Au moins 16 fonctionnaires du port de Beyrouth et des autorités douanières ont été placés en détention dans le cadre de l'enquête sur l'explosion meurtrière. Les 2750 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont provoqué l'explosion provenaient d'une saisie sur un bateau.
Le bateau qui transportait les 2750 tonnes de nitrate d'ammonium est un cargo russe qui est arrivé à Beyrouth en 2013, et dont le capitaine accepte aujourd'hui de témoigner.
Boris Prokoshev était au commande du Rhosus à l'époque. Parti de Géorgie, le navire devait se rendre au Mozambique; la cargaison était destinée à un fabriquant d'explosifs. Mais, en chemin, le capitaine reçoit l'ordre de se rende à Beyrouth afin, dit-il, de récupérer du matériel routier.
Mais le bateau n'a jamais quitté le port de la capitale libanaise en raison de litiges sur les redevances portuaires. L'équipage est bloqué pendant 10 mois, avant de quitter Beyrouth sans sa cargaison.
"Je n'arrive pas à comprendre pourquoi cette cargaison est restée là aussi longtemps", a indiqué Boris Prokoshev, capitaine du Rhosus en 2013. "Pendant les 10 mois que nous sommes restés sur place, le propriétaire n'a jamais réclamé sa cargaison. Pour autant que je sache, le nitrate d'ammonium a été déchargé en 2015 ou 2014. Personne ne l'a réclamé. Bien sûr, il était possible de l'enregistrer comme dangereux, car ça l'était, et de le déplacer dans des champs pour fertiliser le sol, par exemple. Je ne comprends pas pourquoi personne n'a rien fait".
16 fonctionnaires en prison
Le propriétaire, un homme d'affaires russe, est accusé d'avoir abandonné le navire. Il aurait été interpellé à son domicile à Chypre hier.
Seize fonctionnaires du port de Beyrouth et des autorités douanières ont été également été arrêtés dans le cadre de l'enquête. Tous savaient que le stock de nitrate d'ammonium se trouvait dans le hangar numéro 12, selon le procureur libanais.
En juin 2019, la Sûreté de l'Etat avait ouvert une enquête après des plaintes répétées sur des odeurs nauséabondes qui émanaient de cet hangar. L'entrepôt était fissuré, des ouvriers étaient chargés de le colmater, des travaux qui seraient à l'origine de l'explosion.
"Ce qui s'est passé ne restera pas impuni. Les responsables paieront le prix de cette catastrophe", a déclaré Hassan Diab, le premier ministre libanais.
Le capitaine du cargo aujourd'hui âgé de 70 ans exprime ses regrets et affirme que s'il avait pu connaitre les conséquences, il ne serait jamais monté à bord.
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