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Comment le décret immigration de Donald Trump a vu le jour

Comment le décret immigration de Donald Trump a vu le jour
Soldats de l'armée des Etats-Unis en faction devant la Maison Blanche, le 27 janvier à WashingtonBrendan Smialowski
 
 

La Maison Blanche a rejeté dimanche les accusations d'avoir agi de façon précipitée pour le décret du président Donald Trump bloquant l'accès aux Etats-Unis de ressortissants de sept pays musulmans et de réfugiés, affirmant avoir consulté les instantes compétentes quant à ses conséquences et à sa constitutionnalité.

Le décret signé vendredi par M. Trump au nom de la protection du territoire américain contre des attaques terroristes suspend l'entrée de tous les réfugiés de ces pays pendant 120 jours et indéfiniment pour les Syriens.

Il bloque aussi l'accès pendant 90 jours des ressortissants de sept pays (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et le Yémen) le temps de réexaminer et de renforcer le processus de vérification pour les admissions.

Mais l'entrée en vigueur immédiate de cet ordre présidentiel a provoqué une situation chaotique, les agents de l'immigration n'ayant apparemment pas tous reçu des consignes précises et harmonisées sur les multiples cas de figures possibles.

Selon le Département de la Sécurité Intérieur 109 personnes déjà en route vendredi vers les Etats-Unis ont été placé en rétention à leur arrivée, tandis que 173 n'ont pas pu embarquer dans les avions à destination de ce pays. Samedi, une juge fédérale a interdit toute expulsion et la plupart ont été libérées.

Le porte-parole de la Maison Blanche, Sean Spicer a justifié la vitesse d'exécution dans une interview sur la chaîne ABC dimanche, en expliquant que "l'administration ne pouvait pas télégraphier ses intentions avant l'entrée en vigueur du décret car cela aurait provoqué une venue massive de personnes de ces pays avant ce qui aurait posé des problèmes de sécurité".

Il a assuré que les responsables des différentes agences concernées comme les douanes et les services d'immigration, "ont été dûment informés avant l'entrée en vigueur du décret et que des câbles continuent à être transmis par le département d'Etat".

- Processus précipité -

Un responsable de la Maison Blanche avait également expliqué samedi à la presse sous le couvert de l'anonymat, que "les conseillers du président avaient été en contact pendant plusieurs semaines au plus haut niveau avec les départements d'Etat et de la Sécurité Intérieure" pour préparer le décret, répondant aux critiques, même dans les rangs de la majorité républicaine, selon lesquelles M. Trump et ses conseillers n'avaient pas suffisamment consulté les instantes compétentes au sein du gouvernement fédéral.

"Toutes les personnes qui devaient savoir ont été informées", a affirmé ce responsable.

Mais le ministère de la Justice, dont les juristes et experts constitutionnels participent habituellement à la rédaction de tout décret présidentiel, ont été exclus du processus d'élaboration du décret, selon CNN --ce que la Maison Blanche nie.

La Maison Blanche s'est aussi efforcée de rejeter les accusations selon lesquelles ce décret discrimine les musulmans, pointant le fait que plusieurs autres pays musulmans ne sont pas visés par cette mesure.

Des ONG, des juristes, l'opposition démocrate et quelques représentants et sénateurs républicains comme Rob Portman ont fustigé cet ordre présidentiel jugé précipité et contraire aux valeurs américaines et en violation du premier amendement de la Constitution qui exclut toute forme de discrimination, religieuse, ethnique ou autre.

Plus de 4.000 professeurs d'université aux Etats-Unis ont co-signé une lettre s'opposant à cette mesure s'inquiétant qu'elle pourrait devenir permanente.

"Je pense comprendre son intention mais malheureusement ce décret paraît avoir été précipité sans un examen approfondi", a déploré le représentant républicain de Pennsylvanie Charlie Dent.

"Il y a de très nombreuses nuances dans une politique d'immigration qui peuvent être une question de vie ou de mort pour de nombreuses personnes innocentes et vulnérables dans le monde", a-t-il souligné, estimant que ces questions devaient être débattues au Congrès.

Anthony Romero, le directeur général de l'ACLU a prédit dimanche sur la chaîne CNN que ce cas "finirait devant la Cour Suprême".


 

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