Un premier mort du coronavirus a été annoncé mardi au Brésil, où une mobilisation des grandes métropoles a été critiquée par le président Jair Bolsonaro comme relevant d'"une certaine hystérie" préjudiciable à l'économie.
La présidence a annoncé mardi soir que le gouvernement allait demander au Parlement de reconnaître l'état de "calamité publique" jusqu'à la fin de l'année, afin d'augmenter les dépenses publiques "pour protéger la santé et les emplois des Brésiliens".
La première victime brésilienne est un homme de 62 ans, mort lundi dans un hôpital de Sao Paulo, ville la plus peuplée du pays et principal foyer de contamination.
Les autorités sanitaires locales ont précisé qu'il souffrait également de diabète et d'hypertension, et qu'il n'avait pas voyagé à l'étranger ces dernières semaines.
Le bilan pourrait s'alourdir: quatre décès suspects ont été recensés dans le même hôpital et des analyses sont en cours.
Le Brésil, un immense pays de 210 millions d'habitants, comptait mardi 291 cas confirmés, selon le dernier bulletin du ministère de la Santé.
Avant même l'annonce de ce premier décès, la ville de Sao Paulo et l'Etat de Rio de Janeiro --deuxième foyer de contamination du pays-- avaient déclaré l'état d'urgence, avec une série de mesures visant à endiguer l'expansion de la pandémie.
- "Crime contre la santé publique" -
Parmi ces mesures, d'importantes restrictions touchant les restaurants et les transports en commun, que le président Bolsonaro a jugées trop drastiques.
"L'économie allait bien mais ce virus a provoqué une certaine hystérie. Certains gouverneurs, à mon avis, même si je me trompe peut-être, ont pris des mesures qui vont porter préjudice à notre économie", a affirmé le chef de l'Etat sur la radio locale de Rio, Radio Tupi.
Le président d'extrême droite, âgé de 64 ans --qui a annoncé mardi soir que son second test était négatif-- avait déjà provoqué un tollé dimanche en allant saluer des partisans qui participaient à Brasilia à une manifestation pour le soutenir.
Il a serré des mains et posé pour des "selfies" en tenant lui-même des téléphones de manifestants, malgré les recommandations de son propre ministère de la Santé d'éviter les rassemblements.
"Pour le moment, le président ne semble pas prendre l'épidémie au sérieux", a fustigé le quotidien Estado de S. Paulo dans un éditorial publié mardi.
Janaina Paschoal, avocate ayant joué un rôle fondamental dans la destitution de l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff en 2016, a considéré lundi que Jair Bolsonaro --qu'elle avait pourtant soutenu lors de son élection-- devrait quitter sa fonction parce qu'il a "commis un crime contre la santé publique".
Le président a toutefois décidé mardi soir la fermeture "partielle" de la frontière avec le Venezuela, à partir de mercredi. "Ce n'est pas une fermeture totale, le transit des marchandises se poursuivra", a-t-il dit à des journalistes à Brasilia.
L'économie de l'Etat frontalier du Roraima est hautement dépendante de ses liens avec le Venezuela voisin, qui a décrété un confinement quasi total depuis mardi.
- Plan de soutien à l'économie -
La propagation du coronavirus a été prise très au sérieux par les autorités de Rio et de Sao Paulo, qui ont fermé dès vendredi les écoles et les lieux culturels.
Mardi, le décret d'état d'urgence a imposé de nouvelles restrictions mais a également permis de donner davantage de souplesse aux pouvoirs publics pour lutter contre la pandémie.
A Sao Paulo, le maire Bruno Covas a notamment décidé que la municipalité pourrait réquisitionner des biens et services auprès d'entreprises pour lutter contre l'expansion de la pandémie.
Dans les transports publics, du gel désinfectant doit être systématiquement à disposition des usagers. Ils "doivent fonctionner seulement à 50% de leur capacité (et) seules les places assises doivent être occupées", a précisé le gouverneur de Rio Wilson Witzel, sur TV Globo.
A Rio, le Pain de Sucre et le Christ rédempteur sont désormais fermés au public.
Les restaurants doivent fonctionner à 30% de leur capacité et privilégier la livraison à domicile ou la vente à emporter.
Pour tenter de limiter l'impact du coronavirus sur l'économie, le gouvernement a annoncé lundi soir un plan de soutien de 147,3 milliards de réais (26 milliards d'euros).
Le plan prévoit notamment d'anticiper le versement de prestations sociales pour stimuler la consommation et d'aider les petites entreprises pour éviter une vague de licenciements dans un pays qui compte déjà plus de 12 millions de chômeurs.
Une mesure saluée par un rebond de 4,85% à la clôture à la Bourse de Sao Paulo, au lendemain d'une dégringolade de près de 14%.
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