La Thïlande, jusqu'ici relativement épargnée, connaît une forte augmentation du nombre des cas de coronavirus, notamment à Bangkok. Écoles, bars et centres commerciaux ont fermé mais certains en appellent à la loi martiale et à un confinement total des quelque 10 millions d'habitants de la capitale.
Ce royaume a recensé dimanche 188 personnes supplémentaires contaminées par le Covid-19, la plus forte augmentation quotidienne depuis le début de la pandémie, portant à 599 le nombre total des malades, contre 114 le 15 mars.
80% des cas se concentrent à Bangkok et beaucoup sont liés à un tournoi de boxe thaïlandaise qui s'est déroulé au début du mois dans cette mégalopole.
"Nous étions serrés les uns contre les autres. Normalement, l'endroit n'est pas si bondé (...) mais il s'agissait d'un match spécial", a raconté un spectateur, testé depuis positif et cité dans des médias locaux.
La ville, déjà frappée de plein fouet économiquement par le coronavirus, est maintenant "au bord de la crise" sanitaire, a estimé à l'AFP le docteur Thiravat Hemachudha, de l'université Chulalongkorn à Bangkok.
"Nous aimerions que vous restiez à la maison. Ne voyagez pas dans le pays", a imploré dimanche le ministère thaïlandais de la Santé, exhortant les habitants de la capitale à ne pas fuir dans les provinces qui pourraient se retrouver submergées.
Des images de la plus grande gare routière de Bangkok, filmées par une chaîne de télévision, montraient cependant des centaines de personnes, notamment de nombreux travailleurs laotiens, sur les quais pour tenter de quitter la ville ou le pays.
Les compagnies aériennes Bangkok Airways et Thai AirAsia ont de leur côté annulé tous les vols internationaux tandis que leur homologue Thai Lion Air a entièrement ancré sa flotte.
- Bouclage progressif -
Et les gouverneurs provinciaux ont désormais les pleins pouvoirs pour fermer les postes frontaliers terrestres, exception faite de la circulation des marchandises.
La forte augmentation des cas ces derniers jours a surtout conduit le gouvernement à durcir les mesures à Bangkok.
Après la fermeture des écoles, des installations sportives, des bars et autres lieux de divertissement, les autorités ont procédé dimanche à celle jusqu'au 12 avril des innombrables centres commerciaux, des salons de beauté, etc.
"Seules les zones où sont vendus de la nourriture et des biens utilisés dans la vie quotidienne seront ouvertes", a précisé le gouverneur de Bangkok Aswin Kwanmuang.
Conséquence, des files d'attente se sont formées devant des supérettes de la capitale pour acheter des produits de première nécessité, des médicaments, etc.
L'armée multiplie en outre les opérations de désinfection dans les rues et les stations de métro.
Mais certains jugent qu'il faut aller plus loin dans cette ville, une des plus grandes d'Asie du Sud-Est.
Nous voyons ce qui s'est passé en Chine et maintenant en Europe, "si nous n'agissons pas immédiatement, on risque d'avoir une crise aussi grave qu'en Italie", a relevé Thiravat Hemachudha, qui demande la promulgation de la loi martiale pour trois semaines afin de forcer la population à se confiner.
D'après des médias, un verrouillage complet de Bangkok pourrait être imposé par décret dans les prochains jours.
Dans le reste du royaume, l'ensemble des écoles sont fermées ainsi que les lieux de divertissement dans les stations habituellement très touristiques de Pattaya et de Phuket. Toutefois, certaines plages restent relativement fréquentées.
La Thaïlande est réputée pour la qualité de ses infrastructures médicales, mais, selon Thiravat Hemachudha, seuls 600 médecins y sont formés pour prendre en charge des patients atteints du Covid-19 dans un état critique.
D'autres pays de la région du Mékong, eux aussi officiellement relativement épargnés jusqu'à présent, prennent également des mesures draconiennes et totalement inédites.
Le Vietnam, où 113 cas sont confirmés à ce jour, interdit à partir de ce dimanche l'accès à son territoire à tous les étrangers, hors cas exceptionnels.
Le Cambodge ne recense quant à lui que 84 cas.
Mais un récent rapport de l'université américaine d'Harvard estime qu'il est statistiquement impossible pour ce pays, ainsi que pour la Birmanie et le Laos, qui n'ont aucun cas déclaré malgré leurs liens économiques étroits avec la Chine, de ne pas avoir davantage de personnes contaminées.
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