La Chine a franchi la "ligne médiane" et tiré des missiles balistiques qui ont survolé Taiwan. Pour les autorité taiwanaises, c'est "un acte hautement provocateur".
Des "avions et navires de guerre" chinois ont franchi la "ligne médiane" du détroit de Taïwan, qui sépare l'île de la Chine continentale, a affirmé vendredi le ministère taïwanais de la Défense, dénonçant des exercices militaires "hautement provocateurs" de la part de Pékin.
"A partir de 11 heures, de multiples groupes d'avions de guerre et de navires de guerre chinois ont effectué des exercices autour du détroit de Taïwan et ont franchi la ligne médiane du détroit", a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.
"Cet exercice militaire chinois, qu'il s'agisse du lancement de missiles balistiques ou du franchissement délibéré de la ligne médiane du détroit, est un acte hautement provocateur", a-t-il protesté.
Depuis jeudi, la Chine organise de gigantesques manœuvres, mobilisant aviation, marine et missiles balistiques, dans six secteurs maritimes tout autour de Taïwan en réponse à la visite sur l'île, cette semaine, de la présidente de la Chambre des représentants des Etats-Unis Nancy Pelosi.
Une ligne à ne pas dépasser ?
Frontière officieuse entre Taïwan et la Chine continentale, la ligne médiane était jadis tacitement respectée par les deux armées et il était rare que des avions ou navires militaires chinois la franchissent. Mais les incursions chinoises se sont multipliées depuis que Pékin a déclaré, en 2020, que cette frontière non-officielle n'existait plus.
La question du franchissement de la ligne est sensible car le détroit de Taïwan est étroit - de seulement 130 km par endroits - et les incursions augmentent le risque de confrontation armée accidentelle.
Ces dernières années, Pékin effectue néanmoins de plus en plus d'incursions, pour la plupart des vols d'avions de guerre dans le sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ) de Taïwan - une zone beaucoup plus vaste que l'espace aérien territorial de l'île.
Taipei a fait état d'un pic de 49 incursions aériennes chinoises dans son ADIZ mercredi et jeudi, dont 44 au-delà de la ligne médiane.
Tirs balistiques
La Chine a tiré jeudi des missiles qui auraient survolé Taïwan et seraient tombés pour la première fois dans la zone économique exclusive japonaise, au premier jour d'exercices militaires d'ampleur inédite autour de Taïwan.
Washington a accusé Pékin d'avoir "choisi de surréagir" à la visite de Nancy Pelosi à Taïwan et prévenu que son porte-avions USS Reagan continuerait à "surveiller" les environs de l'île, tout en annonçant avoir reporté un test de missile intercontinental pour éviter d'aggraver la crise.
Washington et Tokyo réagissent
"La Chine a choisi de surréagir et a utilisé la visite de la présidente de la Chambre des représentants comme prétexte afin d'accroître ses opérations militaires provocatrices dans et autour du détroit de Taîwan", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche pour les questions stratégiques John Kirby.
Le porte-avions USS Reagan "restera en opération sur zone afin de surveiller la situation", a-t-il dit, ajoutant : "Nous ne serons pas dissuadés d'opérer en mer et dans le ciel du Pacifique Ouest dans le respect du droit international, comme nous l'avons fait depuis des décennies, défendant Taïwan et un Indo-Pacifique libre et ouvert".
Les missiles tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, sont "un sérieux problème qui affecte notre sécurité nationale et celle de nos citoyens", a déclaré vendredi le Premier ministre nippon Fumio Kishida.
"Nous appelons à l'arrêt immédiat des exercices militaires" chinois qui ont commencé jeudi et doivent se poursuivre jusqu'à dimanche, a ajouté M. Kishida après une rencontre avec la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi.
Il a confirmé que Tokyo et Washington "continueraient à se coordonner étroitement pour maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan".
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