Le nombre de jihadistes a presque doublé en Libye, pays en proie au chaos vers lequel les combattants islamistes se tournent de plus en plus à défaut de pouvoir gagner l'Irak ou la Syrie, où ils sont bombardés et leur nombre décroit.
Des responsables de l'administration américaine ont fait état jeudi d'une présence jihadiste radicale désormais "de l'ordre de 5.000 combattants" en Libye.
Les précédentes estimations des autorités américaines tablaient jusque-là sur environ 2.000 à 3.000 combattants extrémistes dans ce pays.
Mais le nombre de jihadistes est en revanche en baisse en Syrie et en Irak, où ils sont notamment la cible de nombreuses frappes aériennes de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
Les nouveaux chiffres avancés par des responsables américains ayant souhaité conserver l'anonymat estiment que le nombre de combattants de l'EI en Irak et Syrie se situe désormais dans une fourchette de "19.000 à 25.000", contre "20.000 à 30.000", voire "33.000" auparavant.
L'administration américaine a laissé filtrer ces chiffres à quelques jours d'une réunion des ministres de la Défense de la coalition contre les jihadistes à Bruxelles.
Vingt-six ministres des pays engagés militairement contre les jihadistes, et le gouvernement irakien, doivent faire le point sur la campagne militaire contre l'EI et chercher le moyen de l'intensifier.
Pour les responsables américains, les nouvelles estimations du renseignement sur les effectifs des jihadistes en Irak et en Syrie sont la marque du succès des efforts de la coalition.
Les jihadistes ont subi "des pertes significatives", s'est félicité le porte-parole de la Maison Blanche Josh Earnest, qui a estimé de son côté les effectifs jihadistes dans la région à "25.000", contre "31.500" auparavant.
"Le groupe Etat islamique a plus de difficultés qu'auparavant pour regarnir ses rangs", a-t-il souligné, en rappelant les efforts faits par la coalition pour tarir le flot de combattants étrangers vers la Syrie.
- Revenus du pétrole -
Mais les autorités américaines confirment également que la Libye est en train de devenir un nouveau pôle d'attraction pour les jihadistes.
"Il devient de plus en plus dur de se rendre en Syrie pour les combattants étrangers, et beaucoup d'entre eux se dirigent en conséquence vers la Libye", a souligné le responsable américain de la Défense.
Le groupe Etat islamique a réussi à prendre le contrôle de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, et ses environs, et la situation inquiète de plus en plus les responsables américains.
"Nous allons continuer à surveiller comment évolue la menace en Libye et nous continuerons à nous tenir prêts à agir", a ajouté le porte-parole de la Maison Blanche.
Les responsables américains "sont terrifiés" à l'idée que la progression de l'EI peut aller "très vite, très fort", a souligné Patrick Skinner, un ancien de la CIA devenu analyste.
"Une fois que le groupe Etat islamique s'est emparé de quelque chose, c'est vraiment difficile, coûteux en vies humaines et très cher de le reprendre", a-t-il souligné.
"La dernière chose que nous voulons dans le monde, c'est un faux califat ayant accès à des milliards de dollars de revenus en pétrole", a souligné mardi le secrétaire d'Etat américain John Kerry à l'issue d'une réunion de la coalition internationale à Rome.
Les Américains et leurs alliés ne veulent toutefois pas évoquer maintenant la possibilité d'une intervention militaire, préférant attendre le résultat des pourparlers en cours pour former un gouvernement d'union nationale.
Le conseil présidentiel libyen a entamé jeudi au Maroc des discussions visant à proposer à nouveau un tel gouvernement, dans le cadre d'un accord politique signé sous l'égide de l'ONU pour tenter de sortir le pays du chaos.
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