A peine deux jours après la double déflagration qui a provoqué la mort d'au moins 137 personnes à Beyrouth, nos journalistes envoyés sur place constatent ce jeudi que le choc a déjà fait place à la colère. Les Libanais ne comprennent pas pourquoi des milliers de tonnes de nitrate d'ammonium ont été stockés sans précaution. Des centaines d'habitants ont manifesté dans les rues de la capitale. Nos reporters ont recueilli leurs témoignages.
Huées à leur arrivée dans un quartier habituellement festif, les forces de l'ordre ne sont plus les bienvenues. "Ces gens-là devraient être dans la rue pour aider les gens à nettoyer les cendres de cette ville. C'est assez! Ce qu'ils font est complètement inhumain", crie une habitante à des agents dans un bus, face à notre caméra.
Pour la plupart des Beyrouthins, les autorités libanaises sont les seules responsables de la catastrophe. "Aujourd'hui, nous balayons les cendres de cette ville. Demain, nous les pendrons tous!", confie la dame en colère à notre micro.
Qu'on nous aide à nous débarrasser de cette crasse
La colère s'exprime jusque dans la rue ce jeudi après-midi. Alors que la catastrophe s'est produite il y a moins de 48 heures, des premiers mouvements se forment. Pour les centaines de manifestants que notre équipe a croisé sur place, la "révolution" doit avoir lieu maintenant. "On aide, on nettoie, on aide tous ceux qui ont besoin. On est sur le terrain pour aider nos compatriotes. Ce qu'on demande, c'est qu'on nous aide à nous débarrasser de cette crasse", s'exprime Olfate, une manifestante.
"L'Etat du Koweït a envoyé des masques et des provisions pour le peuple libanais. Ces provisions-là, on les a achetées dans les pharmacies. On a acheté nos masques avec marqué dessus 'Offert par le gouvernement koweïtien', dans les pharmacies", explique Susan Serbey, fondatrice de la plateforme Pyramid, qui participe à la manifestation.
On veut avoir une expertise internationale indépendante qui chercher les raisons de cette grande déflagration
Pour ces Libanais, cela fait 30 ans que la guerre civile est finie. Mais dans le pays, aujourd'hui rien n'a changé. "On veut avoir une expertise internationale indépendante qui chercher les raisons de cette grande déflagration. Nous ne sommes pas sûr que si nous laissons ceci entre les mains de ce pouvoir actuel qui est corrompu, qui est menteur, qu'on va avoir un résultat", réclame Fouad Abou Nader, docteur et ancien chef des forces libanaises, participant lui aussi à la manifestation.
Les Libanais lancent aujourd'hui un appel à l'aide: il faut sauver ce qu'il reste de la capitale, en partie dévastée par ce qu'ils appellent tous ici le "Beyrouth-shima", en référence à la catastrophe d'Hiroshima.
Vos commentaires