La Russie a adopté la vaste révision constitutionnelle autorisant Vladimir Poutine à se maintenir au Kremlin jusqu'en 2036, un référendum dénoncé par l'opposition qui y voit une manoeuvre pour perpétuer sa mainmise sur le pays.
Annoncée à la surprise générale en janvier, menée tambour battant et rapidement adoptée par le Parlement, la réforme constitutionnelle voulue par Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 20 ans, a été validée avec près de 78% des suffrages par un scrutin organisé du 25 juin au 1er juillet. Un résultat contesté par l'opposition.
Le vote, prévu à l'origine pour avril, a été repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Pour éviter une trop forte affluence dans les bureaux de vote, il s'est déroulé sur une semaine et les électeurs devaient se munir de masques de protection et de gants.
Remise à zéro des compteurs présidentiels
Un des points clefs du texte, rajouté en mars alors qu'il n'avait jamais été évoqué, est la remise à zéro des compteurs présidentiels. En 2024, date de la fin de l'actuel mandat, Vladimir Poutine pourra donc à nouveau être candidat à deux sextennats qui le feraient théoriquement rester au Kremlin jusqu'en 2036, année de ses 84 ans.
La réforme introduit aussi dans la Constitution des amendements sociaux, comme l'indexation des retraites sur l'inflation, et des principes conservateurs chers au président tels que la foi en Dieu ou le mariage réservé aux hétérosexuels.
Un "énorme mensonge"
Le doute n'a jamais pesé quant à l'issue du scrutin : la réforme a été approuvée par le législateur en début d'année et le nouveau texte de la Constitution est déjà en vente dans les librairies. L'opposant Alexeï Navalny a qualifié ce vote d'"énorme mensonge", appelant ses partisans à se mobiliser pour les prochaines élections régionales en septembre.
Vladimir Poutine avait, pour sa part, demandé mardi aux Russes de garantir "la stabilité, la sécurité et la prospérité" de la Russie, qu'il se targue d'avoir sortie du chaos post-soviétique.
Le vote est intervenu sur fond de baisse de la popularité de Poutine à cause d'une réforme des retraites décriée et de la crise du Covid-19. De mai 2018 à juin 2020, le taux d'approbation de sa politique mesuré par l'institut indépendant Levada est descendu de 79% à 60%. Selon les critiques du Kremlin, le pouvoir a multiplié les ruses pour s'assurer un succès retentissant et une participation électorale forte au scrutin.
Des pressions sur les fonctionnaires et les salariés
L'aspect le plus insolite aura été l'installation de lieux de vote de fortune en extérieur, dans les cours ou sur des terrains de jeux, sans grand respect du secret du vote ni surveillance adéquate des urnes. Le but de la manoeuvre, d'après l'opposition, n'était pas de protéger l'électorat du nouveau coronavirus mais de se fabriquer un résultat sur-mesure.
L'ONG Golos, spécialisée dans l'observation des élections et honnie des autorités, a en outre dénoncé des pressions hiérarchiques sur les fonctionnaires et les salariés pour qu'ils aillent voter. La commission électorale russe n'a constaté pour sa part "aucune infraction sérieuse" pendant le scrutin.
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