Les deux pays les plus endeuillés par le nouveau coronavirus, l'Italie et l'Espagne, affichaient toujours dimanche de très lourds bilans et des hôpitaux surchargés, mais espéraient approcher enfin du pic de la pandémie, qui reste à venir pour les Etats-Unis, avec plus de 130.000 cas confirmés. Faute de vaccin ou de traitement éprouvé contre la maladie de Covid-19, qui a fait plus de 33.000 morts sur la planète, plus de trois milliards de personnes sont toujours confinées.
L'Europe totalisait dimanche à 10h00 GMT 22.259 décès pour 363.766 cas, l'Asie 3.761 décès (104.596 cas), le Moyen-Orient 2.718 décès (46.596 cas), les Etats-Unis et le Canada 2.250 décès (130.120 cas), l'Amérique latine et les Caraïbes 274 décès (13.544 cas), l'Afrique 134 décès (4.267 cas), et l'Océanie 16 décès (4.208 cas).
Depuis vendredi à 19H00 GMT, Brunei, le Togo, le Sri Lanka, le Qatar et la Jordanie ont annoncé les premiers décès liés au virus sur leur sol.
En nombre de cas, les États-Unis sont le pays le plus touché, avec 124.686 contaminations officiellement recensées, dont 2.191 décès et 2.612 guéris.
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EUROPE
Entre samedi et dimanche, l'Espagne a enregistré 838 morts, nouveau chiffre record de décès en 24 heures, pour le troisième jour de suite. Les chiffres laissent toutefois espérer que le pic de contagion approche, selon les autorités. En attendant, "notre problème fondamental est de garantir que les unités de soins intensifs ne saturent pas", a résumé le directeur du Centre d'urgences sanitaires, Fernando Simon. Le pays, qui compte désormais plus de 6500 morts, va durcir ses règles de confinement en vigueur depuis la mi-mars, déjà parmi les plus strictes. Le gouvernement devait approuver dimanche l'arrêt pour deux semaines de toutes les activités économiques "non essentielles".
En Italie, pays le plus touché au monde avec plus de 10.000 morts depuis samedi, le confinement semble toutefois commencer à montrer ses premiers effets avec la poursuite du lent ralentissement de la contagion. Le nombre de nouveaux cas positifs a augmenté de 5,6% sur 24 heures, contre 6,9% samedi, 7,4% vendredi et 8,3% jeudi. Autre signe positif: le nombre de personnes hospitalisées avec des symptômes n'a augmenté que légèrement (+710 pour un total de 27.386), de même que celui des patients en soins intensifs (+50 pour un total de 3.906). "Dans tous les services d'urgences, on enregistre une réduction" des arrivées de patients, selon Giulio Gallera, responsable de la santé de Lombardie.
En France, le nouveau coronavirus a causé 292 nouveaux décès enregistrés à l'hôpital en 24 heures, portant le bilan à 2.606 morts depuis le début de l'épidémie, selon Jérôme Salomon, le directeur général de la santé. Selon ce dernier bilan, 19.354 patients sont hospitalisés (+ 1.734) dont 4.632 en réanimation, soit un nouvel afflux de 359 personnes en une seule journée. Et 7.132 ont pu rentrer chez eux.
Le nombre de décès dus à une contamination au nouveau coronavirus aux Pays-Bas a augmenté de 132 unités, pour atteindre 771 morts au total, a indiqué dimanche l'Institut national de la Santé publique et de l'Environnement (RIVM). Le nombre de contaminations avérées aux Pays-Bas atteint 10.886 cas, soit 1.104 de plus que samedi. Depuis le début de l'épidémie de Covid-19, 3.483 patients ont été hospitalisés aux Pays-Bas.
Par contre, l'épidémie s'accélère au Royaume-Uni, où le bilan a franchi samedi soir la barre des 1000 morts. "Nous savons que les choses vont s'aggraver avant qu'elles ne s'améliorent", a prévenu le Premier ministre Boris Johnson, lui-même contaminé. Le royaume pourrait ne pas renouer avec une vie normale avant six mois ou plus, a averti dimanche la cheffe adjointe des services sanitaires britanniques, Jenny Harries.
L'Allemagne, qui compte plus de 48.000 cas officiellement déclarés de Covid-19 et quelque 400 morts, a aussi accueilli samedi six malades italiens. Ces dernières semaines, des patients français et italiens avaient déjà été pris en charge par des hôpitaux des régions frontalières comme la Sarre ou la Rhénanie-Palatinat.
La Russie, dernier pays de premier plan à n'avoir encore pris aucune mesure de confinement généralisé, va elle fermer ses frontières à partir de lundi, après avoir déjà ordonné la clôture de ses restaurants et la plupart de ses commerces avant une semaine chômée. En conséquence, les rues de Moscou étaient inhabituellement désertes samedi.
ASIE
La Chine (sans les territoires de Hong Kong et Macao), où l'épidémie a débuté fin décembre, a dénombré au total 81.394 cas, dont 3.295 décès, et 74.971 guérisons. Le pays, berceau de l'épidémie, dont il semble avoir endigué la progression sur son territoire, a fermé depuis samedi ses frontières à la plupart des étrangers et réduit drastiquement ses vols internationaux pour prévenir un retour du coronavirus via des cas 'importés'.
En Iran, les autorités ont annoncé samedi 123 nouveaux décès dus au coronavirus, ce qui porte à 2.640 morts le bilan officiel de la pandémie en Iran, un des pays les plus touchés par la maladie du Covid-19.
Les autorités sanitaires ont recensé 2.901 nouveaux cas de contamination au cours des dernières 24 heures, a déclaré Kianouche Jahanpour, porte-parole du ministère de la Santé lors de son point de presse télévisé quotidien. Au total, 38.309 cas ont été déclarés officiellement en Iran.
L'Afghanistan comptait officiellement deux morts du Covid-19 jeudi, ainsi que 80 cas de contamination parmi les Afghans et quatre parmi les militaires étrangers.
Mais la réalité pourrait être bien pire dans ce pays d'environ 35 millions d'habitants aux capacités de soins très limitées après 40 ans de conflits, et voisin de l'Iran, où l'épidémie fait rage depuis plusieurs semaines.
Devant l'urgence de la situation, les autorités afghanes ont annoncé la libération de jusqu'à 10.000 prisonniers dans les prochains jours afin d'éviter la propagation du virus.
Plus de 3.800 cas de nouveau coronavirus ont été officiellement recensés en Israël, où 12 personnes en sont décédées. Après plus d'un an de crise politique et trois législatives, M. Netanyahu devrait rester au pouvoir et former un "gouvernement d'urgence" pour gérer la pandémie, après le ralliement surprise de son rival Benny Gantz. "Notre objectif, à nous arabes et juifs, est de protéger l'humanité, nous appelons à ce que cesse l'incitation à la haine. Nous sommes dans le même panier, travaillons ensemble pour mettre fin à l'épidémie de coronavirus", affirme Choukri Awawda, l'un des instigateurs de la pétition.
AMERIQUE
Outre-Atlantique, la propagation du virus s'accélère fortement: le nombre de décès a doublé aux Etats-Unis depuis mercredi, franchissant la barre des 2000 samedi. Parmi les victimes figure un bébé de moins d'un an, une des plus jeunes victimes connues du Covid-19 qui épargne généralement les enfants. Le Dr Anthony Fauci, conseiller du président Donald Trump sur la pandémie, a évoqué sur CNN "des millions de cas" possibles et une fourchette de 100.000 à 200.000 morts potentiels aux Etats-Unis. Il a toutefois appelé à la prudence sur les projections.
Bonne nouvelle également au Canada où l'épouse du Premier ministre, Sophie Grégoire Trudeau, a annoncé samedi soir être guérie du coronavirus.
Plusieurs dizaines de tonnes d'aide, dont des respirateurs et 5 millions de masques, sont arrivées samedi à Caracas par avion depuis la Chine pour aider le Venezuela dans sa lutte contre le coronavirus qui a fait au moins deux morts dans le pays jusqu'à maintenant.
Au Brésil, la justice a annulé vendredi un décret du président Jair Bolsonaro qui exemptait les églises, les temples religieux et bureaux de loterie des mesures de quarantaine imposées dans certains États, considérant ces services comme essentiels, au même titre que ceux des pharmacies ou des supermarchés. "L'accès aux églises, aux temples religieux et aux loteries encourage les attroupements et la circulation des personnes", a fait valoir le juge.
Au Groenland, le gouvernement a annoncé samedi soir l'interdiction de la vente d'alcool dans sa capitale Nuuk et sa région pendant le confinement lié à l'épidémie du nouveau coronavirus pour limiter les violences.
"Dans une situation aussi particulière, nous devons prendre de nombreuses précautions pour éviter l'infection. Mais le coeur de ma décision est de protéger les enfants, ils doivent avoir un foyer sûr", a expliqué le chef du gouvernement groenlandais Kim Kielsen dans un communiqué.
Dans l'immense île arctique, territoire autonome danois, près d'une personne sur trois a été victime d'abus sexuel pendant son enfance, un fléau majoritairement lié à la consommation d'alcool et de stupéfiants et l'ignorance des droits de l'enfant. Les écoles sont fermées depuis lundi et une hausse des violences domestiques a été constatée.
AFRIQUE
Dans les pays les plus pauvres, notamment en Afrique, les restrictions de déplacements sont compliquées à mettre en oeuvre et provoquent une vague d'exode urbain, notamment au Kenya et à Madagascar.
Ainsi des centaines de Malgaches s'étirent en file indienne en laissant derrière eux leur capitale Antananarivo. "On a arrêté de travailler pour respecter la discipline du confinement, alors qu'on doit manger et nourrir nos enfants", explique Richard Rakotoarisoa père de famille de 30 ans. "Pour moi, c'était être indiscipliné ou partir" de la capitale Antananarivo.
Et en Afrique du Sud, la police a tiré samedi des balles en caoutchouc pour disperser des centaines de personnes qui se pressaient devant un commerce de Johannesburg, en violation du confinement.
La Côte d'Ivoire comptait samedi une centaine de cas coronavirus pour aucun décès. L'état d'urgence a été déclaré et un couvre-feu est en vigueur dans tout le pays. "Respectons les distances, un mètre entre les gens (...) Arrêtons de manger de la viande de brousse", lance le griot en langue locale abé puis en français.
En Jordanie, le roi Abdallah II a signé un décret conférant des pouvoirs exceptionnels au gouvernement. Des blindés ont été déployés dans les rues et des centaines de personnes interpellées pour non-respect du couvre-feu. Si le ministre de la Défense a assuré que cela n'affecterait pas les droits individuels, Human Rights Watch (HRW) s'est montrée sceptique.
Au Maroc, l'armée a aussi fait son apparition à Rabat pour veiller au respect de "l'état d'urgence sanitaire". Mais dans le royaume, connu pour sa politique sécuritaire, les arrestations musclées de contrevenants --qui risquent lourdes amendes et prison ferme-- suscitent peu de protestations. "Les gens sont demandeurs de plus d'ordre (...). On assiste à une grande opération de relégitimation politique, facilitée par le large consensus autour du rôle de l'Etat au temps du coronavirus", estime un journaliste marocain sous couvert d'anonymat.
En Algérie, après plus d'un an d'une contestation populaire inédite, il aura fallu l'émergence de la pandémie pour mettre un terme - temporaire? - aux manifestations hebdomadaires. Mais les inquiétudes des ONG redoublent car la machine judiciaire tourne toujours.
Au Liban, là aussi, le mouvement de contestation fait office de victime collatérale. Après des mois de mobilisation, les campements installés dans le centre de Beyrouth ont été démantelés dans la nuit de vendredi à samedi par la police. "Le pouvoir corrompu jusqu'à l'os prend avantage du fait que les gens sont préoccupés par leur santé et sont confinés pour réprimer toute voix dissidente", s'est insurgé sur Twitter le militant et réalisateur Lucien Bourjeily.
La situation en Tunisie, jeune et fragile démocratie, génère des interrogations. Car le pays est aussi un ancien Etat policier dont les forces de sécurité ont été peu réformées. La Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) a demandé des clarifications sur les mesures de confinement, pour limiter l'arbitraire après la dénonciation sur internet d'interventions policières musclées contre des personnes affirmant être sorties pour des courses.
En Egypte, le pouvoir a d'abord ciblé des médias mettant en doute les faibles bilans officiels de contaminations. Une journaliste du Guardian a été forcée de quitter la pays après un article jugé "de mauvaise foi", selon le quotidien britannique. Avec l'augmentation des cas, des mesures de confinement ont été prises, le gouvernement autoritaire d'Abdel Fattah al-Sissi brandissant la menace de lourdes amendes et peines de prison.
Dans un pays dépourvu de presse et d'une justice indépendantes, les familles des prisonniers de conscience ont eux tiré la sonnette d'alarme face à la possible irruption du virus dans des prisons surpeuplées et à l'hygiène douteuse.
Le Bénin ne dispose pas des "moyens des pays riches" pour prendre des mesures de confinement strictes dans la lutte contre la propagation du coronavirus, a déclaré dimanche son président, Patrice Talon. "Pour accompagner les réductions de mobilité ou les confinements, les pays riches débloquent des sommes faramineuses et certains ont même recours à des solutions monétaires à peine déguisées, voire la planche à billets pour prévenir le chaos socio-économique inévitable autrement", a déclaré M. Talon dans une allocution télévisée.
"Le Bénin (...) ne dispose pas de ces moyens", a tranché le chef de l'Etat. "Si nous prenons des mesures qui affament tout le monde, elles finiront très vite par être bravées et bafouées", a-t-il ajouté. Huit grandes zones urbaines, dont Cotonou la capitale économique, seront entourées d'un "cordon sanitaire" et les transports en commun suspendus dans ces localités à partir du 30 mars. Beaucoup de voix s'élèvent pour dénoncer le manque de mesures de protection et s'interrogent sur le nombre officiellement peu élevé du nombre de personnes contaminées au coronavirus (6 dimanche matin) par rapport aux autres pays de la zone.
Le Togo voisin (28 cas) et le Ghana (141 cas) ont adopté des mesures strictes de confinement ou de restrictions de mouvement.
Les Emirats arabes unis ont imposé des restrictions nocturnes sur les déplacements, sauf pour les employés de secteurs essentiels, pour permettre des opérations de nettoyage et de désinfection. Avec 468 cas d'infection et deux décès, les Emirats encouragent aussi les habitants à rester chez eux pendant la journée et à ne sortir qu'en cas de nécessité.
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