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Distribution: le canadien Couche-Tard fait une nouvelle offre de rachat au japonais Seven & i

Distribution: le canadien Couche-Tard fait une nouvelle offre de rachat au japonais Seven & i
Une supérette Seven Eleven à Yokohama, au Japon, en août 2024 Yuichi YAMAZAKI
 
 

Le géant japonais de la distribution Seven & i Holdings a annoncé mercredi avoir reçu une nouvelle offre de rachat de la part de son rival canadien Couche-Tard, un mois après avoir rejeté une première proposition.

Le groupe japonais, qui possède quelque 84.000 supérettes 7-Eleven dans 19 pays, avait demandé début septembre à Couche-Tard de revoir sa première offre, la jugeant sous-évaluée. L'entreprise proposait alors 14,86 dollars par action en numéraire.

Cette opération, si elle se concrétisait, donnerait naissance à un mastodonte mondial de la distribution: aux enseignes de Seven & i s'ajouteraient les 16.700 magasins de Couche-Tard dans 31 pays, qui incluent la marque Circle K.

Le groupe nippon a déclaré mercredi dans un communiqué avoir "reçu une proposition révisée, confidentielle et non contraignante d'Alimentation Couche-Tard", disant vouloir "continuer à maintenir la confidentialité de ses discussions" avec le canadien.

Peu avant, l'agence Bloomberg avait rapporté que cette nouvelle proposition de rachat, transmise le 19 septembre à Seven & i, se chiffrait cette fois à 18,19 dollars par action, soit environ 20% de plus que sa première proposition.

Cela valoriserait le groupe japonais à quelque 47,2 milliards de dollars, d'après Bloomberg, selon qui aucune négociation substantielle n'est encore engagée sur cette nouvelle offre. Ce serait la plus grosse acquisition étrangère jamais réalisée d'une entreprise japonaise.

De son côté, le poids lourd des "dépanneurs", comme les Québécois nomment ces commerces de proximité souvent adossés à des stations-services, n'a souhaité répondre aux sollicitations de l'AFP.

Cette nouvelle proposition d'achat a profité à l'action de Seven & i, qui a progressé de 4,7% à 2.335 yens à la Bourse de Tokyo.

- Marque au hibou rouge -

En achetant 7-Eleven, Couche-Tard, la marque au hibou rouge faisant un clin d'oeil bien connu des Canadiens, cherche à "véritablement devenir un acteur mondial", soutient Kai Li, professeur et titulaire de la chaire de recherche du Canada en gouvernance d'entreprise à l'Université de la Colombie-Britannique.

Pour Yan Cimon, professeur de stratégie à l'Université Laval de Québec, cette surenchère "traduit bien l'intérêt" du géant canadien connue pour sa "discipline sur plan financier" et son "expertise opérationnelle".

Ce dernier note auprès de l'AFP que Couche-Tard "a toujours été une entreprise très disciplinée en matière d'acquisitions", ce qui s'est traduit par des dizaines de rachats au cours des deux dernières décennies.

Sa nouvelle visée le ferait passer dans une autre dimension, 7-Eleven est en effet la plus grande chaîne de magasins de proximité au monde. Un quart d'entre eux se trouvent au Japon, où ces supérettes omniprésentes vendent aussi bien des plats à emporter que des billets de concerts et proposent des services (distributeurs bancaires, paiement de factures, photocopieuse...).

Toutefois, le gouvernement japonais a classé mi-septembre Seven & i comme entreprise "essentielle" au secteur de l'industrie, une décision susceptible de compliquer une prise de contrôle étrangère.

Et "un tel achat pourrait soulever des problèmes antitrust", étant donné que l'entité combinée aurait "plus de pouvoir sur le marché" et pourrait pousser les petits opérateurs à la faillite, précisent Kai Li et Yan Cimon.

Dans une lettre publiée le 6 septembre rejetant l'offre précédente, Seven & i a déclaré que la proposition d'achat de Couche-Tard ne reconnaissait pas "de manière adéquate les défis multiples et significatifs auxquels une telle transaction serait confrontée de la part des agences américaines chargées de l'application de la loi sur la concurrence".

Couche-Tard avait tenté sans succès en 2021 de mettre la main sur le groupe français Carrefour et a récemment acquis des stations de TotalEnergies en Europe pour 3,4 milliards d'euros.


 

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