Une centaine d'officiers turcs, qui travaillaient en Belgique pour l’Otan ou le Shape, demandent l’asile politique dans notre pays. Des militaires victime de la purge opérée par le président turc depuis le coup d’Etat manqué de juillet dernier. S’ils rentrent en Turquie, ils risquent la prison et la torture. Alors en attendant, ils se cachent. Eric Van Duyse et Bruno Spaak ont pu les rencontrer.
La rencontre s’est faite sur un trottoir, un endroit secret avant d’arriver dans un appartement qui l’est tout autant. Au rendez-vous, plusieurs officiers turcs. Une carrière exemplaire. Ils travaillent pour l’OTAN ou pour le Shape. Mais peu après le putsch manqué, ils sont devenus des ennemis d’état du jour au lendemain.
"Ils nous ont rappelés au pays le 27 septembre. On devait rentrer immédiatement", témoigne un officier. Certains sont en Belgique depuis plusieurs années. Maison, voitures, enfants à l’école… sur la centaine d’officiers, 19 ont obéi immédiatement. Tous ont été arrêtés et emprisonnés.
"Les familles nous racontent beaucoup d’histoires terribles. Il y a beaucoup de soi-disant assassinats en prison. Mais en fait, c’est de la torture", rapporte un militaire.
La "pensée occidentale" et un "état d’esprit laïque" en dénominateur commun
En Turquie, l’armée était garante de la démocratie laïque. Désormais, 90% des généraux ont été destitués. De nouvelles listes d’ennemis du régime paraissent tous les vendredis. "Vendredi dernier, on a eu l’une des plus longues listes. Il y avait 6.000 noms de nouvelles victimes de la purge", raconte un autre militaire.
Une centaine d’officier est désormais coincée en Belgique, avec leur famille. Patriotes éduqués, près à donner leur vie pour leur pays sans jamais avoir démérité. Ils ne supportent pas d’être traités de terroristes. "Le point commun que nous avons découvert entre nous est notre éducation, notre pensée occidentale et notre état d’esprit laïque. Nous avons réalisé que nous ne partagions pas la nouvelle vision d’Erdogan pour la Turquie", explique l’un d’eux.
Ils demandent l'asile politique en attendant que la situation ne se normalise
Désormais sans revenus, ils vivent de leurs économies ou de l’aide de leurs anciens collègues de l’OTAN. Ils ont demandé l’asile politique à la Belgique.
L’une des épouses de militaire est atteinte d’un cancer. La Turquie a refusé d’intervenir. Elle a particulièrement peur d’être expulsée. "Si j’étais en Turquie, je serais en prison, torturée. Je ne suis pas assez forte pour résister à la torture. Ils me feraient peut-être confesser quelque chose, et je confesserais immédiatement parce que je pourrais pas résister à la torture", confie-t-elle.
Aucun ne veut être une charge pour la Belgique. Ils veulent survivre en attendant que la situation se normalise en Turquie. Ils attendent avec angoisse le résultat de leur demande d’asile.
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