Un millionnaire thaïlandais entré en politique pour défier la junte au pouvoir a dénoncé mercredi les tentatives des militaires de lui "briser les jambes" à l'approche des législatives du 24 mars.
Thanathorn Juangroongruangkit, 40 ans, fondateur du mouvement Future Forward ("En avant l'avenir") a accusé l'armée, au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2014, de tenter d'acheter, par l’argent ou la menace, le ralliement d'hommes politiques.
Cette sortie, lors d'une émission en direct l'été dernier sur Facebook, lui vaut d'être inculpé dans le cadre de la loi sur les crimes informatiques pour diffusion de fausses informations.
Le jeune magnat, qui s'occupait avant sa récente entrée en politique de la gestion du groupe familial Thai Summit, géant de l'industrie automobile, a comparu mercredi devant les procureurs.
Ces derniers se réuniront le 26 mars, deux jours après les législatives, pour décider s’il y a lieu de porter l’affaire devant un tribunal.
"La popularité de Future Forward augmente. Il y a des efforts entrepris pour me briser les jambes. Mais nous continuerons d'avancer", a lancé Thanathorn Juangroongruangkit à la presse.
Future Forward, officiellement lancé début octobre, présente des candidats dans toutes les circonscriptions.
Le parti, qui propose de dépasser les clivages politiques du royaume, rencontre un franc succès notamment auprès des jeunes citadins alors que son patron est devenu une star sur les réseaux sociaux.
Il pourrait avoir un rôle à jouer à l'issue des prochaines élections, les premières depuis 2011, notamment dans le cadre d'une éventuelle coalition pro-démocratique si aucun parti n'arrivait à décrocher seul la victoire.
Mais, d'après les observateurs, le général Prayut Chan-O-Cha, à la tête de la junte, a de bonnes chances de conserver le pouvoir à l'issue du scrutin, à la tête cette fois d'un gouvernement civil.
Les militaires ont effet balisé le terrain depuis leur prise du pouvoir, notamment grâce à un Sénat désormais nommé entièrement par eux.
De son côté, le patron de Future Forward a brillé jusqu'à présent dans les débats, promettant de mettre fin à la conscription et de s'attaquer aux profondes inégalités économiques en Thaïlande.
Il a aussi irrité le camp de Thaksin Shinawatra, l'ancien Premier ministre renversé en 2006, encore très populaire dans les campagnes, en créant un parti d'opposition alternatif.
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