Les gardes-côtes cherchent à déterminer si la marée noire menaçant les plages californiennes a pu être provoquée par l'ancre d'un navire ayant percé un oléoduc, rapportent mardi des médias locaux.
Au total, 24 km de littoral entre Huntington Beach et Laguna Beach, célèbres plages du sud de Los Angeles connues autant pour leurs surfers que pour leurs dauphins, ont été fermées au public.
La pêche a également été interdite en raison de cette fuite signalée ce week-end sur un oléoduc passant à proximité, qui pourrait atteindre 500.000 litres de pétrole brut.
Des inspections sous-marines ont révélé qu'un important segment de l'oléoduc avait été déplacé et détecté une déchirure d'une trentaine de centimètres dans le tuyau.
"On a tiré sur l'oléoduc comme sur la corde d'un arc", a affirmé lors d'une conférence de presse Martyn Willsher, patron d'Amplify Energy, la société texane exploitant l'oléoduc et des plateformes pétrolières voisines.
Selon lui, quelque 1.200 mètres de tuyaux ont ainsi été déplacés, "jusqu'à une trentaine de mètres" au point de déformation le plus prononcé, là où l'origine de la fuite a été située.
Les installations d'Amplify Energy dans la zone sont à l'arrêt et les plongeurs ont pu constater que plus rien ne fuyait de l'oléoduc endommagé.
M. Willsher s'est refusé à spéculer sur la cause de ces dégâts ou à commenter la possibilité qu'il s'agisse de l'ancre d'un cargo.
"C'est un oléoduc d'acier de 40 cm (de diamètre) recouvert de 2,5 cm (d'épaisseur) de béton. Ce n'est pas tous les jours qu'il se déplace de trente mètres", a-t-il toutefois lancé aux journalistes.
Les ports de Los Angeles et de Long Beach comptent parmi les plus actifs du monde. Comme les autres infrastructures de ce type, ils sont confrontés à d'importants délais, encore renforcés par la crise sanitaire du Covid-19, et de nombreux cargos et porte-conteneurs sont contraints de patienter au large avant de pouvoir accoster.
Ces navires se voient attribuer des points d'ancrage à l'écart des oléoducs et autres équipements sous-marins.
- Impact à long terme -
Les secours ont mobilisé quatorze navires spécialisés qui s'affairent depuis dimanche à récupérer autant de pétrole que possible. Quelque 18.000 litres avaient été extraits de la mer mardi matin.
"Notre priorité numéro un reste la santé humaine et la protection de l'environnement et de la faune, ainsi que de trouver et récupérer le pétrole", a déclaré Rebecca Ore, capitaine des gardes-côtes californiens.
Elle a souligné que la quantité exacte de brut qui s'était échappée de l'installation n'était pas connue, mais ne pouvait pas dépasser les 500.000 litres.
Martyn Willsher, s'est engagé à "faire tout ce qui sera nécessaire" pour réparer l'impact de la marée noire, qui a pu être partiellement contenue par des barrages flottants déployés par les secours.
Au moins huit oiseaux marins englués dans du pétrole ont été recueillis, mais certaines réserves protégées le long du littoral ont été polluées et le bilan pourrait s'alourdir.
Selon les experts, il est encore trop tôt pour évaluer les dégâts, car les conséquences sur l'environnement ne se feront pas sentir avant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
La fuite à l'origine de la marée noire s'est produite à proximité de la plateforme Elly, construite en 1980 pour traiter le brut extrait de dizaines de puits voisins.
Au total, 23 plateformes pétrolières et gazières sont installées dans les eaux fédérales en Californie du Sud.
La catastrophe a relancé le débat sur la présence de ces plateformes pétrolières à seulement quelques kilomètres des côtes du sud de la Californie.
L'Etat de Californie et de nombreuses municipalités tentent de s'opposer par tous les moyens aux projets d'extraction pétrolière offshore depuis le traumatisme de la marée noire de Santa Barbara en 1969, avec ses plages mazoutées et les images quotidiennes de dauphins, loutres et pélicans morts englués dans un carcan de pétrole.
La Californie n'a plus concédé d'autorisation offshore depuis lors, mais sa juridiction s'arrête à environ 5 km des côtes, là où l'Etat fédéral prend le relais.
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