclare-t-il en pointant une rangée de tables où des responsables du Parti communiste organisent la distribution des dons provenant des entreprises ou des autorités.
- "Larmes" -
"Beaucoup de monde est sur le pont. Je me suis levé à 3h pour acheminer ces cartons de nouilles instantanées", explique Cao Lei, 36 ans, membre d'un de ces groupes de bénévoles venus de toute la Chine et qui se mobilisent à chaque catastrophe naturelle.
Ce sont surtout les personnes âgées pour qui la situation reste difficile, car le niveau d'eau à l'extérieur du quartier empêche toute sortie.
"Et puis sans électricité, pas de smartphone, donc c'est difficile de communiquer", explique Wang Xinchang, résident de 60 ans.
Avec son canot gonflable, Du Rongqiang et son équipe de sauveteurs bénévoles a déjà ravitaillé des dizaines d'habitants dans leurs appartements.
"Certains ont les larmes aux yeux quand on arrive chez eux", raconte l'ex-militaire de 50 ans. "Les inondations de cette année, je n'avais jamais vu une telle intensité. C'est évidemment compliqué pour nous".
Sous une faible pluie voire sous de belles éclaircies l'après-midi, de nombreux habitants sont sortis jeudi pour acheter de la nourriture voire se rendre au travail.
A la sortie d'un tunnel du centre-ville, beaucoup restaient stupéfaits devant l'entassement de dizaines de véhicules emportés par les flots mardi.
On ignore si des automobilistes se trouvent toujours dans les voitures, dont certaines n'ont que le toit qui émerge de l'eau boueuse.
La télévision publique CCTV a montré jeudi une armée de secouristes en train de déblayer une voie ferrée couverte de boue et de gravats. Des pelleteuses étaient aussi en action.
- Début de polémique -
Le président Xi Jinping avait appelé mercredi à la mobilisation après ces inondations qualifiées "d'extrêmement graves".
Le pays reste sous le choc des images d'une rame de métro, envahie mardi par une crue soudaine, avec des passagers qui gardent la tête hors de l'eau debout sur des sièges.
Quelque 500 usagers se sont retrouvés pris au piège entre deux stations, a précisé jeudi l'opérateur du métro, déplorant la mort de 12 passagers.
Nombreux sont ceux en Chine qui s'interrogeaient sur un manque d'anticipation des autorités.
"Comment se fait-il [...] que le métro n'ait pas été fermé?", pestait un internaute dans une discussion sur le réseau social Weibo qui dépassait jeudi les 92 millions de vues.
Face à la pression, le ministère des Transports a appelé les opérateurs de métro à "améliorer leurs plans d'urgence" en cas d'intempéries.
Le gouvernement a débloqué une aide d'urgence de 100 millions de yuans (13 millions d'euros) en faveur du Henan, la province très peuplée dont Zhengzhou est la capitale.
Le dernier bilan pour l'ensemble de la province fait état de 33 morts et huit disparus, tandis que 376.000 personnes ont été évacuées.
La météorologie nationale annonce encore des pluies avant une accalmie vendredi. Mais plus au nord, dans le Hebei, la province qui entoure Pékin, certains secteurs ont été placés à leur tour en alerte rouge.
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