Israël a des airs jeudi de pays plongé dans un double conflit, à l'heure d'affrontements sanglants avec les islamistes du Hamas établis dans la bande de Gaza, et d'émeutes dans ses villes judéo-arabes.
Le conflit meurtrier entre Israël et le Hamas se poursuit jeudi avec des frappes israéliennes sur la bande de Gaza et des tirs de roquettes du mouvement islamiste vers l'Etat hébreu, par ailleurs confronté à un autre "front" avec des émeutes dans des villes judéo-arabes.
A la suite des multiples salves de roquettes vers le territoire israélien depuis quatre jours, tous les vols en direction de l'aéroport international Ben Gourion de Tel-Aviv sont déroutés jusqu'à nouvel ordre, ont annoncé les autorités aéroportuaires.
Les sirènes d'alarme ont de nouveau retenti tôt jeudi matin dans les localités israéliennes adjacentes à Gaza, enclave de deux millions d'habitants gouvernée par les islamistes du Hamas.
Les affrontements entre Israël et le Hamas ont débuté lundi après des semaines de tensions israélo-palestiniennes à Jérusalem-Est, qui ont culminé avec des heurts sur l'esplanade des mosquées, troisième lieu saint de l'islam et site le plus sacré du judaïsme dans cette portion de la ville sainte illégalement occupée et annexée par Israël, selon le droit international.
Les Etats-Unis ont annoncé l'envoi d'un émissaire en Israël et dans les Territoires palestiniens pour exhorter une nouvelle fois à la "désescalade", tandis que Moscou a appelé à une réunion d'urgence du Quartette sur le Proche-Orient (UE, Russie, USA, ONU).
Le mouvement islamiste Hamas a fait état jeudi de 16 nouveaux morts dans des frappes israéliennes sur la bande de Gaza qu'il contrôle, portant à 83 le nombre de Palestiniens tués depuis le début des hostilités lundi.
Au total, 83 personnes ont été tuées, parmi lesquelles 17 enfants, et 487 ont été blessées, a indiqué le Hamas après une nouvelle nuit de frappes sur l'enclave et de tirs de roquettes en direction du territoire israélien.
Les frappes aériennes sur Gaza ont continué toute la nuit jusqu'au matin, a constaté une journaliste de l'AFP.
L'aviation israélienne a frappé des positions du Hamas, ciblant entre autres des locaux liés aux opérations de "contre-renseignement" du mouvement.
Cinq personnes ont été blessées dans la nuit quand une roquette tirée depuis l'enclave s'est abattue dans un complexe résidentiel près de Tel-Aviv, selon les secouristes israéliens.
Interrogé sur l'éventualité d'une invasion terrestre, le porte-parole de l'armée, Jonathan Conricus, a déclaré à des journalistes que des unités étaient "prêtes" et mentionné des "préparatifs d'opérations au sol à des stades différents".
Face à l'intensification des combats, une troisième réunion en urgence du Conseil de sécurité de l'ONU, publique cette fois-ci, est attendue vendredi.
Lors des deux premières visioconférences, tenues à huis clos, les Etats-Unis se sont opposés à l'adoption d'une déclaration commune pour faire arrêter les affrontements, la jugeant "contre-productive" à ce stade, selon des diplomates.
Depuis le début de la semaine, environ 1.600 roquettes ont été tirées par différents groupes armés depuis l'enclave vers le sol israélien, selon l'armée.
Le Hamas et le Jihad islamique, deuxième groupe armé de la bande de Gaza, ont justifié plusieurs salves de roquettes par la destruction de trois immeubles d'une dizaine d'étages, dont certains comprenaient des logements et les locaux de médias. L'armée, qui a indiqué avoir tué plusieurs commandants du Hamas, a affirmé que ces immeubles étaient utilisés par le mouvement armé.
La dernière confrontation entre Israël et le Hamas remonte à l'été 2014 dans l'enclave minée par le chômage et la pauvreté. Le conflit avait duré 50 jours, ravagé le micro-territoire et fait au moins 2.251 morts du côté palestinien, pour la plupart des civils, et 74 du côté israélien, quasiment tous des soldats.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a dit vouloir "continuer" à frapper et affaiblir les "capacités militaires" du Hamas. Le chef du mouvement, Ismaïl Haniyeh, s'est dit "prêt", lui, à l'escalade.
En coulisses, l'ONU, le Qatar et l'Egypte s'activent pour faciliter une médiation, le chef de la diplomatie égyptienne ayant contacté son homologue israélien pour tenter en vain de le convaincre de cesser les frappes.
Le Hamas avait lancé lundi une première salve de roquettes vers Israël en guise de "solidarité" avec les centaines de Palestiniens blessés dans des heurts avec la police israélienne sur l'esplanade des Mosquées. Si celle-ci semble avoir retrouvé son calme jeudi, de nombreuses villes en Israël ont, elles, été le théâtre "d'émeutes" nocturnes dans des villes judéo-arabes. Quelque 370 personnes ont été arrêtées, a indiqué la police peu après minuit.
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