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La discrète présence des Etats-Unis à la COP 25, malgré le retrait de Trump

La discrète présence des Etats-Unis à la COP 25, malgré le retrait de Trump
Todd Stern, ancien émissaire climat du président Barack Obama, à une conférence climat de l'ONU à Lima le 8 décembre 2014EITAN ABRAMOVICH
 
 

Les Etats-Unis vont envoyer une délégation de diplomates à la 25e réunion climat de l'ONU qui commence lundi à Madrid, la COP 25, alors que Washington a initié son départ de l'accord de Paris, un retrait qui sera effectif en novembre 2020.

Pour comprendre la position américaine et les conséquences du retrait décidé par le président Donald Trump, l'AFP a interrogé l'homme qui dirigea l'équipe climat de Barack Obama de 2009 à 2016, et a participé à la négociation de l'accord de Paris en 2015, Todd Stern, aujourd'hui expert dans le grand centre de réflexion Brookings Institution à Washington. Voici son interview, condensée par souci de clarté.

QUESTION: Pourquoi les Etats-Unis continuent-ils à envoyer des délégations aux conférences COP?

TODD STERN: "Ils continuent à participer aux négociations techniques, de façon assez utile en réalité.

Ce sont des gens qui négocient depuis longtemps, qui ont noué des liens avec les négociateurs du reste de la planète, connaissent bien les dossiers et sont dignes de confiance".

QUESTION: Y a-t-il des positions américaines qui sont restées constantes dans les discussions climatiques internationales?

TODD STERN: "Les Etats-Unis, que ce soit sous Bush, sous Obama et même sous l'administration Trump, n'ont jamais accepté le principe d'une bifurcation à l'ancienne, comme l'accord de Kyoto l'avait instauré.

Nous n'allions jamais accepter qu'il existe des obligations juridiquement contraignantes pour les pays développés, mais rien pour les pays en développement. C'était Kyoto, et nous n'en voulions plus, que ce soit Bush ou Obama, et les négociateurs de l'administration Trump ont pu continuer à aller aux négociations en soutenant ce même genre de positions".

Q: L'accord de Paris pourra-t-il survivre si Donald Trump est réélu en 2020?

TODD STERN: "Il a été affaibli par l'absence des Etats-Unis au niveau politique. Et l'effet continuera en l'absence des Etats-Unis (...) Inévitablement, des pays n'en feront pas autant qu'ils le peuvent et se diront: pourquoi devrait-on en faire plus, si les Etats-Unis ne font rien?

Si Trump est réélu, cela continuera. La détresse internationale va croître exponentiellement.

Beaucoup de pays, pour le changement climatique, se disaient qu'il fallait patienter pendant l'absence des Etats-Unis au sommet, jusqu'en 2020, après quoi quelqu'un reviendra s'engager. Mais si Trump est réélu, et qu'il faut attendre la fin de 2024, beaucoup de pays seront très déçus".

Q: Y a-t-il le moindre espoir que les Etats-Unis tiennent leur objectif initial de réduction des émissions, fixé par Barack Obama, grâce aux actions décentralisées des Etats fédérés et des villes?

TODD STERN: "Les efforts réalisés au niveau régional ne peuvent absolument pas compenser l'inaction au niveau national. Ce serait extraordinaire, surprenant, et extrêmement improbable (...) Mais en même temps, grâce à ces efforts, nous serons beaucoup plus proches (de l'objectif) que si nous n'avions rien fait.

Vingt-cinq Etats américains essaient d'agir fortement. Si ces gouverneurs progressistes ne le faisaient pas, les émissions américaines, en tant qu'entité nationale, seraient plus élevées. Nous serions plus en retard".


 

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