L'épidémie de Covid-19 semble épargner quelques régions du monde, pour des raisons difficiles à identifier avec certitude. C'est le cas de l'Afrique, mais aussi, (un peu) plus proche de l'Europe, de la Russie. Voici tout ce qu'on sait sur le coronavirus dans le plus grand pays du monde.
Si l'ensemble de l'hémisphère nord semble concerné par l'épidémie de coronavirus (quand on regarde la carte, c'est assez flagrant), on constate que certains pays semblent particulièrement épargnés.
C'est le cas de la Russie, et ça suscite des interrogations de votre part. "Pourquoi ne parle-t-on jamais de la Russie. C’est le seul pays où il n’y a qu’un seul petit point rouge bien concentré ? Ça m’interpelle", nous a écrit récemment José via le bouton orange Alertez-nous.
Où en est officiellement l'épidémie en Russie ?
Selon la BBC et l'AFP, effectivement, par rapport à l'Europe occidentale ou aux Etats-Unis, la Russie reste moins touchée par la pandémie avec 3.548 cas dont 30 morts officiellement recensés (chiffres du 2 avril). La carte du centre d'étude universitaire américaine évoque, ce vendredi 3 avril, 4.149 cas et 34 morts. On reste dans des chiffres relativement identiques. Et effectivement, c'est peu: la Belgique, 17 fois moins peuplée, compte environ 15.000 cas et 1.000 morts.
Mais le coronavirus progresse vite en Russie: le 25 mars, avant le premier discours de Vladimir Poutine, elle comptait 495 malades et aucun décès.
Ce sont évidemment les chiffres officiels, et on sait qu'ils sont délicats à analyser. Y a-t-il eu beaucoup de tests ? Quel est l'état réel du système de santé ? Les régions décentrées de l'immense Russie font-elles remonter les informations ? Difficile de le savoir. D'autant plus qu'afin de limiter la propagation sur son territoire, la Russie s'est peu à peu fermée à tous les pays touchés par la pandémie. Ses frontières sont désormais verrouillées, selon l'AFP.
Pourquoi si peu de cas ?
Ce qui peut expliquer la faible contamination de la Russie, c'est sans doute sa situation géographique et géopolitique. Personne ne rentre sans visa dans ce pays qui est le plus grand du monde (17 millions de kilomètres carrés), mais avec une faible densité de population (9 habitants / km², c'est le fond du classement). Fermée, isolée et grande, la Russie a logiquement plus de chance d'éviter une rapide propagation de l'épidémie que l'Europe, ouverte et densément peuplée.
D'autres pistes sont évoquées par un virologue et chercheur universitaire britannique, mais sa publication date du 17 mars dernier (les chiffres russes étaient alors encore plus faibles: seulement 63 cas). "Pourquoi y a-t-il si peu de cas de contamination en Russie et en Afrique?" (voir l'article en anglais) se demande Jeremy Rossman. Il n'a forcément pas la réponse, personne ne pourrait l'affirmer avec certitude.
Mais il évoque plusieurs pistes. Deux sont positives: "soit le virus n'a pas encore atteint véritablement le pays (effectivement, deux semaines plus tard il y a 4.000 cas recensés), soit les contrôles aux frontières sont très efficaces" et l'empêche de rentrer. Deux sont plus inquiétantes: "soit il y a un manque flagrant de tests ou de communication autour de ces tests, ce qui, avec les preuves que la Russie est à l'origine de campagnes de fausses informations par rapport au coronavirus, voudrait dire que le pays est en train de jouer un jeu très dangereux avec la santé mondiale", conclut ce chercheur de l'Université du Kent.
"La Place Rouge Était Vide"... (©AFP 1/4/2020)
Chômage pour le mois d'avril
La rapide augmentation des cas laisse plutôt penser que ce sont les deux premières réponses (positives, donc) qui expliquent peu de cas de contamination en Russie.
Vladimir Poutine a d'ailleurs décrété jeudi que le mois d'avril serait chômé. "La menace demeure. Comme l'estiment les virologues, le pic de l'épidémie dans le monde n'a pas encore été franchi, y compris dans notre pays", a déclaré le président russe dans sa deuxième intervention télévisée sur le sujet en un peu plus d'une semaine (source: AFP).
"J'ai décidé de prolonger le régime de jours chômés (en vigueur depuis le 28 mars, ndlr) jusqu'au 30 avril inclus", a-t-il ajouté, ordonnant que les salaires soient maintenus et remerciant les professions médicales.
En dehors des magasins alimentaires, pharmacies, établissements médicaux et commerces de produits de première nécessité, chaque région peut déterminer, selon sa situation épidémiologique, les entreprises et organisations autorisées à fonctionner. Chaque entité régionale pourra aussi déterminer les mesures de confinement adaptées, certaines parties du territoire russe n'ayant pas encore enregistré de cas du nouveau coronavirus.
Un confinement quasi général
Cependant, la plupart des régions, préventivement, imitent Moscou. C'est sans surprise dans la capitale que se concentre l'épidémie (2.575 sur environ 4.000), et il y a des mesures de confinement jusqu'au 1er mai. Dès lors, depuis le début de la semaine (lundi 30 mars), la plupart des régions ont-elles aussi rendu le confinement obligatoire sous peine de sanctions (et elles sont importantes: de la prison ferme selon BBC).
Si la plupart des Russes sont obligés de rester chez eux autant que possible, ceux devant se rendre au travail y sont encore autorisés, explique l'AFP. A Moscou, le nombre des passagers dans le métro a chuté de 84% et le trafic automobile de 64% par rapport à la même période en 2019, selon le centre de crise moscovite.
Donc oui, Moscou est dans une situation identique à celle des grandes villes européennes.
Poutine en télétravail !
Le Kremlin a par ailleurs indiqué mercredi 1er avril que M. Poutine était désormais en télétravail, depuis sa résidence en banlieue de Moscou.
Cette annonce est intervenue après que le médecin-chef du principal hôpital moscovite traitant les malades du Covid-19, qui avait accueilli le chef de l'Etat dans son établissement la semaine précédente, a révélé être porteur du virus. Selon la présidence, Vladimir Poutine n'a pas été contaminé, relaye l'agence Reuters.
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