En ce moment
 
 

Coronavirus dans le Dakota du Sud: dans cet Etat non confiné, sex-shops et cabines UV ne connaissent pas la crise

Coronavirus dans le Dakota du Sud: dans cet Etat non confiné, sex-shops et cabines UV ne connaissent pas la crise
©AFP
 
CORONAVIRUS
 

"Les UV permettent de se sentir tellement mieux", garantit la patronne d'un salon de bronzage de l'un des rares Etats américains à ne pas vivre confiné, le Dakota du Sud, où les affaires continuent (presque) normalement pour beaucoup de petits commerces plus ou moins essentiels. Sex-shops compris.

Jessica Wise n'avait jamais été aussi débordée depuis qu'elle a ouvert en 2017 avec sa soeur le salon Bella Tan dans un centre commercial de Rapid City, près du célèbre Mont Rushmore.


©AFP

La petite enseigne familiale a récupéré ces dernières semaines la clientèle des deux concurrents de la ville, qui ont eux choisi en raison de la pandémie, même s'ils n'y étaient pas légalement contraints, de baisser temporairement les couvercles de leurs cabines UV.

"Les gens sont tellement reconnaissants que nous soyons ouverts", s'enthousiasme Jessica Wise. "Beaucoup d'entre eux disent se sentir déprimés et avoir besoin d'une cure de soleil. La vitamine D les aide".

En jean, santiags et chemise à carreaux Harley Davidson ouverte sur un t-shirt Johnny Cash, la pétulante patronne, au bronzage forcément parfait, assure prendre toutes les précautions nécessaires.

Les horaires sont réduits, un gros flacon de gel hydroalcoolique trône en évidence à l'accueil et les cabines sont désinfectées en profondeur -- "partout où les clients pourraient avoir mis leurs mains ou toussé".

Insouciance collective

Le Dakota du Sud, l'un des seuls cinq Etats du pays sans ordre général de confinement, donne ainsi à voir des bribes de la vie d'avant presque déroutantes pour des cerveaux habitués depuis de longues semaines maintenant à l'isolement et aux images de rues désertes à travers le monde.

La circulation est ici quasi normale et une certaine insouciance collective pousse parfois à baisser inconsciemment sa garde.


©AFP

Le port du masque est presque une exception, la distance de sécurité réglementaire de 6 pieds (environ 1,80 m) rarement respectée et certains se serrent la main ou s'étreignent comme si le virus s'était arrêté par magie aux frontières de cet Etat rural très peu densément peuplé. 

L'ouverture ou non des commerces semble elle flotter, au gré des arrêtés municipaux, dans un flou artistique dont n'émerge qu'une règle immuable: pas plus de 10 personnes en même temps à l'intérieur.

"Certains patientent dehors jusqu'à ce que quelqu'un sorte!"

La plupart des bars et restaurants n'y trouvent pas leur compte financièrement et préfèrent se contenter de commandes à emporter.

L'équipe de l'AFP qui sillonne cette semaine les longues routes droites du Dakota du Sud est tout de même parvenue à étancher sa soif dans un troquet sans fard de Sioux Falls, la plus grande ville de l'Etat.
Le Hi-Ho est ce que les Américains appellent un "dive bar", un repaire d'habitués qui y refont le monde sous les néons d'enseignes lumineuses de marques de bière.

A 60 ans passés, la serveuse Mary Anderson cumule trois petits boulots et dit ne pas craindre le coronavirus: "Dieu va prendre soin de moi, comme il l'a toujours fait. Et s'il est temps de partir, il est temps de partir!"

Le plus difficile pour elle dans cette crise sanitaire est de devoir refuser du monde lorsque la limite des 10 personnes est atteinte. "C'est à vous fendre le coeur", s'émeut-elle. "Mais certains patientent dehors jusqu'à ce que quelqu'un sorte!"


Sex-toys en rupture de stock

De l'autre côté de l'Etat, à Rapid City, on ne rentre pas non plus à plus de 10 dans le sex-shop Dick & Jane's Naughty Spot. Les clients y sont accueillis, derrière la vitrine opaque, par un mannequin en lingerie fine équipé par prudence d'une visière de protection.


©AFP

"Nous sommes un commerce essentiel", sourit Kate, la gérante. "Les gens viennent juste de recevoir leur chèque d'aide d'urgence (du gouvernement fédéral). Et je ne vois pas de meilleure façon de le dépenser pour se remonter le moral".

Les affaires tournent ici tellement bien en ces temps incertains que de nombreux sex-toys sont en rupture de stock.


 

Vos commentaires