L'enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin en 2003 va se poursuivre à Paris: la Cour de cassation a accepté de dépayser les investigations, jusqu'ici conduites à Meaux, après la réouverture de la piste menant au tueur en série Michel Fourniret.
La requête émanait de la procureure générale de Paris et était motivée "par le souci de favoriser la manifestation de la vérité". La chambre criminelle a décidé de faire droit à cette demande, a-t-on appris jeudi de source judiciaire.
Après avoir toujours nié être lié à cette disparition, Michel Fourniret avait livré des "aveux en creux" début 2018 face à la magistrate parisienne chargée de mener les investigations dans un autre dossier concernant la disparition de deux femmes en 1988 et 1990, selon l'une des avocates du père d'Estelle Mouzin.
Alors âgée de neuf ans, Estelle Mouzin avait disparu un soir de janvier 2003, tandis qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne). Son corps n'a jamais été retrouvé et les nombreuses pistes envisagées par les enquêteurs n'ont rien donné.
Début 2007, la police avait une première fois mis hors de cause dans cette affaire "l'ogre des Ardennes", condamné deux fois à la perpétuité dans d'autres dossiers.
Six ans plus tard, l'expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n'avait pas non plus permis de trouver de traces de la jeune fille. L'avocat de Michel Fourniret avait alors rappelé que son client niait tout lien avec l'affaire.
Interrogé par les enquêteurs fin 2017, Fourniret avait une nouvelle fois affirmé n'avoir "rien à voir avec l'affaire" Mouzin. Face aux policiers de la PJ de Versailles, qui l'avaient déjà entendu à trois reprises dans le passé sur ce dossier, il a toujours contesté son implication à chaque fois, avait dit à l'AFP une source policière.
- "L'espoir revient" -
Mais, en mars 2018, Corinne Hermann, l'une des avocats du père de la fillette qui se bat depuis des années pour que cette piste soit davantage explorée, avait affirmé que le tueur en série avait livré des "aveux en creux" sur son implication dans cette disparition, dans le cadre d'auditions relatives aux dossiers Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece, deux femmes qu'il a reconnu avoir tuées.
"C'est l'aboutissement d'un long combat de plus de 15 ans pour que l'affaire soit instruite sérieusement et que la piste de Michel Fourniret soit enfin investiguée", a réagi auprès de l'AFP Didier Seban, autre avocat du père d'Estelle Mouzin, rappelant avoir déjà demandé un dépaysement il y a plusieurs années.
"L'espoir revient que des moyens seront mis pour que soient élucidées les conditions de la disparition d'Estelle Mouzin", a-t-il ajouté.
Des fouilles sur un terrain ayant appartenu au tueur en série à Floing (Ardennes) en décembre n'ont pas abouti, tout comme la piste Nordahl Lelandais, du nom du suspect de l'affaire Maëlys.
De son côté, le père de la fillette a attaqué l'Etat pour faute lourde en raison de sa "mauvaise gestion" du dossier de la disparition de sa fille.
Agé de 77 ans, Michel Fourniret a été condamné en 2008 à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol.
Son ex-femme Monique Olivier, dont il a divorcé en 2010, avait elle été condamnée à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d'une jeune fille.
Le 16 novembre, il a été à nouveau condamné à la perpétuité pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche, dont le corps n'a jamais été retrouvé, et elle à 20 ans de réclusion criminelle.
L'équipée criminelle du couple s'était achevée en 2003, quand il avait été arrêté en Belgique pour un enlèvement raté.
En 2004 et 2005, Monique Olivier avait craqué et révélé aux enquêteurs onze meurtres, dont les sept jugés en 2008, et celui de Farida Hammiche.
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