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En Namibie, l'héritière politique Netumbo Nandi-Ndaitwah se rêve première présidente

En Namibie, l'héritière politique Netumbo Nandi-Ndaitwah se rêve première présidente
Netumbo Nandi-Ndaitwah, à droite, à l'époque ministre namibienne des Affaires étrangères, le 22 décembre 2013 à Antananarivo à MadagascarALEXANDER JOE
 
 

Candidate du parti Swapo historiquement au pouvoir en Namibie, Netumbo Nandi-Ndaitwah, 72 ans, aspire malgré divers obstacles à devenir la première présidente du pays à l'issue des élections de mercredi, qui s'annoncent comme les plus disputées depuis l'indépendance en 1990.

Le défi est double pour "NNN", figure de la lutte de libération de ce pays d'Afrique australe. Elle doit convaincre à la fois la jeunesse, touchée de plein fouet par un chômage de masse, et la "société plutôt patriarcale" de ce pays d'Afrique australe, décrit à l'AFP John Mendelsohn, auteur d'un atlas sur la Namibie.

"Je ne crois pas que la société namibienne soit prête pour une femme présidente", estime l'analyste indépendante Marisa Lourenço, "même s'il y a eu d'autres exemples ailleurs en Afrique."

Ellen Johnson Sirleaf a certes été élue présidente du Liberia en 2006 - une première sur le continent - mais les exemples similaires sont rares.

"Il est difficile de juger si les électeurs sont prêts à voter pour une femme", notamment "dans les régions du nord" de la Namibie, fiefs de la Swapo, note Henning Melber, chercheur à l'Institut nordique de l'Afrique d'Uppsala (Suède).

Sa désignation comme candidate par le politburo de la Swapo a été contestée, y compris jusque devant les tribunaux, sans succès. "Est-ce que cela signifie qu'ils ne voteront pas pour elle?", s'interroge M. Melber à propos de ses opposants internes.

"Son âge et le fait qu'elle est un pilier de la Swapo" constituent un obstacle de taille, observe Marisa Lourenço, dans un pays où 63% des trois millions d'habitants ont moins de 30 ans et sont donc nés après l'indépendance.

"On dit que je suis trop vieille, qu'il faut des jeunes. Je ne renie pas mon âge", s'est-elle défendue en 2022.

La vice-présidente, inséparable de ses lunettes à monture dorée, s'évertue dans ses meetings à faire rimer vieillesse et sagesse, en étoffes bleu, rouge et vert, couleurs que la Swapo partage avec le drapeau namibien.

Fille d'un pasteur anglican, Netumbo Nandi-Ndaitwah porte des positions conservatrices, étant notamment "partisane d'une législation stricte en matière d'avortement", interdit sauf circonstances exceptionnelles, relève Henning Melber.

Son parti a par ailleurs voté à l'été 2023 une loi interdisant le mariage entre personnes de même sexe et sanctionnant leurs partisans après qu'un arrêt de la Cour suprême a autorisé la reconnaissance des unions conclues à l'étranger, par exemple en Afrique du Sud voisine.

- Années moscovites -

Son équipe de campagne, qui a détourné ses trois N en slogan "novembre, Namibie, Netumbo", peine à mettre en avant celui de la nouveauté. "NNN" demeure membre de l'Assemblée depuis 1990, ministre depuis l'an 2000.

"Ce n'est pas très attrayant pour les électeurs", juge Marisa Lourenço. "Elle est là depuis des lustres et semble faire partie du statu quo."

Malgré un sous-sol riche en minéraux, notamment en uranium, et des gisements de pétrole offshore récemment découverts, la Namibie reste, derrière l'Afrique du Sud, le deuxième pays le plus inégalitaire de la planète, selon la Banque mondiale.

La candidate, baptisée la "porte-flambeau" sur ses affiches de campagne, promet de "faciliter la création d'emplois en attirant les investissements grâce à la diplomatie économique".

Passée par la Russie lors de son exil dans les années 1970, la militante a fait ses classes au Komsomol, l'organisation de jeunesse du parti communiste soviétique.

"Elle a aussi étudié au Royaume-Uni, mais ses liens avec Moscou semblent l'avoir beaucoup plus touchée", estime Henning Melber. "Elle a intériorisé une sorte de sentiment anti-occidental."

Pour autant, comme le pays "souhaite attirer de grands investissements dans son secteur pétrolier", sous sa présidence, Marisa Lourenço n'imagine pas "la Namibie devenir hostile à l'Occident."


 

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