Des manifestations ont eu lieu dans diverses villes brésiliennes en défense du "poumon de la planète", tandis que les pays du G7 annonçaient une aide à l'Amazonie "le plus vite possible".
Le gouvernement brésilien a libéré des moyens supplémentaires pour lutter contre les importants feux de forêt en Amazonie, annonce le site G1 dimanche. Le ministère de l'Economie a ainsi octroyé 38,5 millions de réaux (8,5 millions d'euros), sur demande du ministère de la Défense. Depuis samedi, des militaires sont en effet actifs dans la lutte contre les incendies.
"Le gouvernement brésilien a pris du temps pour réagir mais cette réaction est censée impressionner. 44.000 soldats vont être déployés dans 6 Etats différents à l'intérieur de la jungle amazonienne", commente Philip Crowter, correspondant à Manaus pour RTL.
La Force aérienne brésilienne (FAB) a déployé dimanche deux avions C-130 Hercules pour lutter contre les feux qui détruisent une partie de la forêt amazonienne et dont le nombre sur le territoire brésilien a encore progressé d'un millier en 24 heures. Les C-130, capables de transporter 12.000 litres d'eau, ont commencé à larguer leurs cargaisons, a annoncé le ministère de la Défense. Ils opèrent à partir de la ville de Porto Velho, dans l'Etat de Rondonia, qui s'est encore réveillée sous un couvercle de fumée. "Le président brésilien a donc réagi face à cette pression internationale", précise Philip Crowter.
Il y a une vraie convergence pour dire 'on se met tous d'accord pour aider au plus vite'
De nombreuses manifestations sont organisées, depuis plusieurs jours, dans les villes principales du Brésil. Mais à Manaus, où vivent 2 millions de personnes et où se trouvent actuellement notre correspondant, la situation est différente. "Il y a des feux pas très loin d'ici. Dans cette ville, les gens me disent que les incendies sont un phénomène assez normal, qui n'a rien d'extraordinaire durant cette saison sèche. Certains parlent même d'une exagération mondiale", assure notre correspondant.
Manaus est la capitale de l'État brésilien de l'Amazonas, le plus grand du pays (1,5 million km2). Fondée par les Portugais en 1669 sur les rives du Rio Negro, à proximité de son confluent avec l'Amazone, la ville compte 1,8 million d'habitants. Après un essor rapide à la fin du XIXe siècle grâce au commerce du caoutchouc, Manaus connaît un déclin important jusqu'à la création d'une zone franche en 1967. Elle vit aujourd'hui essentiellement de son secteur industriel qui importe des pièces détachées et exporte des produits finis, surtout du matériel électronique. Après São Paulo et Rio de Janeiro, c'est le troisième pôle industriel du pays.
Les pays du G7 sont d'accord pour "aider le plus vite possible les pays frappés" par les feux qui se sont multipliés ces derniers jours dans la forêt amazonienne, a déclaré dimanche Emmanuel Macron à la presse. "Il y a une vraie convergence pour dire 'on se met tous d'accord pour aider au plus vite possible les pays qui sont frappés par ces feux'", a rapporté le président français, hôte du sommet des sept grandes puissances qui se tient jusqu'à lundi à Biarritz.
Une véritable crise environnementale
Face aux appels à l'aide, lancés notamment par la Colombie, "on doit se montrer présents", a ajouté M. Macron, qui avait vertement critiqué vendredi "l'inaction" du président brésilien Jair Bolsonaro face à ce désastre environnemental. Les images du "poumon de la planète" en feu ont suscité une émotion mondiale et propulsé le sujet au coeur des discussions du G7, malgré les réticences initiales du Brésil qui n'est pas présent au sommet Biarritz.
Emmanuel Macron a fait état dimanche de contacts en cours "avec tous les pays de l'Amazonie (...) pour qu'on puisse finaliser des engagements très concrets de moyens techniques et financiers". "Nous sommes en train de travailler à un mécanisme de mobilisation internationale pour pouvoir aider de manière plus efficace ces pays", a précisé le chef de l'Etat. Quant à la question de plus long terme de la reforestation de l'Amazonie, "plusieurs sensibilités se sont exprimées autour de la table", a ajouté M. Macron, en soulignant l'attachement des pays concernés à leur souveraineté nationale.
"Mais l'enjeu de l'Amazonie pour ces pays comme pour la communauté internationale est tel - en termes de biodiversité, d'oxygène, de lutte contre le réchauffement climatique - qu'il nous faut procéder à cette reforestation", a plaidé le président français. Cette crise environnementale est telle qu'elle menace de torpiller l'accord commercial UE-Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) signé fin juin après 20 ans de tractations. Accusant Jair Bolsonaro d'avoir "menti" sur ses engagements en faveur de l'environnement, Paris a annoncé que dans ces conditions, il s'opposait au traité.
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