En Iran, les manifestations ne faiblissent pas après la mort d'une jeune femme arrêtée pour avoir mal mis son voile. Les mouvements sont durement réprimés par les autorités. Il y a au moins plusieurs dizaines de morts.
Comme tous les soirs depuis 10 jours, Hadis Najafi se prépare à aller manifester à Karaj. La ville du nord du pays compte plus de 1,5 million d'habitants. La manifestation était la dernière pour la jeune femme de 20 ans. Elle a été tuée par balles.
La répression est féroce. On dénombre une centaine de morts selon certaines organisations non-gouvernementales. Une violence rarement atteinte, tant du côté du régime que des manifestants.
"On est encore loin, tout de même, en termes de volume de protestataires, de ce qu'on a pu observer en 2009 par exemple, lors de la réélection frauduleuse Mahmoud Ahmadinejad, où il y avait plus d'un million de personnes dans les rues de Téhéran", indique Vincent Eiffling, chercheur associé au GRIP, le Groupe de recherche et d'information sur la paix et la sécurité.
Il y a une partie de la population qui est encore très conservatrice
La société iranienne est profondément divisée. Des manifestations en soutien au régime sont aussi organisées à travers le pays. "Il y a une partie de la population qui est encore très conservatrice, qui est attachée au système de la république islamique. Qui est attachée à cette question du voile obligatoire. Parce que pour cette partie de la population conservatrice pratiquante, c'est une question d'identité fondamentale. C'est une valeur cardinale", explique Vincent Eiffling.
Les conservateurs ne veulent pas entendre parler de ça... pour eux ce serait ouvrir la boite de Pandore
Que fera le pouvoir iranien, lui aussi tiraillé entre modérés et conservateurs? "Pour les modérés, il faut lâcher du lest. L'exemple du port du voile en est un très bon, parce que c'est une question qui draine beaucoup de charge émotionnelle, donc ça permettrait d'évacuer un surplus de frustration. Les conservateurs ne veulent pas entendre parler de ça. Parce que pour eux ce serait ouvrir la boite de Pandore et dire: finalement, si on fait ça, sur quoi est-ce que notre légitimité repose à la fin?", réagit le spécialiste Vincent Eiffling.
Ultraconservateur, le président Raïssi a resserré la vis depuis son arrivée au pouvoir il y a un an.
Mahsa Amini est morte pour quelques mèches de cheveux visibles malgré son voile. Un crime, tout comme chanter ou écouter de la musique. Qu’importe, la vidéo d'une Iranienne est devenue virale. Elle chante Bella Ciao en persan. Un hymne à la résistance en mémoire à Mahsa Amini et des dizaines d’autres jeunes filles tuées depuis le début de la répression.
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