Pourquoi voit-on une remontée démocrate dans de nombreux États américains au fur et à mesure du dépouillement des bulletins de vote ?
Mardi 3 novembre au soir, lorsque les bureaux de vote ont fermé et que les premiers dépouillements livraient les premiers résultats, la carte des États-Unis est apparue beaucoup plus rouge (la couleur attribuée aux Républicains, donc à Donald Trump) que bleue (la couleur démocrate, celle de Joe Biden). Déjouant à nouveau les sondages, Donald Trump semblait alors être en bonne position pour remporter le scrutin. Mais petit à petit, au fur et à mesure des dépouillements, Joe Biden a remonté, les écarts se sont resserrés voire inversés dans de nombreux États.
Le comptage des votes par anticipation
Certains journalistes aux États-Unis qualifient le phénomène de "mirage rouge". Qu'est-ce que cela signifie ? En fait, les premiers votes comptés étaient principalement les votes accomplis le jour même de l'élection. Ensuite les bureaux ont davantage dépouillé les bulletins remplis par anticipation (100 millions d'Américains ont voté les semaines précédentes et ont déposé leur vote dans des lieux prévus pour cela ou l'ont envoyé par la poste). Or, selon les sondages, les électeurs de Donald Trump ont surtout voté le jour des élections. Par contre, ce sont davantage des démocrates qui ont voté par anticipation. C'est ce qui explique la remontée démocrate dans certains États au fur et à mesure du dépouillement.
LA SITUATION CE VENDREDI MIDI
Joe Biden s'est encore rapproché de la Maison Blanche vendredi en prenant la tête de la course dans l'Etat-clé de Géorgie, au lendemain de nouvelles accusations de fraude proférées sans la moindre preuve par Donald Trump, qui continue d'affirmer être le vainqueur de la présidentielle.
Dans un dépouillement qui avançait au compte-gouttes, la tendance s'est inversée au petit matin en Géorgie: mené depuis le scrutin de mardi, l'ancien vice-président démocrate devançait désormais le président républicain de 917 voix. Au vu des résultats ultraserrés, aucun grand média américain n'a toutefois pour l'instant attribué définitivement la victoire à un des deux candidats dans cet Etat qui vaut 16 grands électeurs.
Les compteurs pour arriver au nombre magique de 270 grands électeurs -- la majorité du collège électoral -- ouvrant les portes de la Maison Blanche restaient donc bloqués: 253 ou 264 voix pour Joe Biden, selon que les médias lui aient ou non attribué l'Arizona, et 214 pour Donald Trump.
Trump plus isolé
Plus de deux jours après l'élection, le 45e président apparaît isolé au sein de son propre parti dans sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime. "Nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a réagi sur ABC Chris Christie, ex-gouverneur du New Jersey et allié du président, mettant en garde contre le risque d'attiser les tensions sans éléments tangibles. Il a en revanche reçu le soutien de deux sénateurs républicains, Lindsey Graham et Ted Cruz. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré ce dernier sur Fox News.
Peu après l'allocution de Donald Trump, Joe Biden a une nouvelle fois appelé au calme et à la patience. "Personne ne nous prendra notre démocratie. Ni aujourd'hui, ni jamais", a-t-il tweeté. Quelques heures plus tôt, le candidat démocrate s'était dit certain, dans une intervention à la tonalité présidentielle, de sa victoire imminente.
"Je demande à tout le monde de rester calme. Le processus fonctionne, le décompte s'achève et nous saurons très bientôt", a-t-il déclaré depuis le Delaware. "Nous n'avons aucun doute sur le fait que lorsque le dépouillement sera terminé (...) nous serons déclarés vainqueurs".
Le président républicain avait déclaré, dans la première nuit post-élection, qu'il avait gagné l'élection et qu'il ferait intervenir la Cour suprême, restant évasif sur les motifs. En réalité, ses avocats ont lancé de multiples actions judiciaires au niveau des Etats, avec par exemple la menace de demander un recomptage dans le Wisconsin. Les démocrates estiment les plaintes sans fondement, mais ces recours pourraient retarder de plusieurs jours ou semaines l'homologation des résultats. Dans le Michigan et la Géorgie, deux juges ont déjà rejeté des recours républicains.
Vos commentaires