Les forces de l'ordre devraient pouvoir contrôler plus facilement si les hommes soupçonnés de violences conjugales possèdent une arme à feu, afin de réduire les risques de féminicide, a estimé mercredi Marlène Schiappa, dénonçant un "angle mort" des politiques de prévention.
"On a vu plusieurs cas de féminicides cette année qui montraient que, malgré les différentes plaintes, l'homme considéré comme violent avait toujours à sa disposition une arme, avec parfois des autorisations", a expliqué la secrétaire d’État en charge de l'égalité femmes-hommes.
"C'est un sujet de préoccupation pour nous, sur lequel on doit pouvoir travailler", d'autant que l'arme à feu est le mode opératoire le plus fréquent dans les féminicides, avec 31,8% des cas, a souligné Mme Schiappa lors d'un point presse consacré aux avancées du "Grenelle" contre les violences conjugales.
Cette question, y compris un éventuel "retrait" du permis de port d'armes, pourrait être intégrée à la "grille d'évaluation du danger" dont doivent se doter les services de police et gendarmerie dans leurs procédures de réception des plaintes, a ajouté Mme Schiappa.
Actuellement, lorsqu'une femme va déposer plainte, il n'existe aucun protocole pour "aller voir chez le conjoint incriminé s'il possède une arme à feu", a-t-elle encore observé, soulignant que "tout ce qu'on peut faire pour combattre les féminicides, il faut le faire".
La secrétaire d’État s'est par ailleurs félicitée que le numéro d'appel d'urgence pour les femmes victimes de violence, le 3919, ait connu une nette recrudescence depuis le lancement du "Grenelle": 1.661 appels enregistrés le 3 septembre, contre 150 à 200 par jour en temps normal, et cela n'a "pas décru" par la suite.
Le 3919, qui ne fonctionne pas la nuit, devrait "à terme" être ouvert 24 heures sur 24, ce qui permettrait notamment de répondre aux appels de femmes résidant en Outre-Mer, gênées par le décalage horaire, a souligné la secrétaire d'Etat.
Après l'annonce le 3 septembre de 10 mesures d'urgence contre les violences conjugales, de nouvelles pistes doivent être rendues publiques le 29 octobre par les 11 groupes de travail thématiques mis en place dans le cadre du "Grenelle". Ce travail doit déboucher sur l'annonce de nouvelles mesures, attendues le 25 novembre, en conclusion de cette concertation.
En 2018, le ministère de l'Intérieur a recensé 121 féminicides en France.
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